#15 - We can be stronger than everything. ❖ Briandy (+ Avery et Elliott)

J'avais besoin de revoir Andy. Rapidement. Parce que j'sentais qu'entre nous.. c'tait tendu. Pas forcément à cause de ce qui s'était passé au mariage, où il avait joué avec mon coeur (j'parle d'arrêts cardiaques là hein huhu) mais plutôt par rapport à notre avenir. Il m'avait fait peur ce soir là, j'avais cru ne plus jamais le revoir.. et c'bien connu. C'est dans la souffrance qu'on s'rend compte de l'importance des gens qu'on aime, right ? J'aimais tellement fort Andy que j'en avais mal. Vous avez déjà connu ça ? Ce genre d'amour passionnel ? J'sais pas si on peut dire que j'ai d'la chance de vivre ça. Car la séparation ne sera que plus dure. Elle semble inévitable avec la rentrée et les histoires de confréries qui vont reprendre. Pourtant.. chuis sûre qu'on est plus forts que tout ça. On a traversé bien des choses, c'pas des maisons qui vont nous séparer hein.. ? Dites moi que oui.. Dans tous les cas, j'avais invité Andy à venir dans mon nouveau chez moi, pour combler le vide dans mon coeur qu'avait causé son absence. J'avais pris un appart avec Feldt -enfin, son tuteur nous a payé cet appart- dans Inman Square et j'voulais absolument l'montrer à l'Eliot. Car c'est ptete ici qu'on s'verra le plus, en espérant que ma meilleure amie accepte sa présence. Restait pu qu'à attendre qu'il vienne toquer. Perso, j'étais prête, j'avais hâte, j'en pouvais pu t'attendre. Andy, i love u but.. hurry up.

J'étais perdu ces derniers temps. Mais pas dans le même sens que ça avait pu être le cas les mois précédents... Non. J'voulais me secouer, reprendre ma vie en main, éjecter tout ce qui me faisait du mal pour ne garder que l'essentiel, emmerder les jugements des autres et montrer au monde qu'Andy McDougall était toujours bien là. Devant le miroir et à peine sorti de la douche, je regardais mon nouveau tatouage sur mon épaule, pensivement, le frôlant du bout des doigts en réfléchissant, perdu dans mes pensées mais je ne tardai pas à en être tiré par la sonnerie de mon téléphone. La serviette autour de la taille, je traversai ma chambre pour aller le récupérer pour constater que c'était un sms de Briony qui me demandait de venir à son nouvel appart. Aw... On s'était pas revus depuis le jour du mariage. Je baissai les yeux à nouveau vers mon tatouage et lui répondis un bref "j'arrive" avant de retourner dans la salle de bain pour m'habiller. J'ignorais comment réagir étrangement, j'avais hâte, mais d'un autre côté je repensais malgré moi aux paroles d'Aaron. "Si en plus elle a pas quitté Hendrix..." alors que moi je n'étais plus avec Apple, j'l'avais poussée pour rompre. Et si on allait dans l'mur ? Fin prêt, habillé sobrement avec marcel et short, je ressortis de ma chambre puis de l'appartement en fourrant les clés dans ma poche, direction l'appartement de Briony à quelques pas d'ici. On était presque voisins désormais, c'était bizarre. Arrivé devant chez elle, je fixai un moment la porte avant de lever le bras et toquer. J'savais pas vraiment à quoi m'attendre.

Deux semaines sans l'voir. A force, j'aurai dû m'y habituer. Après tout, cet été on s'était vus deux ou trois fois, pas plus, à cause de ses voyages d'affaire. Mais nion, ca m'torturait toujours d'être loin de lui, d'pas être dans ses bras. C'était pas forcément de la jalousie ou bien de la possessivité. Non. C'tait un besoin. J'suis dépendante de lui. Il m'avait écrit dans un mot qu'il voulait devenir ma drogue.. bah c'est réussi, faut m'croire. Fallait qu'on parle tous les deux. Vraiment. Par rapport à notre avenir et j'tenais pas à avoir cette discussion quand les problèmes seront bien autour de nous. La présidence Eliot va rapidement s'jouer et les disputes s'enchaîneront forcément par la suite. Autant éviter ça et tuer l'soucis dans l'oeuf quoi. Est-ce qu'il croyait en nous ? J'lui en voulais pas d'vouloir être président, après tout j'restais bien mather vous m'direz. C'est pas à moi de l'enchaîner. Mais on était au courant tous les deux que la situation de nos confréries respectives allait occasionner forcément des frictions. C'est de ça que j'avais peur. Est-ce qu'on allait être assez forts ? Est-ce qu'il voulait nous préserver surtout ? Quand j'entendis -enfin- toquer à la porte, mon coeur s'accéléra jusqu'à trouver le rythme normal qu'il avait quand j'étais en la présence d'Andy, c't'à dire bien plus rapidement que dans ma vie quotidienne. Lorsque j'lui ouvris et que j'le vis, toujours aussi craquant, un sourire se dessina sur mes lèvres aussitôt. Sérieux, si on s'retrouvait dans la situation où on est à nouveau que des ennemis, suite à une nouvelle rupture, j'sais pas du tout comment j'pourrais réagir en sa présence. Bonjour.. Il avait été là plutôt rapidement et ça m'faisait bizarre. On était quasi voisins maintenant. Est-ce qu'on allait en profiter ou pas ? J'en sais rien. J'me demande si Feldt aurait un problème par rapport à Andy, qu'il squatte ici ahem. Parce qu'il est hors de question que j'aille chez Anya et Kenny. J'tiens à ma vie. Je pris la main de l'Eliot pour l'attirer doucement dans l'appart. Feldt n'est pas là. Donc on allait vraiment pouvoir parler, sans être dérangés. Bienvenue chez moi. lui dis-je en souriant avant de montrer la salle principale par un ample mouvement du bas, comme pour présenter, avant de rire. T'as vu, ça rend bien ? Et bim, c't'un repaire de Mathers mais pourtant c'classe. J'attirai Andy près d'moi pour déposer un baiser furtif sur ses lèvres avant de l'entraîner avec moi vers un canapé où on pouvait s’asseoir. Comment tu vas ? C't'une question sincère Andy, pas juste de politesse.

