#27 - (briandy) This is where I should be

J'étais atteint d'un virus qu'on ne connait ni d'Eve ni d'Adam, fantastique, ma vie est une formidable réussite. Mais finalement, peut-être que c'était la meilleure chose qui pourrait m'arriver à bien y réfléchir... Un virus mortel qui pourrait bien avoir ma peau et en finir avec toute cette souffrance qui s'accumulait sans jamais pouvoir sortir. Une bonne excuse pour mourir sans qu'on m'dise que j'ai abandonné mes proches, sans qu'on m'en veuille. J'croyais pas au destin, mais depuis que j'avais été enfermé dans cet immense immeuble stérilisé, j'avais de l'espoir que cette connerie existe vraiment et ait décidé que c'était fini pour moi. Que j'serais un nom de plus parmi les victimes d'une épidémie mortelle. Je suivais les infirmiers qui veillaient sur moi dans leur costume qui ressemblait bizarrement à une tenue d'astronaute, ironie du sort pour un mec qui rêve d'aller dans l'espace, pas vrai ? Je fixais mes pieds, accroché à la barre en faire où pendaient toutes les infusions qu'on m'administrait pour essayer de calmer toutes ces douleurs physiques qui me faisaient de plus en plus mal au fur et à mesure que les minutes s'écoulaient. On voulait m'voir, j'avais de la visite, alors on m'emmenait jusqu'à e long couloir vitré qui permettait de voir, de l'autre côté, les personnes non-infectées. J'arrivai finalement à destination sous les regards attentifs des médecins qui guettaient la moindre crise pour intervenir alors que je cherchais du regard la personne qui voulait me voir. J'avais les mains moites, de la fièvre, des cernes énormes et le corps entier meurtri par ce virus qui se répandait un peu plus à mesure que le temps passait, sans parler des grosseurs au niveau des jambes et qui faisaient atrocement mal. Mon cœur loupa un battement quand j'aperçus Briony déglutissant péniblement. C'était elle ? A en juger par la tête qu'elle faisait, oui. Je m'approchai donc doucement, traînant avec moi toutes mes infusions d'une main. Je m'arrêtai à son niveau, le cœur au bord des lèvres et posant ma deuxième main sur la vitre pour m'appuyer. Bri, tu vas bien... Thanks god, je serais devenu fou à la retrouver du côté des malades avec moi.

J'comprenais rien à c'qui s'passait. Personne ne comprenait même. Qui l'pourrait ? C'tait au delà de l'inimaginable. Une épidémie. Comme la peste autrefois. Les gens tombaient un à un et j'avais vu aux informations pas plus tard que ce matin que certains malades étaient aux portes de la mort. Les médecins ignoraient quoi faire et ne pouvaient qu'apaiser certains symptômes. C'tait de la survie plus simplement. C'tait inhumain et j'tais bien contente de ne pas être contaminée.. fin vous m'direz, vu l'peu d'fois que j'sors, c'normal que j'sois encore en bon état. D'autres avaient moins d'chance.. et les prénoms circulaient facilement. Plusieurs de mes proches avaient été pris dans la vague de maladies. Dont un plus particulièrement. Un pour qui j'aimerai absolument pu rien ressentir après l'bal qu'il m'avait fait le dernier jour de 2013. Andy. Il était hospitalisé depuis quelques jours j'crois.. et à peine avais-je eu la confirmation de cette nouvelle que j'préparais mes affaires. Pour l'voir. Pour être avec lui. Il était juste hors de question que j'le laisse seul. Parce que même si on était pu ensemble, même si il m'avait blessé, même si il voulait pu d'moi.. j'l'aimais. J'l'aimais comme une folle et j'voulais être à ses côtés dans de tels moments. J'tais donc allée en début d'aprem à l'hosto, demandant à voir Andy McDougall. Par la suite, on m'avait amené dans un corridor weird, avec une baie vitrée au milieu. Mmh. C'est vraiment.. spécial comme ambiance, moi j'vous l'dis, ça foutait des frissons dans l'dos. J'tais bien contente d'être de mon côté.. surtout quand j'voyais l'état des malades. Et celui d'Andy de l'autre côté de la vitre.. Mon coeur se serra et j'avais envie d'le prendre d'un coup dans mes bras. Mon dieu.. il avait vraiment mais vraiment pas l'air au point, ça m'faisait vraiment bizarre. Il faisait peur. Putain pourquoi est-ce qu'ils peuvent pas le soigner bon sang ? C'pas compliqué d'faire un antidote, à quoi ça sert à la science ? Bri, tu vas bien... Il me rejetait pas.. et thanks god, vous pouvez pas imaginer à quel point ça m'faisait du bien.. J'm'étais rapprochée par automatisme en même temps que lui vers la vitre et j'avais posé ma main au même endroit que la sienne de l'autre côté du verre. J'avais l'coeur au bord des lèvres, j'voulais être avec lui, pas séparée de cette manière. Et toi tu vas vite guérir, d'accord.. ? Faut y croire Andy, s'il te plaît, laisses pas tomber.

Au moins l'année passée, j'avais été dans le coma. La souffrance, je ne l'avais pas tant ressentie qu'à l'heure actuelle, je ne me rappelais pas avoir eu si mal pour esquisser le moindre mouvement et pourtant, je n'étais pas parmi les pires des malades. Non, les pires, ils sont aux étages au-dessus, ceux qui sont à deux doigts d'y laisser leur peau, ceux qui ne peuvent plus bouger tant leur corps entier n'en peut plus d'avoir aussi mal. J'serai bientôt comme eux. J'le sentais, j'le... voulais ? J'aurais préféré éviter la case souffrance, très honnêtement, mais elle semblait inévitable. Briony s'était rapprochée pour poser sa main au niveau de la mienne contre la vitre ; je l'entendais, mais il m'était impossible de sentir la chaleur de sa main, ou même l'odeur de son parfum et j'aurais jamais cru en souffrir autant. Mmh, j'devais avoir l'air d'être un cadavre ambulant, la peau blanche comme de la craie qui contrastait avec mes yeux injectés de sang et soulignés par des cernes violets tirant sur le noir. Une partie de moi aurait préféré que Briony ne me voit jamais ainsi, mais en même temps... Si j'étais destiné à crever entre ces murs, elle n'aurait plus d'autre occasion de me voir. Je baissai les yeux vers nos mains en l'entendant parler, évitant son regard et le cœur battant. Je jetai un bref coup d’œil aux médecins qui surveillaient les malades avant de reporter mon attention sur Bri. Peut-être, ou peut-être pas... J'vais juste attendre. Attendre de voir c'qu'il va advenir de moi, de toute façon, j'ai pas peur d'partir, quand bien même ça pourrait paraître lâche. Je lâchai doucement la barre en fer, baissant les yeux vers mon poignet. J'suis pas seul, de toute manière. Non, je parle pas d'Apple. Doucement, je remontai la manche, juste assez pour montrer à Briony le dernier tatouage que j'avais fait, dont les contours étaient encore rouges tant il était récent. Le ILY qu'elle avait fait au marqueur, qui avait disparu depuis, je me l'étais fait refaire de manière permanente un peu après le bal. Elle serait toujours là, avec moi, ma Briony.

