#01 - A quoi tu veux jouer ? | Andy

Briony ne fréquentait (enfin, fréquentait était un bien grand mot pour le genre de relation qu'avait les deux étudiants. Le bon terme serait croisait plutôt.) Andy que depuis une année, depuis qu'elle avait fait son transfert depuis Yale et ce qui l'étonnait toujours, c'était sa personnalité. D'après plusieurs personnes qui le fréquentaient, cette fois le terme était exact, le jeune homme de près, il pouvait être quelqu'un d'agréable, de gentil, de doux. Enfin, plusieurs personnes... tout est relatif, n'est-ce pas ? Ayant quelques affinités avec Apple, Briony avait dû un jour évoquer le sujet ou quelque chose comme ça. Il n'empêche que quand elle avait appris ça, l'étudiante n'avait pu se dire qu'une chose : what the fuck ? Etait-ce bien le mec qui lui chercher des crasses toujours, pour la simple et bonne raison qu'elle aimait les femmes autant que les hommes et qu'elle l'assumait ? On ne dirait pas. De toute façon, Briony s'était faite une raison : Le gentil Andy ne sera jamais pour elle. Et tant mieux. L'Andy sarcastique lui aurait trop manqué. « Profite pas trop des bonnes choses Silver, fais-moi plaisir et reste à une distance raisonnable si tu ne veux pas craindre que je te vomisse dessus tellement tu m'écoeures. » Mais quelle sympathie encore et toujours, c'était la politesse incarnée. Andy avait toujours eu une répartie bien à lui, toujours accueillante, qui donnait envie de discuter et ce n'était pas prêt de changer. "Je t'écoeures peut-être mais tu reviens toujours à la charge alors que tu pourrais m'ignorer. En fait, je t'intrigue..." Briony garda son sérieux, ne quittant pas du regard Andy, alors qu'elle n'avait qu'une seule envie : rigoler. C'était tellement crétin ce qu'elle disait. Si Andy voulait vraiment la mettre hors-service, il le ferait en moins de dix minutes. Et Briony voulait à tout prix éviter ça et essayer de ne jamais dépasser les limites qui pourraient vraiment énerver Andy. Même si ça la démangeait.

« Cela dit, c'était vraiment dur à jouer mais la tronche que tu ferais si je réussissais m'a quelque peu motivé. Après si tu as de la chance, peut-être que ton amie rêve de faire un élevage de morpions. Oh, une dernière chose... » Ouaip, bah c'était mal barré. Vu la tête qu'April aka Harper avait tiré, Briony allait sûrement jamais la revoir. C'était dommage, elle avait l'air sympa et elle aurait vraiment pu faire son coming out. La jeune femme n'eut le temps de rien dire que déjà Andy reprenait la parole, un air dans les yeux qui était loin de plaire à Briony. « Cours petite Quincy, je viens de polluer ta nature. » Qué ? Qu'est-ce qu'il venait de dire ? Il se moquait ouvertement des Quincy ou bien c'était elle ? Briony ne bougea pas d'un pouce, fixant d'un regard froid Andy, ne tournant la tête qu'une fois pour voir où il avait balancé le tube. "Juste pour revenir sur la fille que tu viens de faire fuir... je crois que plus jamais je ne la verrai et donc si tu pouvais, à l'avenir, éviter de te préoccuper de mes affaires personnels, tu serais adorable." Briony se rapprocha ensuite d'Andy, restant à une distance, dite honorable, pouvant néanmoins toucher son torse avec son doigt. "Nan mais tu crois quoi ? Que j'allais accourir vers le tube de ta crème parce que j'fais partie des Quincy ? Sérieusement ? Attaque pas cette maison alors que tu es loin d'en connaître les valeurs, okay ? Ils sont loin d'être cons, naïfs, comme certains des Eliots peuvent le penser. Je suis claire ?" Wow. Jamais Briony aurait cru défendre sa maison comme ça. Enfin ancienne maison vu qu'elle allait surement en rejoindre une autre à la prochaine rentrée. Un sourire aux lèvres, la jeune femme reprit la parole. "Et pour ta gouverne, je ne suis pu vraiment une Quincy. Devine où je vais."

Que Briony protège ainsi son ancienne maison la surprenait elle-même. Cela devait même être elle qui devait être la plus étonnée entre les deux étudiants, de toute façon, Andy s'en contre fichait de ce qu'elle disait donc.. Jamais la jeune femme aurait cru qu'elle aurait un aussi grand sentiment de loyauté envers ces gens qui l'avaient accueillis à bras ouverts alors qu'elle était complétement perdue dans Harvard après son transfert depuis Yale. Il faudrait qu'à l'occasion, à la rentrée, elle aille leur faire un petit coucou ou quelque chose comme ça, juste pour les remercier. Rien qu'en pensant cela, Briony se sentit débile. Elle avait pas l'habitude d'avoir des pensées comme ça... aussi gentille envers plusieurs personnes. Ca lui faisait bizarre. A croire que la Quincy l'avait bien changé malgré elle. « Ah, c'est que tu me ferais presque peur... C'est quoi ton secret ? » Et il se foutait de sa gueule. Encore. Merveilleux. En fait, ça servait strictement de parler avec Andy, il tournait toujours la situation à son avantage, pas moyen d'avoir une discussion avec lui. Mais bon, dès qu'elle parlait avec lui, même si "parler" était un bien grand mot pour ce qu'ils faisaient en réalité, Briony était tout de suite de meilleure humeur. C'est très con ce qu'elle venait de penser là. Chercher des poux à l'Eliott lui faisait plaisir et qu'Andy fasse la même chose la faisait vraiment rire. Ca les occupait donc.. "Tout est dans le regard ! Si tu le loupes... tout est foutu." Briony laissait tomber toute discussion sérieuse avec Andy. Ca ne servait à rien du tout. Pour lui, les Quincy resteraient des moins que rien, des naïfs prêts à aller au bout du monde pour sauver des gens, à faire des quêtes pour avoir un peu d'argent. Certes, y en avaient quelques uns comme ça. Mais ce ne sont que des extrêmes. La plupart étaient sympas envers les autres étudiants d'Harvard, les aidaient en cas de besoin, donner un peu d'argent pour des associations mais c'est tout.