Les battements de mon coeur accélérait quand j'entendis du mouvement dans l'appartement, détournant les yeux de la porte pour regarder autour de moi. Y avait pas un chat dans l'immeuble. No stress, elle voulait juste me montrer son nouveau chez elle. C'était pas un mal d'ailleurs qu'elle ait pris un appartement, elle y serait toujours mieux qu'à la mather house. La porte s'ouvrit et je reportai mon attention sur elle, mon cœur loupant un battement comme à chaque fois que je la voyais. Hello... Elle me prit la main et me fit entrer dans l'appartement alors que de ma main libre je refermai la porte d'entrée derrière moi. Feldt est pas là et d'un côté, tant mieux... on était mieux seuls tous les deux. Je balayai le salon du regard quand elle me le montra, esquissant un sourire en serrant doucement sa main dans la mienne. Tu vas être bien ici. M'avançant un peu dans la pièce pour être bien dans l'ambiance du salon, je me tournai ensuite vers Briony en la sentant me tirer doucement pour me voler un furtif baiser qui me fit sourire. Elle m'avait drôlement manqué, mine de rien. Je la suivis sur le canapé, m'y étalant sans gêne et jouant avec les doigts de Briony en entendant sa question, restant un moment silencieux. J'saurais pas trop te dire... Caressant doucement sa main et ses doigts avec les miens, pensivement, je reportai mon attention sur l'intérieur de mon poignet pour y voir un de mes deux nouveaux tatouages, la phrase en hawaïen. J'me sens mieux, je pense. Mais j'ai vraiment envie de passer ma vie au karcher.

J'étais pu la même Briony en la présence d'Andy, j'saurais pas vraiment vous expliquer ce qui changeait en moi. Disons que j'étais.. je me sentais mieux, entière, amoureuse. Ca faisait que quelques secondes que j'avais le jeune homme près d'moi et j'avais déjà des papillons dans l'ventre. On avait traversé tellement d'choses touts les deux, mes sentiments n'avaient fait que de se renforcer avec le temps. Omg. Tu vas être bien ici. Oh oui, c'est vrai. Il avait tout à fait raison. On était bien ici, ce n'était pas du tout la même ambiance qu'à la mather house et passer du temps avec ma meilleure amie allait m'faire le plus grand bien. Souffler un coup, lâcher la pression, profiter un peu de ma jeunesse sans pour autant me la bousiller. On s'installa tous les deux sur le canapé, nos mains toujours jointes. Pour rien au monde, je ne voulais cesser ce contact. J'saurais pas trop te dire... Il avait mis du temps à répondre, il était pensif. Mais beaucoup moins inquiétant que la dernière fois, où mon coeur avait failli lâcher pour lui, en ayant peur pour sa vie. J'dirais pas qu'il a l'air d'aller mieux.. mais ptete que le deuil commence ? J'en sais rien du tout.. Je me mordis la lèvre, baissant mon regard vers nos doigts entremêlés, remarquant ensuite son nouveau tatouage. Pardon ? Andy ? Qui fait ça ? Je fronçais légèrement des sourcils. Il m'avait pas dit qu'il était contre ce genre de choses, que l'autre était synonyme de conneries d'adolescent en rébellion. J'me sens mieux, je pense. Mais j'ai vraiment envie de passer ma vie au karcher. Au karcher ? Il pense à toi là ? Tout ce qu'il a pu faire jusqu'à présent ? Recommencer tout à zéro ? Enfin abandonner la pression familiale et être un vrai jeune adulte ? J'en sais rien. Je resserrai la main d'Andy dans la mienne, relevant le regard vers lui. C'est à dire ?

Comme une envie de passer ma vie au karcher... ouep. Y avait tellement de choses qui avaient changé dans mon existence dernièrement que j'étais fatigué de courir après n'importe qui et n'importe quoi. J'avais juste envie de dire "Qui m'aime me suive !" et puis qui vivra verra. Arrêter de me poser toujours un milliard de questions, arrêter de trop réfléchir et penser, ça me bouffer et me rendait plus insomniaque que je ne l'étais déjà. J'avais passé une année pourrie, j'avais fait pas mal d'erreurs et ma dépression ne m'avait certainement pas facilité la tâche. Mais je voulais revenir sur le devant de la scène, en pleine forme, abandonner ce qui m'épuisait inutilement et garder l'essentiel. Est-ce que Briony était dans cet essentiel ? J'avalai difficilement ma salive en sentant son regard posé sur moi. Arrêter de me prendre la tête pour des gens qui n'en valent pas la peine. J'ai pas suffisamment profité de Keanu pendant qu'il était encore là parce que j'étais trop occupé à pester sur ceux qui me faisaient chier, trop occupé à m'rendre responsable de tous les malheurs du monde. Qu'est-ce que j'avais pu en bouffer des reproches, cette année-là. Mais j'me retrouvais davantage maintenant que j'avais remis les pieds sur terre. J'les emmerde. J'vais juste recommencer à penser à ma gueule avant de penser à celle des autres. Je relevai à mon tour les yeux vers Briony en me mordant les lèvres, la dévisageant un moment, appuyé contre les coussins du canapé. J'arrive pas à savoir c'qu'on est, tous les deux, concrètement.

Andy m'avait déjà parlé de ses dépressions, de ses traitements. J'avais vu en direct ses envies suicidaires, par deux fois, et ma question était du coup super importante. Il m'répondait honnêtement et ça m'faisait plaisir qu'il m'fasse confiance en quelques sortes. J'voulais pas le laisser tomber. Pas maintenant. Jamais. Mais est-ce qu'on y arriverait ? Y a une différence entre vouloir et pouvoir. Arrêter de me prendre la tête pour des gens qui n'en valent pas la peine. J'ai pas suffisamment profité de Keanu pendant qu'il était encore là parce que j'étais trop occupé à pester sur ceux qui me faisaient chier, trop occupé à m'rendre responsable de tous les malheurs du monde. Hm, passer le karcher de cette manière. Pourquoi pas après tout, le temps qui retombe pas dans la spirale infernale des traitements psychiatriques sans fin, le temps qu'il aille mieux surtout. Faut pas qu'il culpabilise de ne pas avir passé assez de temps avec son meilleur ami, sinon.. il allait le regretter éternellement, en se remuant sans cesse les neurones là dessus. M'enfin, il avait l'air d'avoir la niac de redevenir un eliot vraiment égoïste donc bon. Est-ce que j'aurai de la place dans son présent ? J'en sais rien. Est-ce qu'il enlevait Apple de sa vie ? J'arrive pas à savoir c'qu'on est, tous les deux, concrètement. Nos regardes se croisèrent pour la première fois depuis qu'on était assis sur le canapé. Ce qu'on était ? J'en sais rien non plus. J'l'avais présenté comme mon petit ami à un occasion, j'avais tout risqué pour lui, perdu beaucoup d'choses également et mes sentiments n'arrêtaient pas d'évoluer. Montres à tout l'monde qui est Andy McDougall. lui répondis-je tout d'abord, un sourire en coin, avant d'finalement baisser le regard, d'un coup plus pensive. Ce qu'on est ? J'en sais rien du tout.. J'espère en tout cas que j'fais pas partie de la catégorie des personnes avec qui tu t'es pris la tête et qui sont inutiles. Ptete y a un an mais pas forcément maintenant.