Il était à un centimètre de moi. A un putain de centimètre de verre. Et sans c'truc, j'pourrais l'prendre dans mes bras, j'pourrais lui redonner l'envie de vivre, j'pourrais l'secouer pour qu'il garde la foi, pour qu'il veuille encore vivre. L'fait qu'Andy ne me regarde absolument pas quand j'lui parlais de guérison m'fit mal au coeur et m'poussait encore plus à chercher une solution pour que j'puisse le rejoindre. J'tais incapable de le laisser dans un tel état et à l'heure actuelle, j'aurai bien aimé avoir un compte en banque aussi énorme que l'homme que j'aimais.. pour pouvoir graisser la patte des médecins afin qu'ils me laissent venir. Peut-être, ou peut-être pas... Non.. j'veux pas que tu meures, j'veux pas que tu rejoignes tous les autres. Non, c'est sûr Andy. Ptete que j'tais pas la bonne personne pour lui remonter les bretelles, sûrement pas même. C'tait à Apple, la femme de sa vie, celle avec qui il voulait avoir un avenir qui devait lui dire c'genre de choses.. mais là, elle est où ? J'la vois nulle part. J'vais faire un campement ici, j'vais pas quitter Andy. J'suis pas seul, de toute manière. Mon coeur se brisa. Oui, merci d'enfoncer le couteau dans la plaie, c'est charmant de ta part alors que j'viens d'soutenir. T'as Anya, t'as Apple, t'as Reaghan, t'as tous tes potes.. Mais moi non. Andy souleva un peu sa manche pour que j'puisse voir son poignet et.. ILY. Ma bouche s'ouvrit en un "O" sous la surprise et j'y amena ma main devant par réflexe. Mon dieu.. il l'avait fait ? C'tait moi, j'en étais certaine. Il m'avait dans la peau pour un ptit moment maintenant.. j'avais envie de pleurer là maintenant et ça m'donnait encore plus envie d'enfreindre les lois. J'suis pas mather pour rien vous m'direz. J'voulais pas penser au fait que ce tatouage était plus dramatique qu'autre chose, car il était là même si on ne pouvait pas être ensemble. J'voulais juste m'dire que j'comptais plus que l'autre greluche. Parce que moi, j'tais avec lui. Tout l'temps. Et Apple.. ? Pourquoi est-ce que j'avais demandé ça ? Est-ce qu'il avait un autre tatouage.. ? Pourquoi est-ce qu'il m'avait fait l'coup batard au Nouvel An.. ? Trop tard, j'commence à pleurer. Le trou béant dans ma poitrine qui était là depuis la rupture ? C'tait bizarre.. d'un côté, il était toujours là, douloureux.. mais de l'autre, voir cette magnifique preuve d'amour.. ça le calmait.. Faut absolument que j'trouve Léo.

L'idée que j'puisse me laisser bouffer par la maladie lui était insupportable, mais j'étais pas en état de mentir. De toute manière, feinter avoir la hargne pour vivre aurait été peu crédible, ça faisait un petit moment que je ne faisais rien d'autre que survivre. Briony avait été ma bouffée d'oxygène, celle que je n'avais désormais plus et qui faisait qu'aujourd'hui encore, je m'étouffais. J'en avais tellement marre de me redresser après toutes les épreuves que la vie nous faisait traverser. Je ne répondis rien, ne souhaitant pas m'étaler sur ce sujet-là qui était bien trop épineux pour moi, j'en avais conscience, quand bien même Briony ne pourrait pas y faire grand-chose. Je décidai donc de lui montrer le tatouage, ça lui ferait probablement chaud au cœur, autant que ça la ferait souffrir du moins... De voir que je l'avais littéralement dans la peau, que ça ne s'en irait pas. Oui, c'était vrai, j'étais à elle en quelques sortes. J'avais eu beau dire le contraire, je savais que ce que je ressentais pour elle ne s'en irait pas malgré mes efforts. Les yeux de Briony s'embuèrent et..... sa question me laissa un peu perplexe. C'était pas vraiment celle à laquelle je m'attendais pour le coup. M'humidifiant les lèvres, je la vis alors se mettre à pleurer et m'appuyai contre la vitre, les deux mains à plat comme dans l'espoir que j'puisse être avec elle. J't'en prie pleure pas... Je rebaissai doucement les mains en sentant mes épaules me tirailler, cherchant mes mots. J'ai voulu t'blesser, pour me défendre... Apple a accepté d'm'aider, au bal on t'a suivie et... Et tu connais la suite. On s'est foutus dans ce couloir parce qu'on savait que tu nous verrais. C'était prémédité, fait exprès. J'tais pas vraiment en couple avec. Je n'ajoutai rien, mal à l'aise et le cœur battant la chamade. God, ça m'fatiguait encore plus que je ne l'étais déjà, à ce rythme-là j'allais finir par terre. Je lâchai pourtant pas Briony du regard, j'm'en voulais tellement à l'heure actuelle.

Andy avait dit qu'il n'était pu mien. Il avait dit que notre histoire n'était pas forte. Il avait massacré le coeur que j'lui avais confectionné comme métaphore du mien. Il m'avait blessé comme jamais en disant le jour de notre "seconde rupture" qu'il était déjà allé voir ailleurs pour oublier. Il avait remarqué sûrement la douleur que j'avais ressenti à ces mots et avait délibérément été voir Apple. Pour coucher avec. Son ex femme. Celle avec qui tout avait commencé. Il avait absolument tout orchestré pour que j'ai encore plus mal j'suppose, car sinon il aurait pu s'cacher. Pour que la trahison soit faite des deux côtés. Après avoir parlé de réconciliation avec l'une et de nom de chien avec l'autre. Il m'avait humilié, ridiculisé, piétiné. Et pourtant, j'tais là. Face à lui à l'hôpital. Parce que j'l'aimais de toutes mes forces, parce que même si ça faisait un mois, mes sentiments continuaient de se renforcer.. et la théorie comme quoi il était l'homme de ma vie se renforçait. L'fait d'voir qu'Andy avait tout comme moi avec mes étoiles un tatouage nous représentant me fit vraiment plaisir autant qu'il m'fit bizarre. Après tout ce qu'il y avait eu.. y avait encore des sentiments ? J'comprenais plus rien. Vraiment plus rien. J'avais juste envie de craquer encore une fois. Comme tous les jours depuis plusieurs semaines. Il me manquait terriblement putain. Et j'refusais qu'il soit là, derrière cette putain de vitre. J'voulais prendre sa place moi. J'veux pas qu'il souffre.. tout sauf ça.. J't'en prie pleure pas... J'osais pas regarder Andy. J'avais peur de ce qu'il allait m'dire pour Apple. Qu'ils s'étaient remis ensemble ? Que le divorce était annulé ? Qu'il l'aimait ? J'en sais rien, j'm'attendais vraiment à tout pour l'coup. J'ai voulu t'blesser, pour me défendre... Apple a accepté d'm'aider, au bal on t'a suivie et... Boum, prends ça en pleine face Briony. Vengeance vengeance vengeance. Il ne l'aimait pas.. il ne l'aimait pas putain, mets toi ça dans l'crâne ma petite, t'es la seule. J'savais pas comment j'devais réagir.. être soulagée, en colère, attristée ? Don't know. T'as parfaitement réussi ton plan. Avec brio même, félicitations.. lançais-je avec un sourire triste, le regard rivé vers le sol encore quelques secondes avant que je ne le plonge dans celui bleuté d'Andy. Wow, il était vraiment mal au point. L'Eliot avait vraiment l'air.. de se sentir concerné ? Coupable ? J'en savais rien, j'savais pas comment juger la situation pour être honnête. J'espère que ça t'a fait du bien en tout cas. chuchotais-je. Malgré tout ça, vous savez c'quoi l'pire ? C'est qu'après avoir fini cette discussion, qu'importe son issue.. j'irai voir mon pote médecin. Ca rend fou l'amour j'vous dis..