Quand Briony parla de son probable transfert de maison, l'étudiant se mit tout simplement à rire, à se moquer encore plus d'elle. « Tu vas passer de maison sans intérêt à maison nulle à chier... Je te félicite pour ta régression, ça c'est de la belle évolution digne de Briony Silver. » wtf ? Une maison sans intérêt ? Une maison nulle à chier ? Eliot à la noix qui croit qu'il est supérieur à tout. "Tsst, tsst, je me permets de te rectifier, veux-tu ? Je vais passer d'une maison au coeur sur la main à une maison qui me ressemble beaucoup plus et qui a des principes qui me correspondent, comme faire chier les Eliots." Andy écarta brusquement le doigt que l'étudiante avait pu mettre sur son torse avant de répondre à nouveau, un sourire jusqu'aux oreilles. Bon, apparemment il était content de ce qu'il allait sortir, ça allait faire mal. « Tu me ferais presque de la peine, tu sais. Tu crois que tu m'intrigues ? Mais Briony, je ne fais que me moquer de moi parce que tu es drôle, t'as touché le fond et tu trouves encore le moyen de creuser pour aller toujours plus bas. Tu n'as rien d'intrigant, t'es même fade, comme fille. » Un sourire apparut sur les lèvres de Briony, ayant remarqué une phrase que venait de dire l'Eliot. "T'as dit que j'étais une fille ! Commencerais-tu à enfin comprendre que j'suis pas une bête avec des instincts primitifs ou bien ta langue à fourcher ?" Briony ne cessa de fixer Andy attendant ce qu'il allait dire puis recula de quelques mètres pour aller récupérer le pot de crème. Le tenant dans les mains, elle se rapprocha de nouveau du jeune homme. "Y a que les imbéciles qui changent pas d'avis, j'suis sûre qu'un jour, tu militeras pour la cause homosexuelle !"

« Tu parles. C'est la maison de la naïveté par excellence. Et tu sais quoi ? T'es ni une Quincy, ni une Mather, tout comme ta -certainement- copine Marloes qui l'a fait avant toi. Quand on appartient vraiment à une confrérie, on la quitte pas. Et s'ils t'en veulent pas de partir pour la Mather House, alors ça ne fera que prouver leur naïveté. » Elle était une bâtarde. C'est ça l'image qu'Andy lui renvoyait indirectement. Une bâtarde qui était entre deux maisons, qui n'appartenait à rien. Et pourtant, c'était faux. Marloes, tout comme elle, avait évolue, avait vu ses centres d’intérêt changer, à devenir plus égoïste, penser moins aux autres. "Si ils m'en veulent pas de partir, ça veut surtout dire qu'ils tiennent assez à moi pour vouloir mon bien-être." Ouuuuh, la phrase de folie, bien stéréo type des films à l'eau de rose qu'elle venait de sortir. Andy allait sûrement la remballer directement, c'est pour ça qu'elle repartir chercher le tube de crème, ce qui était à l'origine de tout. Il était allé dépenser son argent exprès pour cela, l'avait cherché dans les bois uniquement pour la faire chier. Si c'est pas du harcèlement ça, Briony savait pas ce que c'était.

En tout cas, dès qu'elle revint face à lui, l'Eliot de base ricana et se moqua d'elle. Rien que pour le principe des mathers qui était de rendre la vie moins facile à ses fils de riches, Briony était impatiente d'être à la rentrée et d'intégrer sa nouvelle confrérie. « Oh t'es allée récupérer ton tube, c'est mignon tu penses aux arbres. Et bien sûr que tu es une fille. Une fille qui agit comme un animal cependant, y a que les animaux qui baisent sans se soucier du sexe, ma langue n'a pas fourchée, je pense surtout que tu n'entends que ce que tu as envie d'entendre. Pour ta cause homosexuelle, si un jour ça devait arriver je t'autoriserais à me couper la queue, parce que ce jour-là je n'aurais plus rien d'un homme. Je préfère être un imbécile qu'un mec sans principes ni valeurs. » Mais quel connard enfermé dans des principes du siècle dernier. Briony ne le montrait pas, et certainement pas à lui, mais l'entendre dire toutes ces choses la blessait. La cause homosexuelle évoluait au fil des jours, merci Lady Gaga d'aider à l'amélioration, mais entendre encore ce genre de choses.. ce n'était pas forcément agréable. La future mather ne dit aucun mot, se contentant de toiser Andy quelques secondes puis poussa le tube de crème contre son torse pour lui rendre. "Je retiens." lui dit-elle avant de se retourner et partir.

Ce n'est que lorsqu'elle fut entièrement de dos, sur le chemin du retour, que Briony commença à sourire. Andy ne l'avait pas vu mais lorsqu'elle était allée récupérer son bien par terre, la jeune femme avait entrouvert le haut du tube et le fait d'avoir poussé ce dernier contre son torse avait fait sortir de la crème sur le t-shirt du jeune homme. Petit comme vengeance, mais savoir qu'il allait devoir enlever cette matière visqueuse de son vêtement avec ses doigts, faisait rire d'avance Briony. Quand ils se reverront, la guerre sera encore plus déclarée.