Montrer à tout le monde qui est Andy McDougall... J'eus un léger sourire à ses paroles, pensif. J'allais être Andy McDougall sans Esteban Bridgestone maintenant... c'était de loin mon principal regret. On était arrivé à Harvard en même temps, on s'était fait notre réputation en même temps. Et j'allais devoir continuer sans lui... c'était vraiment bizarre et je peinais encore à y croire pour tout avouer, c'était difficile à accepter et Anya misérait au moins autant que moi, pour le temps qu'elle passait sur son violon à se scier les doigts en souvenir de Ken qui aimait l'écouter jouer. Ils vont souffrir, répondis-je dans un léger rire. Tous. Est-ce que ça allait nous éloigner, Bri et moi... ? Sans doute, oui... Parce que si c'était nécessaire, ses proches prendraient aussi dans la poire. Je repensais à sa réponse sur ce qu'on était, et elle n'avait pas franchement l'air d'être plus avancée que moi... On était deux personnes qui s'aiment et ont fait des sacrifices l'une pour l'autre, mais restent cacher. L'un s'est séparé de sa femme, l'autre est encore avec son mec cocufié. Aaron me soutenait personnellement, mais pas forcément ma relation avec Briony... Je n'arrivais pas à savoir si il avait raison ou pas. Je détournai les yeux et secouai négativement la tête avec un sourire. Non, t'as dépassé ce stade je pense. Je soupirai et me passai une main dans les cheveux. Et... T'as conscience qu'on va dans l'mur ? Qu'on a perdu Hendrix et Apple pour une relation éphémère ? Mmh... Oui, ptêtre bien que je voyais les choses sous cet angle désormais. Enfin, Hendrix était peut-être pas aussi perdu qu'on pouvait le croire.

Vous savez, j'en étais à un stade où j'souhaitais qu'Andy redevienne le vrai caïd d'Harvard,  uniquement pour qu'il puisse oublier un peu la mort récente de son meilleur ami ? Ils vont souffrir. Et j'me faisais pas du tout d'illusions sur l'identité de ses futures victimes, croyez moi. Ptete qu'il allait attaquer des Dunsters, des Quincys, voire même des Lowells pour passer le temps.. mais c'était clair et net que les Mathers vont en pâtir en priorité. Mes proches. Ma famille. Moi. Parce qu'officiellement, on se hait. Est-ce que pour préserver les apparences, il allait me chercher en public ? Bonne question. Quelle serait ma réaction face à ça ? J'devrais rentrer dans mon rôle d'ancienne présidente mather, j'suppose. Non, t'as dépassé ce stade je pense. Ce n'était que quelques mots dits avec un sourire en coin mais ils me rassurèrent un peu. J'étais pas "personne" pour lui. Et... T'as conscience qu'on va dans l'mur ? Mon coeur cessa de battre à l'entente de ses mots. Ca c'est cash. Boum. J't'interdis de dire ça. lui lançais-je avant de planter mon regard dans le sien, gardant le silence un instant. T'as pas l'droit de dire qu'on va droit dans l'mur après tout ce qui s'est passé. T'as pas l'droit le dire au nom des sacrifices qu'il y a eu, de tout ce qu'on a perdu. Comme nos couples. Oui, le sien était vraiment détruit. Mais le mien l'était tout autant crois-moi. On avait pu rien d'un couple, c'est juste de la figuration.

J'crois que j'venais de l'assommer avec une massue en l'espace de sept petits misérables mots. Elle avait réagit immédiatement, avait répondu rapidement qu'elle m'interdisait de dire ça. Mmh. Elle pouvait ne pas l'vouloir, me l'interdire allait être un peu plus compliqué. Je relevai les yeux vers elle et soutins son regard sans trop savoir sur quel pied danser maintenant que j'avais lâché la bombe. C'vrai, on avait perdu beaucoup. J'avais failli perdre Anya, j'avais perdu Apple, ma relation avec Ken s'était terminé sur un éloignement parce qu'il n'approuvait pas, j'm'étais fait engueuler par Dexter et j'en passe... On a sacrifié beaucoup c'est vrai... Mais c'est pas dit qu'ça marche pour autant. On a aucune garantie. J'suis ptêtre même tout simplement pas fait pour être en couple ? La fidélité m'va mal, comme disait Aaron. Parce que ouais... La notion de couple était celle qui se rapprochait le plus de ma relation avec Briony à bien y réfléchir. Te méprend pas, c'est pas c'que j'veux... Je me mordis la lèvre, balayant le salon du regard en cherchant mes mots avant de reporter une nouvelle fois mon attention sur Briony en caressant de nouveau sa main dans la mienne. J'ai juste beaucoup d'mal à imaginer un happy ending, pour être honnête. C'vrai, on avait rien en commun. On avait sacrifié beaucoup, beaucoup souffert mais si tant est qu'il y ait une chance pour que nos chemins se séparent pas, on n'en avait pas fini de suer comme des bœufs tous les deux. C'était beau et horrible à la fois.