J'avais mal au crâne, tellement... tellement mal. J'm'étais jamais senti aussi mal de toute ma vie. Est-ce que c'était à cause de la maladie, ou à cause de mes propres démons qui me dévoraient littéralement, faisaient remonter tous mes remords à la surface en me disant qu'j'allais y rester ? Ouais, je flippais. Les médecins essayaient de réconforter les malades mais je nous voyais tomber comme des mouches, les uns après les autres, avec des symptômes de plus en plus horribles. J'allais en baver, ils disaient qu'ils faisaient de leur possible pour nous aider mais aucune amélioration n'était en vue... ils savaient pas comment guérir c'truc-là, ils savaient pas comment nous soulager vraiment de tout ce mal. Briony pleurait encore de l'autre côté de la vitre et j'étais là, impuissant face à elle, incapable d'essuyer ses larmes. C'est drôle comme ça semblait être une belle métaphore de notre couple, on était là, si proche, sans pouvoir être ensemble vraiment. Je sentais la culpabilité me ronger à mesure que ses larmes coulaient, finissant par baisser les yeux. J'me sentais partir. Je posai mon front contre la vitre en soufflant, cherchant un peu de fraîcheur pour calmer cette fièvre qui me donnait la sensation de brûler vif, avant d'émettre un léger rire. Oui, très ! Mais non. Je ne savais déjà plus de quoi Briony parlait, la maladie me perdait. Je m'appuyai contre la vitre, un léger sourire aux lèvres en relevant les yeux vers Briony. J'adore imaginer où on pourrait aller. Venezuela, Inde, un pays d'Afrique ? J'sais pas. J'ai beaucoup voyagé, mais j'attends qu'on fasse ça ensemble, j'suis sûr que je verrai les choses différemment. On ira voir les aurores boréales à Ny-Ålesund en Norvège, tu les as déjà vues ? m'épaulant à la vitre, je simulai comme une petite explosion avec ma bouche et une main. C'est un peu c'que fait notre cœur quand on regarde le ciel à c'moment-là. J'étais perdu. J'avais plus conscience des réalités pendant quelques instants, envahi par la maladie qui pendant un bref moment, me permettait de m'échapper vers mes rêves avant de me ramener à la dure réalité. J'suis en train de crever. J'vais pas aller regarder les aurores boréales avec Briony à Ny-Ålesund. Je me retournai vivement en entendant des cris, effrayé, pour apercevoir les médecins se précipiter vers un malade en pleine crise alors qu'une femme de l'autre côté de la vitre, probablement son épouse, hurlait en voyant son mari convulser si violemment. Ça va m'faire ça Bri ? demandai-je en me retournant de nouveau vers elle et posant de nouveaux les mains sur la vitre, la panique dans le regard. Phases d'incohérence, comportement agité. Bri pitié sors-moi d'ici j'veux pas finir comme ce gars-là.

Andy avait cherché à m'faire du mal avec la mère de sa fille. C'tait tellement pas idiot de sa part de faire ça.. il avait réussi avec une très grande facilité à m'foutre une nouvelle fois à terre. J'crois qu'il l'avait eu sa vengeance nan ? Il pouvait pas m'faire plus mal ? J'en sais rien. T'façon, on était damnés depuis l'début. On s'aimait, mais il nous était impossible d'accéder au bonheur. Oui, très ! J'fronça des sourcils cash en l'entendant m'dire ça. J'aurai pensé qu'il y aurait une certaine culpabilité avec l'regard qu'il m'avait lancé y a quelques secondes mais nan, que dalle. Quoique.. Andy avait l'front posé contre la baie vitrée et semblait vraiment vraiment mal au point. Et d'un coup j'ressentis pu aucune colère, tristesse ou rancœur dans c'genre là.. j'tais juste inquiète de l'état de santé de mon Andy. Il avait de la fièvre, il n'avait pu d'force d'un coup, il lâchait prise.. Nan, bats toi s'il te plaît, pour nous, pour moi. Te laisses pas faire par un putain de virus. J'adore imaginer où on pourrait aller. Venezuela, Inde, un pays d'Afrique ? J'sais pas. J'ai beaucoup voyagé, mais j'attends qu'on fasse ça ensemble, j'suis sûr que je verrai les choses différemment. On ira voir les aurores boréales à Ny-Ålesund en Norvège, tu les as déjà vues ? Il m'faisait peur. Andy était totalement out et la fièvre lui faisait dire des choses qu'il n'aurait jamais dit en temps normal. Des choses qu'il pensait. Il voulait qu'on soit ensemble.. et j'devais attendre qu'il soit en train d'crever pour savoir ça ? C'est ça l'délire ? J'me sentais tellement impuissante derrière ces vitres putain. Personne pouvait lui apporter d'la glace ou quelque chose pour calmer sa fièvre nan.. C'est un peu c'que fait notre cœur quand on regarde le ciel à c'moment-là. J'me mordais la lèvre inférieure, j'aurai aimé l'prendre contre quoi là maintenant.. Vraiment. J'ai jamais eu la chance d'y aller.. On pourra aller les voir si.. Je fus coupée par les cris d'une femme de mon côté de la pièce. J'tourna automatiquement la tête vers elle et vis aussitôt un homme, du côté d'Andy, en train de se convulser. Mes yeux s’écarquillèrent. J'me sentais mal. C'tait un malade. Un malade au même étage qu'Andy. Ca voulait dire qu'ils avaient les mêmes symptômes et qu'à tout moment l'Eliot pouvait aussi avoir c'genre de crises. Mon dieu.. nan, nan, nan. J'veux pas le perdre, pas maintenant, jamais. S'il vous plaît, ayez pitié. Ça va m'faire ça Bri ? J'savais pas quoi lui répondre. J'avais la bouche entrouverte mais aucun mot n'arrivait à sortir. J'posais mes mains aux mêmes endroits que celle d'Andy jetant des coups d'oeil aux médecins qui prenaient en charge l'homme. Non, il t'arrivera rien.. J'espérais. Très fort. J'vais le protéger. Au moins, d'après sa question, j'pouvais m'douter qu'il avait pas encore eu ça.. c'tait pas plus mal. J'planta mon regard dans celui du jeune homme, sérieuse. J'te jure que j'vais veiller sur toi. Il est hors de question qu'Andy soit tout seul. J'tais prête à crever pour lui.. n'oublions pas que j'tais enceinte et que si j'chopais le virus, j'tais encore plus susceptible de mourir. Enjoy it.

Est-ce que moi aussi j'allais convulser comme ça ? L'homme avait eu des spasmes tellement violents, j'étais vraiment terrifié pour le coup. J'avais vu des hommes partir pour l'étage au-dessus, j'avais entendu des crises, mais c'était la première que je voyais et l'idée que ça puisse m'arriver me paniquer. J'tais ok à l'idée de mourir s'il le fallait, mais pitié, pas dans d'atroces souffrances. Est-ce qu'il avait ressenti la douleur ? Est-ce qu'il s'en souvenait ? C'était complètement paniqué que je m'étais retourné vers Briony, à la recherche d'un réconfort qu'elle pouvait difficilement me fournir, puisqu'elle n'avait pas la solution plus que les médecins et qu'elle ne voyait pas l'avenir. Je reportai mon regard sur l'homme qui était évacué, puis à nouveau sur Briony, le cœur battant la chamade, trop vite, bien trop vite pour un homme normal et en bonne santé. Mon corps entier était complètement déraillé, je maîtrisais plus rien. Je crispai doucement les doigts sur la vitre, acquiesçant en fixant Briony dans les yeux pour tenter d'y trouver de quoi m'apaiser, mais mon comportement inhabituel n'échappa pas aux regards pointilleux des médecins. J'allais pas me calmer, j'avais besoin de soins. Monsieur, nous allons vous raccompagner dans votre chambre. Mon regard fit la navette entre le médecin et Briony alors que j'assimilais c'qu'il me disait. Il voulait nous séparer ? Non, non j'veux... j'veux rester avec elle. Mais d'autres médecins s'approchaient déjà, sait-on jamais que je me débatte et prenne le risque de me blesser. Bri... ! Bri, tu vas revenir hein ? Et les médecins m'emmenèrent pour me ramener jusqu'à ma chambre, seul et surtout loin de celle qui m'apaisait. Une fois couché, rebranché correctement aux machines, ils ne se firent pas prier pour me shooter à la morphine et en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, je m'étais endormi. Pendant combien de temps ? Des longues heures certainement, et ce qui me réveilla, ce fut le bruit de la porte suivit d'une main qui se glissait dans mes cheveux. Je rouvris doucement les yeux, dévisageant longuement la personne au-dessus de moi jusqu'à parvenir à la voir plus clairement. Briony... ? J'suis déjà mort ? Pourtant j'entendais le bip régulier de mon cœur. Qu'est-ce qu'elle faisait là ?

Entre entendre parler des symptômes, voir des images aux informations et observer en réalité les malades.. mais c'tait carrément différent et ça m'rendait malade de voir que les gens souffraient de cette manière. Derrière c'te putain de baie vitrée, sans que leurs proches puissent leur apporter un peu de soutien et de douceur. C'tait inhumain. J'avais l'impression qu'on était comme des bêtes, à devoir être séparés.. mais c'tait juste pour qu'on puisse se soigner correctement. Paradoxalement. J'voyais bien qu'Andy était complètement paniqué et que sa fièvre n'arrangeait en rien son état, sa capacité à faire la part des choses. Son coeur devait battre à fond, une crise d'angoisse ne devait pas être loin. Calmes toi Andy, souffles.. Mais déjà les blouses se ramenaient près du jeune homme. Monsieur, nous allons vous raccompagner dans votre chambre. Ca m'tuait de voir qu'on allait être séparés et d'voir qu'Andy était totalement déconcerté.. J'savais que c'tait pour son bien mais rien que l'fait qu'il allait être mal loin d'moi.. ça m'plaisait absolument pas. Non, non j'veux... j'veux rester avec elle. Mon coeur se serrait à l'entente de ces mots. J'veux rester avec toi Andy. J'monta un peu plus ma main sous l'coup de l'impulsivité, j'tais prête à péter la vitre pour l'rejoindre. Mais la science avant tout.. j'voulais qu'il aille surtout mieux dans un premier temps.. Bri... ! Bri, tu vas revenir hein ? J'me mordis la lèvre, fixant Andy droit dans les yeux. Oui, j'vais revenir, j'te le promets. Et sûrement bien plus tôt que tu ne le pensais. Dès qu'Andy fut hors de ma vision, j'me précipita hors de l'hôpital pour rentrer chez moi, là où résidaient également Sateen et Keyla depuis peu, et y récupéra quelques affaires. Vêtements, toilettes, bouffe un peu, argent surtout, de quoi divertir Andy.. J'checka au moins trois fois que j'avais tout puis retourna dans le grand bâtiment pour y retrouver mon ami. Leo.. C'est très sérieux, tu dois m'laisser aller là. J'voyais pas que mon ami n'était absolument pas ravi d'entendre ce genre de choses et s'en suivit un débat. Long. Très long. Où chacun apportait ses arguments. Il voulait pas que j'chope le microbe. J'lui disais que j'en avais rien à faire de mourir, que j'voulais être auprès d'Andy. Il m'rétorquait que j'tais trop fragile, j'lui répondais que c'tait mon choix. Plein de choses dans c'genre là vous voyez ? Et j'avais gagné. Il m'avait fait passer le sas de sécurité, sans tenue de cosmonaute. Juste moi. J'avais l'autorisation de rester pour la soirée et au moins quelques jours ici. Juste Andy et moi. J'allais veiller sur lui comme j'lui avais promis. C'était absolument pas conventionnel. C'était absolument moral, c'était absolument INTERDIT de faire ça. Mais faut croire que les médecins ont le goût du risque et que j'ai encore un peu de charme face à Léo. Oui, j'étais suicidaire, oui je faisais quelques choses de mal, oui il y aurait des conséquences.. m'enfin bref.

J'étais rentrée doucement dans sa chambre, posant mon sac et ma veste sur le côté. C'tait des chambres individuels pour l'coup, c'tait parfait. On avait évité le dortoir commun au moins. Personne n'allait venir nous embêter.. J'm'étais approchée du malade, passant doucement ma main dans ses cheveux. Il avait l'air totalement dans les vapes. Briony... ? Un sourire s'étira sur mes lèvres. C'est moi.. T'es au paradis, t'as vu un peu ? Le bip des machines résonnait dans toute la pièce mais bizarrement me rassurait. J'enleva rapidement mes chaussures et monta sur le lit d'Andy, pour ensuite m'coucher doucement à ses côtés, le regardant droit dans les yeux. Tu peux t'rendormir si tu veux.. j'vais pas disparaître.. lui dis-je en passant une main sur son visage. Il avait un peu moins de fièvre, au moins les médecins avaient guéri ça. Ca m'faisait tellement d'bien d'être à côté d'lui.. d'pouvoir le toucher, l'prendre contre moi. J'vais pas partir.

J'étais forcément mort, j'pouvais pas être avec Briony. Ou du moins, pas autrement qu'à travers une vitre. Ou alors j'avais des hallucinations, je perdais encore les pédales. Au moins c'était une illusion agréable, je comptais bien en profiter un maximum avant de me réveiller vraiment et qu'elle disparaisse aussi soudainement qu'elle était apparue. J'étais complètement shooté à la morphine, c'était à la limite si je ne sentais plus mon corps. J'eus un léger sourire en sentant le parfum de la jeune femme arriver jusqu'à moi, refermant les yeux en inspirant longuement et sentant mon cœur s'emballer automatiquement par sa présence. Comme avant, sinon plus. Il paraît que plus on lutte contre nos sentiments et plus ils deviennent puissants. Pendant tous les mois où on n'avait cessé de se cacher, mes sentiments pour Briony n'avait fait que croître encore et encore et là encore, je faisais tout ce qui était en mon pouvoir pour l'oublier et ça avait littéralement l'effet inverse. Peu de temps après, elle montait sur le lit et s'allongea à côté de moi, on se retrouvait du coup collé-serré sur ce lit qui n'était pas prévu pour deux à l'origine. Je rouvris les yeux pour la regarder, un léger sourire aux lèvres avant de lever la main pour caresser sa joue du bout des doigts. Mais très vite, mon sourire s'effaça et je fronçai les sourcils. T'es vraiment là... ? demandai-je avec une pointe d'inquiétude dans la voix. Mon cœur accéléra à cette idée-là, mais putain c'que j'avais du mal à réagir à cause de leurs calmants. Dis-moi qu'c'est pas vrai, t'es pas vraiment là. Déglutissant péniblement, je regardai autour de nous mais tout se faisait plus clair au fur et à mesure que je me réveillais. C'est un cauchemar. Briony était rentrée. Elle était au milieu des malades. Pourquoi... pourquoi t'es là ? M'dites pas qu'elle est malade aussi. Mais elle pouvait pas être saine et s'être ramenée quand même si ? Je baissai les yeux vers son corps, constatant qu'elle avait ses fringues normaux. Pas des fringues de malade. Du tout. Mais elle avait pas de protection. Mais qu'est-ce qui t'a pris, pourquoi t'es venue ? Je me reculai doucement par automatisme. C'est pas vrai, c'est PAS possible, ma Briony peut pas être là, elle devait rester dehors, loin de ce satané virus, loin de moi, putain.

J'tais totalement consciente de ce que j'tais en train d'faire, que j'risquais ma vie, que j'pouvais crever entre ces quatre murs. J'le savais ça. Mais c'tait juste plus fort que moi, j'tais incapable de rester derrière cette baie vitrée. Si d'autres y arrivaient comme cette épouse, à voir leurs conjoints souffrir, eh bien soit, c'est leur choix d'vie. Moi j'peux pas. J'ai jamais suivi les règles, j'ai jamais été comme dans tout le monde.. et j'l'aime comme pas possible, comme on aime qu'une fois dans sa vie j'suppose. J'pouvais pas laisser Andy seul. J'suis navrée. J'étais rentrée dans sa chambre, ne perdant pas de temps pour m'allonger près d'lui. Très près d'lui. Sa présence m'avait vraiment manquée ces dernières semaines et j'avais l'impression que malgré la situation mon coeur se remettait à battre, à vivre.. T'es vraiment là... ? Son contact m'électrisait comme à chaque fois, ptete aujourd'hui plus que les autres fois. Oui, j'suis là.. lui répondis-je, ne quittant pas un instant Andy du regard, attendant d'voir quelles allaient être ses réactions. Dis-moi qu'c'est pas vrai, t'es pas vraiment là. J'fronçais un peu des sourcils. Il peut pas être encore un peu dans l'coma, histoire d'accepter ma présence correctement au lieu de trop réfléchir.. ? Andy allait commencer à s'inquiéter, j'en étais certaine vu comment ça démarrait.. Pourquoi... pourquoi t'es là ? Mmh. On allait m'poser souvent cette question ces prochains jours j'suppose. J'entendais les bips des moniteurs de plus en plus rapprochés. Ca ne valait rien d'bon tout ça, moi j'vous l'dis. Il pouvait faire une crise d'angoisse super facilement, j'l'inquiétais pour rien du tout. Mais qu'est-ce qui t'a pris, pourquoi t'es venue ? J'posa ma main sur l'épaule d'Andy après m'être un peu relevée, me mettant en appui sur mon avant-bas. Parce que j't'ai dit que j'serai toujours là pour toi et que j'pourrais mourir pour toi. C'tait pas que des paroles en l'air. C'tout, ça résumait un peu ma pensée. Tu peux pas m'virer, n'essaies même pas Andy. J'ai dû m'battre pour pouvoir rentrer ici alors j'reste maintenant. J'te laisse pas seul. Certainement pas. J'suis consciente d'mes choix. Vas-y, dis moi combien de tes proches auraient fait ça pour toi. Prendrait l'risque de perdre la vie pour toi. Maintenant, calmes toi.