Au final, au bout de quelques minutes seulement on était déjà dans le vif du sujet. Celui que j'voulais aborder, que lui aussi finalement. Parce qu'il en avait parlé de lui même. Bon, ça montrait déjà que ça le préoccupait, qu'il y pensait.. Essayons de trouver du positif là où y en a quoi. On a sacrifié beaucoup c'est vrai... On s'était dit qu'on était prêts à s'damner, on savait d'entrée de jeu que notre histoire serait suicidaire, qu'on allait tout perdre. Sauf qu'on pensait -enfin je- que ça finirait pas comme ça. Que ça aurait pris de telles proportions, que j'allais tomber amoureuse de lui, de sa personnalité, alors qu'on était totalement à l'opposé. Ca nous a totalement dépassé. Te méprend pas, c'est pas c'que j'veux... J'pouvais même pu affronter son regard, c'pas possible. On peut pas avoir une deuxième rupture, c'pas possible, j'le supporterais tout simplement pas. J'ai juste beaucoup d'mal à imaginer un happy ending, pour être honnête. Mon coeur me faisait mal dans ma poitrine. Moi aussi Andy, moi aussi.. j'arrive pas à visualiser le happy ending, nous deux, heureux, acceptés par tout le monde. Y a toujours des trucs qui viennent m'faire souffrir. Hendrix. Apple. Ses meilleurs amis. Les miens. Les Mathers, les Eliots. Tout ça contre nous. Putain, on est censés faire quoi alors ? Abandonner ? Se séparer pour mieux aller ? Haha, c'te blague. J'gardais le silence un instant, pensant que le temps ferait que le noeud dans mon ventre se dénoue. Peine perdue. If our love is tragedy, why are you my remedy? Je m'étais étonnée moi-même à chantonner cet air, doucement, comme si c'était la réponse à mes questions. Je levais le regard vers Andy, reprenant en chantant, avec plus de conviction cette fois-ci. En évitant les mauvaises notes. If our love's insanity, why are you my clarity? Tout était résumé dans ces quelques paroles. Il était ma lumière en ce moment.. bien plus lumineux qu'Hendrix..

Ca m'semblait juste irréel. Finalement pour qu'on puisse vivre heureux Briony et moi, faudrait probablement rien dire. Vivre heureux c'est vivre caché, quelque chose comme ça m'voyez ? Le problème avec ça, c'était qu'on était pas des gens lambdas, discrets et sur lesquels on se retourne pas dans les couloirs. Et toute manière, j'avais pas envie d'être quelqu'un comme ça. Alors pour la discrétion on repassera n'est-ce pas ? C'était compliqué... un peu trop peut-être. Notre relation me plaisait comme elle l'était, mais sur la durée ? Ça continuerait de marcher ? J'en doutais franchement, surtout avec la rentrée qui approchait, avec ma candidature à la présidence Eliot. J'entendis alors Briony chantonner Zedd, un léger sourire se dessinant sur mes lèvres en l'écoutant. C'est vrai, c'te chanson nous représentait bien... Un amour qu'avait rien de saint, deux êtres qu'étaient pas faits pour être ensemble et pourtant... Pourtant, on savait tout les deux que s'il devait y avoir séparation, on serait à ramasser à la cuillère. Je l'écoutai en silence et finis par me redresser, prenant sa deuxième main dans celle que j'avais de libre et l'attirai vers moi pour l'enlacer. C'est vrai, Clarity nous représente bien. J'enfouis mon visage dans son cou en la serrant contre moi, essayant de chasser les pensées de ma tête. Surtout Hendrix. J'voulais lui demander pourquoi elle continuait à faire semblant, mais je ne voulais pas la même réponse que la fois précédente. Et à coup sûr, ce serait la même. Puis j'étais l'amant, moi.. celui qui devait laisser sa place à Hendrix, pas la lui prendre. J'sais pas si j'suis tant un remède que ça pour toi... dis-je en me redressant doucement, lâchant l'une de ses mains pour caresser sa joue. Elle avait fait des overdoses après tout, j'avais pas su empêcher ça. Tu penses vraiment que ça vaut le coup ? Et si on s'fait encore plus de mal en attendant que notre relation explose d'elle-même ? ... Est-ce qu'on finirait en mauvais termes ?

Ugh. J'chantais rarement. J'chantais que quand j'étais bourrée. Mais là, je l'avais fait intentionnellement, parce que Clarity était notre chanson, celle qui nous représentait, celle qui disait tout sur notre relation. Il était celui qui m'faisait avancer. Il était Eliot, j'devrais le détester, lui trouver tous les défauts que je haïs, mais non, c'est tout l'contraire. Andy prit ma deuxième main avant de finalement m'attirer contre lui. Je l'enlaça doucement, j'voulais pas le perdre. Oui, on était voués à rompre, mais on peut pas attendre un peu ? C'est vrai, Clarity nous représente bien. Mon coeur battait la chamade. Nos corps se retrouvaient enfin et ça m'faisait tellement du bien que j'en avais limite mal. J'sentais son odeur, j'passais ma main dans son dos, j'sentais son souffle dans mon cou. J'voulais être nulle part autre dans le monde. J'sais pas si j'suis tant un remède que ça pour toi... Je fronçais doucement les sourcils en l'entendant dire une telle aberration. C'est lui qui m'avait convaincu d'arrêter la drogue, c'pas rien. C'est encore pour lui que j'quittais la mather house à moitié, à défaut d'le faire complètement. C'était pour nous que j'faisais ça. Tu penses vraiment que ça vaut le coup ? Oui. C'était la première réponse que j'avais en tête. Bien sûr que ça vaut l'coup. Y a qu'avec lui que j'ressentais des trucs aussi puissants. J'comprends pas comment tu peux oser dire que t'es pas un remède pour moi. C'est pour toi que j'ai arrêté de consommer, que j'me suis calmée. J'ai grave déconné, okay, j'le conçois, mais sans toi ça aurait été pire.. T'as été là pour moi quand j'allais mal au Spring Break. Sans toi.. j'ose même pas imaginer dans quel état j'serais. J'baissais le regard vers les traces de mes scarifications un instant. Je me mordis la lèvre avant d'plonger mon regard dans celui bleuté d'Andy. Si ça vaut l'coup.. ? Bien sûr que ça vaut l'coup. Y a qu'avec toi que j'me sens entière.. J'me rapprocha d'Andy avant de l'embrasser doucement puis venir chuchoter à son oreille : Juste toi.. Je me recula un peu. J'savais pas comment dire ce que j'avais sur l'coeur. J'sais qu'avec Apple, c'est fini entre vous.. Et toi, t'as bien vu que j'étais encore avec Hendrix, parce qu'il le souhaitait.. mais tu sais.. Arg, chuis mal à l'aise. J'pense que j'vais arrêter tout avec lui.. Pour qu'il arrête de se faire du mal inutilement vu que c'est moi la seule fautive dans l'histoire. Et parce que ptete qu'avec Andy.. c'est plus fort ? J'en sais rien du tout.