Je pouvais pas accepter ça, je pouvais pas accepter qu'elle puisse mettre sa vie en danger de cette manière-là. Ou même de quelque manière que ce soit ! Elle devait pas agir si bêtement, en plus elle était enceinte, même si elle voulait pas d'ce bébé... Ça la mettait encore plus en danger. Mon regard se perdit dans le sien, j'espérais encore me réveiller et être seul, finalement. Ça me faisait du bien de l'avoir à mes côtés mais je ne supportais pas l'idée qu'elle puisse risquer sa vie pour moi. Elle se redressa, posant une main sur mon épaule et je frissonnai à son contact, ne la lâchant pas du regard en l'écoutant parler. C'tait un... cauchemar dans un rêve, ou un rêve dans un cauchemar, peu importe. Elle était là, c'était la part du rêve. Elle était en danger, c'était la part du cauchemar. Je ne savait pas comment je devais réagir, mort d'inquiétude, mais encore shooté par la morphine, trop pour pouvoir réagir vivement, j'étais condamné à la regarder dans les yeux. C'était pas moi qui arriverait à la mettre dehors au vu du peu de forces qu'il me restait, et maintenant qu'elle avait été exposée, les médecins ne la laisseraient certainement plus sortir pour éviter qu'elle ne propage davantage le virus à l'extérieur, au cas où... Je levai les mains, encadrant son visage avant de l'attirer jusqu'à moi pour l'embrasser. Oh gosh, ça faisait bien trop longtemps à mon goût que je n'avais pas fait ça, mais j'pouvais juste pas faire autrement dans la situation actuelle. Ensemble, hein ? Ptain c'était elle qui était censé avoir les hormones en vrac et c'était moi qui avais la tête à l'envers, pourtant... A ce rythme-là, le moniteur cardiaque allait finir par alerter les médecin. Je rompis le contact, la gardant près de moi et sans rouvrir les yeux. T'es folle Bri, complètement folle. J'le supporterais pas qu'il t'arrive un truc. Enfouissant mon visage dans son cou, pour appuyer mes paroles, je sentis ma gorge se nouer et la peur me tordre le ventre à l'idée qu'elle puisse tomber malade à son tour, vivre le calvaire que je traversais sinon pire, à cause de sa grossesse.

Andy avait pas l'choix de toute façon. J'tais désormais ici et pu rien ne pourrait m'faire sortir. J'allais rester avec les malades et ptete même faire partie de la troupe. Léo m'avait bien mise en garde de toute manière. Si j'y rentrais, j'assumais absolument toutes les conséquences de cet acte. Ce que j'allais faire. Qu'importe ce qui allait s'passer.. j'regretterai absolument pas. Parce qu'être auprès d'Andy, malgré tout ce qui avait pu s'passer, c'tait mon souhait l'plus cher. Même si ça mettait ma vie en danger. T'façon.. pour l'nombre de fois où j'avais voulu crever ces derniers temps.. ahem. Vous savez, c'tait paradoxal quand même cette histoire. C'est ici, dans l'endroit où j'risquais le plus d'laisser ma peau, que j'me sentais le plus vivante. Etre près d'Andy faisait de nouveau fonctionner mon coeur. Il était ma bulle d'oxygène.. Est-ce que tout l'monde ressentait ça quand il était avec la personne qu'il aimait ? Ou bien c'tait spécifique au vp eliot et moi.. ? J'penchais vers la seconde hypothèse mine d'rien. On est uniques susu. C'est mon Andy, c'est notre histoire, c'est notre vie qu'on écrit. Le jeune homme ne répondit rien à mes remarques et j'espérais juste qu'il allait souffler, s'reprendre en main et cesser de paniquer. Mais au lieu de ça.. Andy me rapprocha de lui pour m'embrasser. OMG OMG OMG OMG OMG thanks god, j'suis pas à un moniteur moi. Mon coeur s'emballait comme pas possible. Ca faisait teeellement longtemps qu'il avait pas battu fort. L'Eliot m'avait pris de surprise, j'pensais vraiment pas qu'il m'embrasserait aujourd'hui et putain que j'tais contente qu'il l'ait fait. C'était une pause dans notre pause.. fallait juste qu'on en profite. T'es folle Bri, complètement folle. J'le supporterais pas qu'il t'arrive un truc. J'me colla fort contre Andy, j'avais besoin d'le sentir contre moi. Il se sentait mal maintenant et c'tait uniquement d'ma faute.. J'suis désolée d'te faire souffrir de cette façon, vraiment. J'passa ma main dans ses cheveux, doucement, pour l'apaiser, avant de descendre dans son dos et sur son bras. Penses pas à ça. lui chuchotais-je, le serrant encore un peu plus, appréciant à sa juste valeur le bruit du moniteur. Dis toi plutôt que t'es pas seul. J'avais vraiment du mal avec les mots "ensemble" ou bien "je t'aime". J'aurai tellement pu les prononcer depuis talleur.. mais j'en étais incapable. J'voulais que ça soit lui, lui qui avait demandé la rupture, qui les dise en premier. Pas moi. J'aurai pas pu supporter d'rester de l'autre côté de la baie, vraiment, être impuissante, ne pas t'prendre dans mes bras pour t'rassurer. terminais-je finalement. J'étais incapable de suivre les règles.

Si les médecins trouvaient un remède contre la maladie, je n'avais pas la moindre idée de ce qu'il adviendrait de Briony et moi pour être honnête... J'étais plutôt dans l'optique que j'allais y rester et qu'on devait profiter, désormais. Je me serrais contre elle doucement, faisant attention à mes jambes qui étaient affreusement douloureuses. Mais j'étais surtout inquiet. J'avais Briony dans les bras, et si ça se trouvait, elle allait me suivre dans cet enfer, vraiment... J'allais m'en rendre malade s'il lui arrivait quoique ce soit. Je déglutis péniblement à nouveau, m'écartant très légèrement, juste assez pour pouvoir reposer ma tête sur l'oreiller et la regarder dans les yeux en caressant sa joue avec mes doigts. Je baissai néanmoins les yeux à ses dernières paroles, repensant à la crise que l'homme avait faite. J't'avais pourtant dit que j'étais pas seul... Me retournant légèrement, je levai péniblement mon poignet au-dessus de nous pour regarder à nouveau ce tatouage tout frais que j'emporterais avec moi partout où j'irais. Vraiment partout. Je reportai mon attention sur Briony à ses dernières paroles, sentant mon cœur se serrer. J'étais vraiment décidé à pas lutter Bri... J'tais vraiment décidé à me laisser crever, à laisser la maladie m'emporter en priant pour que ce soit rapide et indolore. Indolore ahah, un doux rêve, au vu de l'évolution des symptômes. Je baissai les yeux vers ses mains, entrelaçant mes doigts aux siens, silencieux. Comment j'étais censé faire maintenant ? Me laisser abattre par la maladie en sachant que Briony était juste là, prenant le risque de subir le même sort pour être avec moi ? J'ai peur Bri, peur de comment ça va s'passer, peur de m'dire que c'est quand il ne supportera plus la souffrance que le corps va lâcher... j'ai pas peur du reste. Je resserrai doucement sa main dans la mienne, conscient des mots que je prononçais, un peu trop même, sans doute. Je voyais la présence de Bri comme si elle était venue m'aider à supporter la douleur avant que ce n'soit enfin fini. Est-ce qu'elle avait conscience de ça... ?

J'savais pas ce qu'il fallait d'plus pour qu'Andy comprenne que je l'aimais comme une folle, que je me battrais toujours pour lui même si il avait eu l'impression du contraire avec la grossesse. J'tais prête à mourir pour lui tellement j'mettais notre relation en premier dans ma vie, alors que j'avais des amis pour qui j'devais rester ici, une famille, un bébé. Un chiot aussi. Mais non, encore une fois, j'avais tout mis en jeu pour Andy. Juste lui. Et si c'tait à refaire, j'le referai. Un millier d'fois même. J't'avais pourtant dit que j'étais pas seul... J'leva les yeux vers son poignet qu'Andy souleva avec difficulté au-dessus d'nous. C'est incroyable comment la maladie puisait dans ses forces vitales. Il était totalement HS et il faisait peur à voir, en mode zombie. Nous qui étions fans de The Walking Dead, on était servis. J'avais quand même peur de me retrouver dans l'même état, d'avoir autant mal, d'souffrir comme lui.. mais bon, valait mieux pas que j'pense à ça. C'pas la même chose. Y a une sacrée différence entre avoir une personne  son poignet avec un tatouage et avoir la personne dans ses bras, nan ? J'étais vraiment décidé à pas lutter Bri... ... pardon ? Mon coeur s'affola automatiquement en comprenant c'qu'Andy était en train d'me dire. J'avais l'impression de revenir un peu moins d'un an en arrière quand j'l'avais retrouvé en haut d'une tour, prêt à s'jeter dans l'eau. Non.. non, t'as pas l'droit d'rien faire, d'te laisser aller, t'as vraiment pas l'droit, j'le refuse Andy. J'peux pas vivre dans un monde où toi tu n'existes pu, c'pas possible. J'ai peur Bri, peur de comment ça va s'passer, peur de m'dire que c'est quand il ne supportera plus la souffrance que le corps va lâcher... j'ai pas peur du reste. .... biiiiiiiiiiiiip. Mon coeur était en train d'mourir c'bon. Restes calme Briony. Inspires, expires, ne pleures pas, ne cries pas, restes calme. C'normal qu'il pense ça, il a d'la fièvre, il a vécu des choses horribles ces derniers temps, ce n'est qu'une phase, tu peux lui faire retrouver la raison. Ses mains dans les miennes, j'en retira une de cet endroit pour aller caresser la joue avec douceur d'Andy. T'as vraiment pu envie d'rester... ici ? Ma voix s'tait brisée sur le dernier mot. J'acceptais pas qu'il puisse penser de cette manière. Tu veux pas faire en sorte de t'en sortir ? De dire fuck à ce virus qui pourra pas t'mettre à terre ? Et ta fille, tu y penses.. ? Et Anya ? Qui a perdu tous les membres de sa bande en un an.. ? Tu penses qu'elle va être comment ? Et putain.. moi ? T'y penses un peu ? NON. Tu vas rester ici. T'as pas l'droit de te dérober, c'trop facile. T'rends compte que si tu fais rien.. j'vais faire la même chose ? Parce que j'peux pas vivre sans toi. Autant dans une rupture, on peut encore s'parler et c'genre de choses. Mais là.. nan. Et dis pas que j'en suis pas capable, regardes où j'suis pour toi. J'espérais que ça l'aiderait à s'booster. Vraiment.

J'venais de remettre le sujet sur le tapis et clairement, mes mots avaient suffit à affoler Briony. En soi, ça n'avait rien d'étonnant, c'pas comme si je venais de lui dire que je comptais me laisser mourir. Est-ce que la donne avait changée maintenant qu'elle était là ? Peut-être, peut-être pas. Le silence m'avait répondu dans un premier temps, jusqu'à ce que Briony me dmande confirmation d'une voix brisée, comme si elle refusait d'y croire. Je baissai les yeux vers nos mains à nouveau, le cœur lourd et sans rien ajouter, parce qu'au fond, c'était pas une vraie question. Y avait plus de gens à qui je tenais chez les morts que chez les vivants désormais, le comble n'est-ce pas ? Même Reaghan, je n'avais pas réussi à la sauver de son cancer malgré la greffe. J'avais pas réussi à lui permettre de retrouver une vie normale plus longtemps qu'une demi-année et elle avait finalement succombé parce qu'on ne pouvait plus la soigner. Briony essayait de me dire encore de pas laisser tomber et je sentais mes yeux brûler. Une chance sérieusement que je n'avais justement rien d'autre que la maladie pour mettre fin à mes jours à l'heure actuelle, il était pas vraiment utile de dire que mon traitement contre la dépression avait été arrêté par crainte que ça n'aide le virus à se propager et ce genre de conneries, du coup j'étais surveillé. Je relevai les yeux vers Briony à ses derniers mots, le cœur serré et passant ma main libre sur sa joue. Si j'me battais finalement, ça serait clairement pas pour moi. Mais pour Bri essentiellement, Cora et Anya. T'es au courant pour Reaghan ? Ma ptite soeur, celle qui m'avait parlé des mecs qui la blessaient et qui m'avait permis de jouer au grand-frère protecteur, qui m'avait fait découvrir une autre facette de ma personnalité.. Celle que j'connaissais pas y a un an et demi et à qui j'm'étais pourtant très vite attaché, qui avait été assise au rang de la famille pour mon mariage et qui avait été présente pour mon anniversaire, j'avais déjà vécu plein d'choses avec elle en un laps de temps très réduit et on me l'enlevait aussi vite qu'elle était apparue dans ma vie. J'l'ai pas sauvée... Ça a pas marché Bri tu m'entends ? Reaghan est partie elle aussi. Je sentis les larmes me monter aux yeux, j'avais l'impression qu'j'allais exploser. J'allais vivre avec cet échec pour le restant de mes jours, comment c'était possible de se pardonner de ne pas avoir sauvé sa propre petite sœur ? Je pourrais jamais. Même si j'aurais rien pu faire de plus, ça avait pas marché et je pourrais pas l'accepter. Je sentis quelques larmes couler, juste assez surmonter ce blocage que j'avais depuis de trop longs mois, juste assez pour me soulager un peu.