J'voulais tellement qu'son bonheur. Moi qui voulais redevenir l'égoïste de première que j'étais, avec elle, j'avais un peu du mal. Son côté Quincy déteignait un peu sur moi, fais chier. J'arrivais pas à m'empêcher d'me sentir coupable pour ses overdoses, à m'dire que si j'étais pas intervenu dans sa vie... elle aurait pas souffert de me perdre, ni de perdre Hendrix, et ça serait jamais arrivé. Finalement en veillant sur elle, je ne faisais qu'arranger les problèmes que je causais. Je baissai à mon tour les yeux vers ses avant bras en l'entendant parler du spring break, puis les relevai vers son visage quand elle reprit la parole. Je sentais son souffle sur ma peau et mon coeur s'affola malgré moi en l'entendant me dire qu'elle se sentait entière avec moi... et qu'elle insistait sur le fait que ce n'était qu'avec moi. Je fermai les yeux en sentant ses lèvres sur les miennes, et voulus prolonger le moment mais elle finit par s'éloigner de nouveau pour me parler.. D'Apple, erf. Je me mordis instantanément les lèvres et sentis mon ventre se nouer, mais la suite de ses paroles me fit bien rapidement oublier ce malêtre. Quoi ? Je la dévisageai un moment. Elle pensait quitter Hendrix ? Au fond, ça m'faisait plaisir... au fond, c'était c'que j'voulais, oui. Mais on était d'accord sur le fait que notre relation n'tenait qu'à un fil. Elle allait quitter son mec alors qu'on ne se voyait pas d'avenir, tous les deux... ? T'es sûre de toi... ?

Andy, juste le temps d'un instant, essaies de voir notre avenir autrement. Ne sois pas pessimiste, n'essaies pas voir que les côtés négatifs des choses. Vis un peu à la façon mather, au jour le jour, carpe diem. Profites à fond et on verra ensuite les conséquences et les désastres que ça peut causer. On a ptete une relation éphémère, qui sait combien de temps elle va encore s'éterniser mais au moins.. on aura pas de regrets par la suite. Juste le temps d'un instant, dis moi que tu m'aimes, dis moi que tu veux rester avec moi, que chuis celle qui t'rends heureux, qui t'permets d'avoir une pause. Dis moi que tu crois en nous, s'il te plaît, que j'ai pas l'impression que tu veuilles rompre aujourd'hui alors que chuis prête à quitter Hendrix. Quoi ? Il avait très bien entendu, pas la peine de répeter. Oui Andy, j'pense vraiment mes paroles, j'dis pas ça sur un coup d'tête. Tu m'as prouvé tellement d'fois que tu tenais à moi, avec tes appels, tes sms, tes attentions, tes cadeaux. J'peux pas t'offrir un tour en hélico, ni une virée sur un paquebot qui coûte une blinde. J'suis juste capable de te confier mon coeur. Oui, ça va être dur. J'le sais. T'es Eliot, j'suis Mather. Fatal error. Mais on peut jouer à un double jeu ? Etre Briandy ensemble et un Briandy qui se hait. T'es sûre de toi... ? .. C'est pas facile à prendre comme décision, Hendrix compte énormément pour moi et comptera toujours beaucoup dans mon coeur. Mais j'arrive pu à nous voir en couple je sais pas.. un truc est mort et c'est de ma faute. Puis, en restant ensemble, j'le fais souffrir plus qu'autre chose. Un peu plus à chaque moment que j'passe avec toi.. Ugh.

Humpf. J'sais pas pourquoi, j'avais du mal à y croire, une partie de moi se disait que j'étais forcément bouché et que j'avais mal entendu ce que me disait Briony. Elle tenait tellement à Hendrix elle aussi que je peinais à l'imaginer rompre avec lui. Pour moi. Je me mordais les lèvres en repensant encore et encore à ce qu'elle venait de me dire, mais son regard restait rivé sur moi et sérieux, elle ne rigolait pas... Remarque, ça aurait été de mauvais goût de rire sur un tel sujet. Elle insista en reprenant la parole et doucement, je baissai les yeux vers ses lèvres. Juste elle et moi, finalement. Je sentis mon souffle se couper à cette pensée-là et franchis doucement l'espace qui nous séparait pour l'embrasser à nouveau, avoir enfin le vrai baiser dont j'avais envie depuis que j'avais franchi la porte d'entrée. Je l'embrassai longuement et finis par éloigner mon visage du sien, l'attirant délicatement vers moi et venant poser mes lèvres sur son épaule, fermer les yeux et je restai ainsi un moment, pensif, serré contre elle et le coeur battant, une main caressant ses hanches. Je t'aime. J'savais que je lui avais dit que par téléphone une fois, ou à l'écrit pour sa surprise de l'hôpital. Je le lui avais montré avec mes sacrifices, avec mes cadeaux... Mais elle ne m'avait encore jamais entendu le lui dire de vive voix, en face à face. C'était probablement le moment idéal pour le lui dire... Qu'elle sache que, même dans les moments difficiles et de doute, ça ne changeait pas.

On était à un moment important de notre relation, je le savais, il en était conscient également. J'me refusais de le perdre d'une manière aussi conne que la peur de l'inconnue ou même pour nos maisons. Non, on va pas droit dans l'mur, c'est faux. On avance, petit à petit, en évitant de se lâcher. C'est tout. Andy m'attira à lui et m'offrit le plus beau des baisers. J'avais été perdue, tous les deux ont l'avaient été mais voilà, ce baiser scellait une promesse d'avenir. Ptete qu'elle dura quinze jours, deux mois, plus, mais au moins on allait pas lâcher prise. Mon coeur battait fort et mon noeud dans l'ventre s'était transformé en des papillons. Y avait pas de doute. Oui, j'étais capable de faire ça pour lui, de rompre avec Hendrix..  J'ouvris doucement les yeux en le sentant partir avant d'esquisser un sourire quand ses lèvres embrassèrent mon épaule. Je frissonna à ce contact, encore plus en songeant que ce n'était pas la dernière fois que j'le ressentirais. Alors que sa main caressait mes hanches et que j'avais entouré sa nuque de mes bras, Andy reprit la parole. Je t'aime. Je m'arrêta de respirer aussitôt et plongea son regard dans le mien. J'saurais même pas dire c'que j'ressentais. Tout. Sauf de la peur. On pourrait aller loin ensemble, j'en étais certaine. J'avais des étoiles plein les yeux, j'étais pleinement heureuse. Il me l'avait dit. En face. Pas par téléphone. Pas quand j'avais fait une overdose. En vrai. Après nos doutes. Le plus beau moment possible. On abandonne pas alors.. ? J't'aime Andy, de tout mon coeur. J'passais doucement une main sur sa joue. J'étais plus vivante que jamais, plus déterminée à réussir, à aller de l'avant, à cicatriser toutes mes blessures. Avec lui à mes côtés.

Mine de rien, ça nous aurait pris du temps aussi pour se dévoiler comme ça. On avait commencé à se détester moins à partir de janvier... On avait commencé à s'attirer en mars, on s'était cédé en mai et ce n'était que fin août que je lui disais clairement ce que je ressentais en la regardant dans les yeux. J'l'aimais vraiment, pas comme j'aimais Apple, elles étaient trop différentes... mais c'était tout aussi fort, finalement. Et j'avais mal au coeur à l'idée de la perdre, d'avoir à faire une croix sur nos moments, parce que je savais qu'à l'avenir ça allait être difficile de se retrouver comme on l'avait fait depuis le mois de mai. Au bal on avait déjà eu un accrochage à cause de la guerre Mather/Eliot. On s'était cédé après, mais les cours étaient terminés... la hâche de guerre était déjà plus ou moins enterrée. Mais en septembre, ça allait reprendre plus fort que jamais. J'aimais pas sa famille, elle aimait pas la mienne et en dépit de ce qu'on ressentait on allait devoir se faire du mal, la vie est vraiment mal foutue. Je fis doucement non de la tête à sa question... Question qui n'en était probablement pas une vraie. Je ne lui disais pas au revoir, finalement j'allais rester avec elle et faire face. Je caressai doucement sa joue et posai mon front contre le sien, attrapant doucement sa main pour entrelacer mes doigts aux siens. Qui vivra verra... On était pas tirés d'affaire, mais on abandonnait pas pour autant. Si on devait céder, on cèderait... Si on devait lâcher, on lâcherait, même si mon cœur me faisait mal à cette pensée-là. Je me redressai finalement. Malgré les belles déclarations et les regards amoureux, l'ambiance, le sujet me pesait et je voulais... parler d'autre chose. Y a rien à boire dans cet appartement ? Haussant les sourcils, je regardais Briony avec un petit sourire. Allez femme, j'ai soif !

J'avais bien fait de lui demander de venir. On avait au moins mis tout à plat, on était prêts à avancer. On allait pas abandonner. Andy ne quitta pas mon regard en faisant ce "non" de la tête qui ne me fit que plaisir et qui n'aida pas ralentir les battements de mon coeur. Au contraire. On dit que la passion est toujours destructrice. Certes.. mais autant déjà la vivre à fond, non ?  Qui vivra verra... Hm. Voui. Il n'a pas tort en disant cela. Carpe Diem mi amor, J'acquiesçais et baissais la tête vers nos doigts entremêlés en soupirant. On avait pas choisi la voie la plus facile. J'me demande vraiment comment va s'passer la rentrée, comment notre quotidien allait changer. Si on allait pouvoir toujours ruser pour s'voir, comment vont s'passer nos face à face publics. Forcément, on pourra pas s'ignorer ça serait trop louche, va falloir qu'on s'fasse des fights. Fake fight. Ugh. Y a rien à boire dans cet appartement ? J'le regarda du genre "are u kiddin me ?" avant de me mettre à rire doucement. J'me leva du canapé, lâchant à regret la main d'Andy. J'reviens, j'veux quand même pas rater mes devoirs de maîtresse de maison. J'lui souris doucement, de manière espiègle avant de m'éloigner de lui pour aller dans la cuisine. Bon, y avait pas grand chose, pas d'alcool mais juste des jus de fruit. Mais ça devrait aller nan ? Erm. J'sortis un verre d'un placard, ainsi qu'un plateau où j'déposa une bouteille d'un jus d'orange, une boîte de biscuits -sait-on jamais- et l'verre en question. Même deux verres. J'attrapa les anses des deux côtés quand j'sentis mon téléphone vibrer dans ma poche. J'le sortis immédiatement par réflexe sans voir que c'était un appel d'un numéro inconnu. Hm, so what ? J'décrocha et colla mon oreille contre mon smartphone, en fronçant des sourcils. Alex ? Feldt ? Key ? Qui ça pouvait être ? Oui ? Hôpital central de Chicago. On m'demandait alors mon nom, mon prénom, si j'avais bien d'la famille sur Chicago. Putain, j'le sentais mal. J'avais un très mauvais pressentiment et déjà des frissons partout, angoissée par ce que savait l'homme au bout du téléphone. Mes parents vont bien ? Et si c'était les twins ? Jarell ? Jack ? J'me sens pas bien d'un coup.  Encore plus qu'avant. J'sais pas comment j'ai fait, mais j'avais réussi à tirer une chaise du bar, à me mettre assise dessus. J'assimilais pas les mots. Ils voulaient pas s'imprégner dans ma tête. Fuite de gaz. Mauvais détecteurs. Voisine qui a senti une odeur spéciale. Pompiers. Trop tard. Pas possible de les sauver. Morts. Tous. Non, non, non. Ils peuvent pas crever, ils ont pas l'droit. Ce sont des Silvers ou pas ? Oui. Eh bien ils sont intouchables. C'tout. Morts. Ils reviendront pas. Est-ce que vous avez mis Avery au courant.. ? Mon petit frère. Mon seul frère désormais. J'avais mal au ventre. J'avais la rage contre le monde entier, j'avais envie de pleurer ma vie mais j'ai pas l'droit. J'dois être forte. Dès maintenant. Jamais craquer. Même si j'avais juste envie de raccrocher et de laisser ces putains d'larmes coulaient, celles qui n'attendaient que ça depuis cinq minutes, depuis qu'on m'avait demandé de venir sur Chicago pour des démarches administratives. Chuis la plus vieille désormais après tout. J'peux pas. J'peux pas y aller. C'est trop dur.. non.