Même si on était pu ensemble, on s'aimait encore. On s'aimait tellement fort.. Et pour moi, il était impensable qu'Andy vienne à disparaître. J'voulais pas l'enterrer lui aussi, pas après tous les autres morts. J'avais besoin de lui pour continuer égoïstement et j'voulais qu'il accède au bonheur. J'voulais qu'il arrive à se reconstruire malgré tout ce qui s'était passé. J'voulais qu'il puisse sourire à nouveau, qu'il soit apaisé véritablement. Même si on ne formait pu un couple, j'tais venue dans le côté des malades, risquant ma vie pour Andy, risquant la vie d'mon bébé. J'allais très certainement pas le laisser tomber maintenant. Si j'devais habiter avec lui à la Eliot House par la suite, car OUI il va s'en sortir, OUI il va pas crever ici, eh bien j'le ferai. Il était hors de question qu'il reste tout seul alors qu'il pensait à mourir. Non, j'le supporterais vraiment pas. Andy ne me répondit rien, du tout. Mon ventre se tordait avec violence, j'me sentais mal et heureusement que j'm'étais couchée.. J'quittais pas son regard, j'tenais encore fort ses mains. Ne me quittes pas Andy. T'es au courant pour Reaghan ? Pourquoi est-ce qu'il m'parle de ça.. alors que juste avant on évoquait l'fait d'rester en vie ? Tentative de changement de sujet ou bien.. ? J'fronçais des sourcils, attendant la suite. Cela faisait quelques semaines que j'avais pas pris de nouvelles de la jeune femme.. j'avais loupé un truc ? J'l'ai pas sauvée... Non. Non tu peux pas dire ça. Elle.. non. Encore une fois, j'tais en état de choc. Juste une fraction de seconde. Le temps d'assimiler la nouvelle. Ma petite soeur de coeur était.. partie ? Elle aussi ? Non.. mais comment ça s'passe ? On est damnés ? Tous nos proches vont y passer ? Elle était morte ? Vraiment morte ? J'savais qu'il ne lui restait pu beaucoup d'temps.. mais l'apprendre de cette manière, d'la bouche d'Andy, ça m'faisait mal. Mais j'me repris rapidement, mettant de côté mes émotions un instant. J'pouvais pas penser à moi. J'peux pas pleurer.. J'ai pas l'droit, malgré mon coeur brisé, malgré mes yeux qui m'brûlaient. Le regard d'Andy s'embuait petit à petit et j'sentis que c'tait le moment de rupture. Le jeune homme ne pouvait pu tout intérioriser.. j'avais essayé d'le faire pleurer à Yale, pour qu'il puisse se sentir un peu mieux.. mais c'tait enfin maintenant qu'il se lâchait. C'tait horrible de le voir craquer mais j'tais soulagé qu'il le fasse. J'avais l'coeur serré à voir mon Andy mal au point comme ça et j'me rapprocha d'lui pour l'entourer de mes bras, le serrer fort, en essayant d'pas lui faire mal. Si tu l'as sauvé. Grâce à toi, elle a pu vivre encore plein d'aventures, elle a pu profiter de ses amis, de ses proches, de toi.. Reaghan avait pu vivre quelques mois d'plus grâce à son grand frère. Elle est de nouveau chez les anges.. Avec Candice, avec tous nos morts. Tu as pu la faire vivre, tu lui as offert le plus beau des cadeaux.

C'était affreux comme je me sentais mal et pourtant, d'une certaine manière, la présence de Briony m'apaisait. J'étais mort d'inquiétude pour elle mais de toute manière, elle était déjà rentrée ; ce qui est fait est fait, elle n'allait plus pouvoir sortir, j'n'avais rien d'autre à faire qu'accepter sa présence, pas d'autre choix. Alors autant la laisser me soutenir, et profiter d'être avec elle, quand bien même je peinais à penser positivement ces derniers jours. Au regard de Briony, il ne fallut que peu de temps pour que je comprenne qu'elle n'avait pas été mise au courant du décès de Reaghan. Si Bri, elle aussi. Ta sœur de cœur a rejoint la mienne tu vois ? Ma ptite sœur. La logique aurait une fois encore voulu que j'm'en aille en premier, mais la nature s'en fout de la logique pas vrai ? La jeune femme se rapprocha pour me serrer dans ses bras et je fermai les yeux pour profiter de son réconfort, le cœur au bord des lèvres. J'lui annonçais tellement de mauvaises nouvelles à chaque fois. Comme Roxanna, elle allait finir par me voir comme un véritable corbeau. Annonciateur de malheur, susu. Je reniflai légèrement, tâchant de me concentrer sur l'odeur de son parfum pour oublier ma peine. Briony aussi souffrait de cette nouvelle. Je la serrai doucement à mon tour, avec le peu de forces que j'avais. Peut-être. Ou peut-être pas. J'ai rallongé son calvaire de quelques mois douloureux et de faux espoirs. Ahah. Et dire qu'au moment de la greffe, Briony et moi c'était... bizarre. Plus vraiment des ennemis sans être potes pour autant. Ça me paraissait tellement, tellement loin quand on regardait où on en était désormais. Je me redressai à peine pour embrasser sa joue, fermant les yeux. Je t'aime. Est-ce que c'était le bon moment pour lui dire ? Ptêtre. Vu la maladie, je savais pas trop dans quel état je serais dans les heures à venir, je pouvais tout aussi bien faire une crise avant la fin de la nuit et me retrouver séparé d'elle. Puis avec l'annonce de la mort de Reaghan, elle devait avoir le cœur en miettes, j'avais espoir que ces quelques mots l'aideraient à affronter ces malheurs qui s'abattaient sur nous.

Reaghan, ma ptite soeur, était partie. J'arrivais pas à m'en rendre compte.. Elle avait finalement été plus faible que la maladie. Est-ce qu'elle avait été plongé près de la barrière de corail durant ces derniers mois ? Là où elle m'avait dit vouloir aller il y a.. plus d'un an déjà ? Je l'espérais. J'espérais vraiment qu'elle avait réalisé tous ses rêves, qu'elle avait réussi à avoir tout ce qu'elle voulait dans la vie, qu'elle n'avait rien à regretter. Avery était proche de la jeune femme aussi.. un nouveau deuil pour mon ptit frère aussi.. Putain, c'est quand que notre trio, Andy, Avery et moi, on cessera de subir des pertes régulières ? C'qui le prochain sur la liste ? Qui on a en commun encore ? Ariane ? Blue Ivy ? Elia ? Who's next ? Putain de vie de merde. Peut-être. Andy ne pensait pas ces mots. Il devait avoir une vision nettement plus négative des choses, il était vraiment.. déprimé. Est-ce qu'il avait encore son traitement.. ? J'savais pas spécialement quoi faire pour lui remonter le moral, juste être présente à ses côtés, lui dire qu'il était important pour un tas d'personnes. Elle voudrait pas que tu sois aussi négatif.. Ca c'tait vrai. Et c'tait un conseil qu'il faudrait que j'm'applique à moi aussi. Reaghan aurait aimé qu'on vive pour elle, en son honneur, qu'on s'prenne pas la tête, qu'on soit juste.. heureux même si c'tait plutôt compliqué, j'en conviens. Andy se leva un peu, pour embrasser ma joue. J'ferma les yeux, profitant de ce contact tendre entre nous deux. J'pensais pas que j'y aurais encore droit vous voyez.. pourquoi fallait toujours qu'on soit ensemble dans les malheurs ? On pouvait pas être ensemble pour rigoler, pour aller voir ses aurores boréales, pour visiter l'monde.. A quoi ça servait d'étudier, d'aller en cours, alors qu'on pouvait profiter de la vie et faire ce qu'on voulait avant d'mourir ? Pourquoi est-ce qu'Andy et moi on pouvait pas s'barrer loin d'ici, juste tous les deux.. ? Je t'aime. Et si seulement ça pouvait suffir. Ma tête contre l'oreiller, j'sentis une larme descendre le long de ma joue pour aller mourir contre le drap blanc. Un "je t'aime" que j'avais eu après la rupture, après ce qu'il m'avait fait au bal, après tous les cauchemars que j'faisais le soir, après la mort de Reaghan.. ça m'faisait tellement du bien, vous pouvez même pas imaginer. Surtout que j'aurai été incapable de le prononcer en premier. J'captura les lèvres d'Andy, j'voulais profiter de l'homme que j'aimais le temps qu'il était encore en vie. J't'aime. lui murmurais-je à mon tour. J'entendis des médecins passer près d'notre chambre, avec dans l'groupe la voix de Léo. Mmh. Il allait s'faire tuer lui, j'en étais certaine. J'lui serai à jamais reconnaissante d'avoir risqué sa carrière pour moi, vraiment. Comment tu t'sens.. ?A propos de tout Andy. Des morts autour d'nous, de ton état physique, moral.. Est-ce que j'peux faire quelque chose pour t'aider ? J'caressa de mon pouce le dos de sa main. J'avais ramené des choses dans mon sac pour l'divertir, des trucs bidons hein.. mais j'pouvais toujours les sortir maintenant. A moins qu'il veuille dormir. Ark, j'pas pris le pyjama le plus sexy.