Même si finalement, la situation n'était pas arrangée à proprement dit... J'me sentais mieux, j'me sentais plus léger. Soulagé. J'lui avais fait part de mes doutes, j'avais été honnête avec elle -presque totalement erm, puisque j'avais pas ouvert la bouche concernant Hendrix- et... elle avait répondu à ma principale question, qui concernait son couple officiel justement. Moi qui n'osais pas en parler de peur de me reprendre une baffe, finalement... J'avais rien dit, et elle l'avait fait d'elle-même. Je souris en la voyant faire de même et se lever pour aller me chercher à boire. Montre-moi comme tu es une bonne hôtesse. Ben.. ouais. Quand on y réfléchis bien, j'avais jamais été chez elle quoi. J'venais la chercher en moto devant la MH, ou on s'retrouvait à l'hôtel etc.. mais jamais chez elle. Pas dans la MH, même au Summer Camp j'étais pas allé dans sa chambre ni rien. C'était l'occasion ou jamais ! Elle se rendit donc dans la cuisine et je me redressai, regardant autour de moi et me mordillant l'ongle pensivement en l'écoutant ouvrir les placards, s'activer pour qu'on puisse boire un coup... C'était calme, il n'y avait pas d'autre bruit et assez vite, je l'entendis reposer le plateau sur la table et se mettre à parler. Un appel ? Je me levai donc pour aller jusqu'à la fenêtre et regarder la rue, c'était pas grand-chose mais j'avais le sentiment de lui laisser un peu d'intimité en regardant ailleurs. Mais sa seconde phrase ne m'échappa pas. Ses parents avaient quelque chose ? Je me retournai vers la cuise en pinçant les lèvres sans pouvoir m'empêcher d'écouter, croisant les bras sur mon torse en hésitant à aller la voir. Le ton de sa voix avait changé... Avery c'était son frère non ? Quelque chose s'était passé. Je finis par la rejoindre dans la cuisine, silencieusement, glissant doucement ma main dans la sienne. Elle pleurait pas... ou c'était pas si grave que ça, ou elle se remettait d'un choc, j'arrivais pas encore à savoir. Tout va bien ? Dis-moi que oui, on a pas besoin d'un autre drame, t'as besoin d'ta famille...

Bien sûr que non qu'ils ont rien dit à Avery. Ils ont pas l'temps. Ils s'chargent d'un membre de la famille, pis c'tout. Haha, trop gentil de m'avoir choisi vu que j'suis la plus grande maintenant. J'avais l'impression que le monde s'écroulait autour de moi, que mes convictions s'évaporaient. Louise n'était pas censée être ma demoiselle d'honneur à mon mariage ? Jarell me devait une playstation, Jack la trilogie d'Hunger Games depuis qu'il avait paumé la mienne. Quant à Arizona, on avait prévu d'faire le tour du monde ensemble. Ils peuvent pas être partis, pas tous ensemble. Pourquoi est-ce qu'il avait fallu qu'on me les prenne d'un coup.. ? Oui, j'ai été une mauvaise soeur, une mauvaise fille, à vouloir faire ma rebelle, à être marginale, à les détester dès qu'ils faisaient pas ce que j'voulais. J'avais été que peu présente ces derniers temps, pensant qu'à moi. C'était trop tard maintenant. J'pouvais plus rien rattraper. Morts. J'me charge de le mettre au courant alors.. Comment est-ce que j'peux lui annoncer ça.. ? Pourquoi il pouvait pas prendre cinq minutes pour l'appeler ? Après tout, ils ont trouvé mon numéro finalement vu qu'ils ont pris la peine de faire des recherches, pourquoi pas aussi celui d'Avery ? J'en sais rien, j'en ai rien à foutre, j'en ai marre. Oui, j'allais aller sur Chicago. Enfin.. chais pas. Ptete. Est-ce que j'aurai la force de les affronter ? J'devais être forte. Montrer l'exemple. Ne pas pleurer, arrêter de me morfondre. Ils voudraient pas ça, ils voudraient que j'continue de vivre. Tout va bien ? J'avais à peine senti la main d'Andy qui venait prendre la mienne. Pourtant, j'savais que ça m'faisait du bien, que ça m'apaisait. C'était bizarre comme sensation, comme si j'prenais de la.. distance ? J'ai l'impression d'avoir pris de la drogue, de ne pu être moi-même pourtant, j'ai jamais été aussi lucide. Weird. Dans la mesure du possible. répondis-je en chuchotant. Je me mordis la lèvre, avant de baisser la tête vers le sol, serrant un peu plus la main d'Andy.

Elle avait à mettre Avery au courant, il s'était passé quelque chose avec ses parents c'était officiel. Je déglutis péniblement en la rejoignant, espérant que ce n'était pas aussi grave que je l'imaginais. La période qu'on traversait était déjà difficile, on ne pouvait pas avoir à essuyer une autre catastrophe, le monde de Briony ne pouvait pas s'écrouler comme ça alors qu'on s'efforçait à le rebâtir. Je serrai sa main dans la mienne, constatant bien malgré moi qu'elle avait l'air... amorphe. Comme si elle se détachait de son propre corps pour ne pas souffrir, qu'elle rejetait ses sentiments. Paraît que les personnes qui côtoient la mort de près, comme les fleuristes et les croquemorts, pratiquaient cette technique pour ne plus être affectés par la mort. Finalement... Ne pas la voir pleurer m'inquiétait plus encore que si son visage avait été inondé de larmes. T'as l'droit d'pleurer Briony, devant moi t'as pas à te cacher. Dans la mesure du possible, j'prends ça pour un... pas du tout. J'sentis sa main se serrer doucement sur la mienne et n'attendis pas pour faire de même histoire de lui faire sentir que j'étais là, près d'elle, présent pour la soutenir. Extériorise Bri, c'est pas cool de tout garder pour soi, ça n'a jamais fait de bien à qui que ce soit... Tu veux en parler.. ? demandai-je en remettant une de ses mèches de cheveux qui lui barrait le visage, derrière son oreille tout en effleurant son visage du bout des doigts au passage. J'te laisserai pas tomber, fais c'que tu veux, mais quoiqu'il arrive j'serai là, c'est tout. Je sentais mon cœur se serrer, sensible à la détresse que dégageait Briony et devant son regard vide. Ou ils étaient très mal en point... ou ils étaient déjà morts. Je levai doucement ma main qui tenait la sienne, embrassant doucement le dos de sa main en espérant que ça pourrait l'apaiser ne serait-ce qu'une fraction de seconde. Elle a dit qu'j'étais son remède, ptêtre bien que j'pouvais l'aider...

Ptete que le manque m'avait fait rêver cet appel ? J'avais déjà eu quelques hallucinations les premiers jours, quand j'avais vraiment eu besoin d'ma dose avec le sevrage mais que j'avais rien pris, pour honorer ma promesse. Au bout de deux mois, ça pouvait sûrement recommencer. J'en sais rien. J'devais être en train de rêver ou plutôt de cauchemarder. C'était mon inconscient qui m'envoyait un message fort pour que j'retourne à Chicago, un message d'alerte comme quoi j'oublie ma famille. J'aurai tellement aimé que ça soit ça, vous pouvez pas imaginer à quel point. Mais le contact d'Andy, sa voix.. tout me ramenait à la réalité, alors que j'avais les yeux qui regardaient dans le vide, incapable de fixer un point en particulier. Tu veux en parler.. ? A quoi bon ? Y a absolument rien à dire. Ce seront toujours les riches qui gagneront, qui auront les meilleurs systèmes de détection de gaz, les meilleurs soins. C'tout. C'toi. On vient de deux mondes différents et m'éclate en pleine figure. Peuvent pas être morts à cause de l'argent, fin du manque d'argent.. putain, dans quelle dimension on est hein ? Andy replaça une mèche folle comme il le fallait avant de passer doucement sa main sur ma joue. Ce contact aurait dû exciter les cellules de mon corps, mes hormones, faire battre mon coeur, mais nan. Rien. J'tais morte de l'intérieure. Qui suis-je sans ma famille, ceux qui m'ont élevés ? Que dalle. J'ai pu d'identité. J'ai pu que mon frère et mes cousins. Et mini Aaron. Parce que t'as ptete voulu parler quand t'as appris le décès d'Esteban ? lui lançais-je, sans lever le visage vers lui. Il s'était barré lui, avait traversé le mur du son. Moi j'pouvais pas faire ça. J'devrais affronter la réalité, m'faire une barrière pour rien ressentir. Pour aller parler à mon ptit frère.

Parle-moi Bri ? Même si j'me doute qu'à l'heure actuelle, c'est pas tellement ce dont t'as envie... Elle ne bougeait pas, ne bronchait pas même sous mes caresses, ni même quand j'embrassais sa main... rien. Je caressais doucement le dos de sa main, dans le vain espoir que ça finirait par la calmer.. ou l'empêcher de s'enfoncer trop dans le déni. C'est normal de pas vouloir y croire au début, de vouloir changer de planète pour ne pas avoir à assumer. J'eus l'impression qu'elle jouait aux fléchettes et venait de toucher sa cible quand elle évoqua Esteban, si bien que le contact de sa peau contre la mienne fut comme une décharge électrique pour moi et je la lâchais, la gorge soudainement sèche. Me parler d'Esteban comme ça alors qu'il n'était mort que depuis deux semaines, mauvaise, très mauvaise idée. Mon estomac s'était retourné en deux secondes, pourtant je ne bronchai pas. Elle était en colère, elle avait mal. J'avais la confirmation que ses parents étaient morts... Elle méritait pas ça. Personne ne le méritait. Je pris place à ses côtés sur une autre chaise du bar, m'y accoudant quelques secondes. Ouep... c'était bête comme question. Et même si la réponse avait fait mal, mine de rien... en ne voulant pas me parler, elle l'avait pourtant fait, en m'avouant indirectement le décès de ses parents. Je lui jetai un coup d’œil et me servis un verre de jus d'orange... l'ambiance était vraiment chelou... et pesante, encore. Fallait qu'elle en parle à Avery, son ptit frère... Elle allait avoir besoin de soutien. J't'accompagnerai, ajoutai-je en me mordant la lèvre. J't'accompagnerai voir Avery, j't'accompagnerai à Chicago. J't'accompagnerai partout.

Désolée Andy, excuses moi d'avoir parlé d'Esteban mais c'est l'seul truc qui m'est venu en tête. J'réfléchis pas, mes pensées sont toutes mélangées, j'arrive pas à discerner ce que j'suis censée faire, pourquoi la vie s'acharne sur moi, sur nous. Andy m'avait dit qu'il allait arrêter de penser aux autres, vivre vraiment sa vie, pour oublier ce qui n'avait pas fait avec Esteban. Est-ce que j'devais faire pareil ? Ptete. Mais ça, ça voulait dire que j'allais devenir une vraie mather. Une qui va en soirée, qui boit et qui fume. Carpe diem. Jamais Andy n'accepterait ça. Il m'proposerait son aide, des promenades en moto sûrement. Mais jamais il cautionnerait la manière d'aller de l'avant des verts.. putain. Ouep... c'était bête comme question. Tutafé. Il s'était éloigné de moi et intérieurement je le suppliais de venir me prendre dans ses bras. J'étais juste incapable de lui demander quelque chose à voix haute, c'tout, c'est plus fort que moi. Stay Strong. Pour eux. Pour moi, pour pas être faible encore une fois, pour arrêter de chialer tout l'temps. Avery allait avoir besoin de quelqu'un sur qui se reposer. Ca serait moi. J'veux pas le laisser tomber.. J'me tourna vers la table du bar et m'y accouda à mon tour un instant, avant d'finalement me lever et commencer à marcher doucement. J'passais une main dans mes cheveux, tenant de respirer doucement, de me calmer. C'est maintenant que mon travail sur moi même commençait. J't'accompagnerai, Je m'arrêtais deux secondes, le temps d'observer Andy toujours accouder au bar, son verre de jus d'orange en main. Mon coeur se serrait et j'sentis des larmes perler. Non, non, non, reprends toi en main Bri. T'es pas obligé.. Si, viens Andy, me laisses pas seule, j'vais craquer à un moment donné. Puis, j'pourrais veiller sur toi aussi, parce que t'as aussi perdu une partie de toi récemment. Parce que tu vois.. J'sortis une feuille de papier et un crayon de papier pour inscrire quelques noms. Antwan. Kahina. Louise. Arizona. Jarell. Jack. Ma famille sur un bout de papier. J'vais devoir aller annoncer à mon ptit frère que mes parents sont pu là. J'effaça les deux premiers prénoms. Que ses soeurs et son frère ainé sont aussi partis. La gomme continuait d'effacer ses noms symboliquement. Il restait pu que Jack. J'avais un blocage, ma bouche s'était entrouverte avant de se renfermer. J'avais pas réalisé que Jack était aussi mort.. Et que son jumeau est avec eux.. La moitié de lui. Jack et Avery. Les plus petits, les plus soudés.. A cause de notre putain de condition sociale. J'balançais le crayon avant d'm'éloigner du bar encore une fois.