Briony avait raison. Dans son éternelle bonté, gentillesse et son optimisme, Reaghan aurait voulu qu'on ne retienne que les bonnes choses qu'elle avait pu vivre et non pas le fait qu'elle soit partie. Elle aurait aimé qu'on aille de l'avant, qu'on essaie de ne pas se laisser aller dans le pessimisme comme j'étais... comme ON était en train de le faire, tous les deux, il n'y avait qu'à regarder les bras de Briony pour savoir que je n'étais pas le seul. On ne s'infligeait simplement pas le même type de souffrance, elle et moi... Reaghan ne serait vraiment pas fière de nous et elle en aurait certainement pris un pour taper l'autre si elle avait pu être là. Sauf qu'elle en aurait plus jamais l'occasion... Mmh. Je devais vraiment arrêter de penser à ça, et c'est avec le cœur lourd que je tâchai d'être là pour Briony en lui disant que je l'aimais, des mots lourds de sens après tout ce qu'on avait traversé dernièrement. Malgré la rupture, malgré sa grossesse, malgré le fait qu'Hendrix soit le père, malgré le sale coup que j'lui avais fait au jour de l'an... j'l'aimais encore. Comme un taré, comme un dingue. Je détestais la voir mal comme elle l'était, et en dépit de la maladie, en dépit de mes envies de me laisser crever, j'allais tâcher de ne pas être un poids pour elle, tout faire pour lui changer les idées. Pour lui faire oublier l'état lamentable dans lequel j'étais, que j'allais probablement y rester... En réaction à mes mots, elle m'attira vers elle pour m'embrasser alors que je posais une main sur sa joue où la larme avait coulé, juste une petite larme mais qui m'en disait long sur ce que la jeune femme pensait. Le moniteur cardiaque s'emballa dès que ses lèvres eurent touché les miennes, mon corps entier réagissant à ce contact dont je ne me lasserais jamais. Ptain, j'avais pensé à la rupture que ça n'arriverait plus et on y avait finalement eu droit deux fois en l'espace de quelques minutes. Je posai mon front contre le sien quand elle rompit le contact, écoutant d'une oreille les médecins qui passèrent à proximité sans s'arrêter. Tant mieux... J'voulais pas qu'on soit dérangés, par maintenant. Je rouvris les yeux pour la regarder, me mordant les lèvres. Elle me l'avait dit aussi, malgré tout le mal que je lui avais fait. Même si sa présence-même suffisait à me le faire comprendre, l'entendre oser me le dire malgré tout c'était autre chose. Je l'embrassai de nouveau, plus brièvement, de quoi affoler mon cœur dont les battements étaient accélérés et franchement pas réguliers, mais Briony avait toujours eu cet effet sur moi depuis le Spring Break et ça n'était pas prêt de changer. Comment j'me sens ? Mmh... Je relevai doucement les yeux vers les machines, avant de regarder à nouveau Briony. Embarrassé, surtout. J'esquissai un léger sourire, replaçant une mèche de cheveux derrière son oreille. Disons que beaucoup de mathers auraient bien aimé être à ma place pour être drogué légalement... J'eus un léger rire qui avorta bien vite, se transformant en grimace alors que je tournai la tête pour tousser. Aoutch. Je soupirai longuement, refermant les yeux. J'suis shooté à la morphine et j'sens plus mes jambes, tant que j'suis dans cet état-là on va dire que c'est supportable...

Est-ce que l'enterrement de Reaghan avait déjà eu lieu.. ? Comment est-ce que j'avais pu ne pas être mise au courant du décès d'ma petite soeur putain.. J'aimerai lui jurer que j'vais profiter de la vie, en son honneur mais j'savais même pas si j'tais capable de lui faire ça. J'pouvais profiter du moment présent en tout cas. Comme avec Andy présentement. Tous les deux, on devait faire ça. Arrêter d'être à c'point pessimistes.. même si on avait toutes les raisons du monde d'l'être. Bref. C'tait tout un programme, trop d'choses à penser, à faire.. alors que tout c'que j'voulais c'est rester dans cette chambre d'hosto avec la personne qui comptait le plus à mes yeux. Après avoir prononcé "je t'aime" à mon tour, mots que j'aurai jamais pensé redire un jour à Andy ayant peur de me faire lyncher, le jeune homme se rapprocha d'moi pour m'embrasser à nouveau. Trois baisers en quelques minutes. Trois fois que j'entendais les moniteurs s'affolaient avec le rythme cardiaque d'Andy. Trois jours que j'esquissais un sourire. Mais c'est que j'lui fais de l'effet huhu. Comment j'me sens ? Mmh... C'est ça, t'as tout compris. J'quitta pas du regard Andy, attendant sa réponse, alors qu'il regardait les machines. Embarrassé, surtout. A mon tour, j'esquissa un sourire, amusée par la situation. Ne le sois pas voyons.. dis-je en m'approchant de ses lèvres, sans pour autant l'embrasser, rien que pour voir comment son coeur battait. Résultat concluant aooon. C'tait juste trop mignon. J'l'aimais tellement fort omg. Il était mien, totalement. Depuis le spring break.. bientôt nos un an, vous avez vu ? Disons que beaucoup de mathers auraient bien aimé être à ma place pour être drogué légalement... Il était à c'point drogué ? C'est Alex et Hendrix ouep qui seraient heureux à sa place. J'pinçais des lèvres quand Andy s'mit à tousser, imaginant ce qu'il vivait depuis que le virus s'était invité dans son corps. J'suis shooté à la morphine et j'sens plus mes jambes, tant que j'suis dans cet état-là on va dire que c'est supportable... C'est tant mieux alors.. En espérant juste qu'il ne devienne pas accro. J'vais m'occuper de sa dépendance, il ne deviendrait jamais junkie, j'vous l'promets. T'es tout l'temps sous morphine.. ? Fin t'as quoi comme traitement pour l'instant ? J'avais eu aucune information à c'sujet. J'savais même pas quels symptômes il avait exactement. C'tait vraiment frustrant d'pas être au courant, croyez-moi.

En plus elle s'amusait. J'étais gêné par ces fichues machines qui permettaient à Briony de connaître mes ressentis rien qu'en entendant les battements de mon cœur. Je pinçai les lèvres en la voyant s'approcher de moi pour affoler encore mon cœur, et ce petit air de satisfaction qui traversa son visage l'espace d'un instant ne m'échappa pas. C'est ça, profite. Mmh... Tant que la machine détectait encore des battements. Tss... Je déviai le sujet sur une pente un peu moins embarrassante pour moi, me moquant un peu au passage de la mather house. On change pas hein, c'est pas parce que j'étais défoncé et cloué au lit que j'allais devenir un bisounours, exagérons pas non plus. Mmh d'ailleurs parlant de Mather... Tu t'es condamnée n'empêche en venant dans ce trou pour me voir. Je déglutis péniblement pour réhydrater ma gorge sèche et repris. Dès que t'auras mis un pied dehors, Hendrix va te faire la peau lui-même. C'pas comme si t'étais enceinte de lui. Oui, oui j'suis au courant. Même si elle me l'avait pas dit, Apple l'avait fait à sa place et j'étais bien au courant que je n'étais pas le père. Je dérivai les yeux vers toutes les perfusions qui me trouaient de toute part. J'saurais pas vraiment te dire c'que j'ai comme traitement, ils changent tout l'temps... Ils essaient plein de trucs mais y a rien qui marche évidemment. Je soupirai et refermai les yeux. Quand la dose de morphine serait réduite un peu pour le réveil, j'allais douiller. Encore. J'allais avoir mal partout, la fièvre allait me donner l'impression de brûler vif, les maux de tête me donneraient envie de me frapper la tête contre un mur. Je rouvris les yeux pour regarder à nouveau la jeune femme. Mais ouais, jsuis constamment sous morphine... C'est juste invivable sinon, j'ai tous les muscles qui sont morts, toutes les articulations pareil et mes jambes... Je baissai les yeux vers mes cuisses avant de regarder le plafond. N'en parlons pas. C'est deg en plus, vraiment super moche, promet-moi qu'tu regarderas jamais. Ouais c'était pas très encourageant j'm'en doutais... Mais j'trouvais ça vraiment ignoble, les grosseurs, la couleur de la peau, tout était vraiment répugnant et j'voulais pas qu'elle repense à ça en me regardant, j'étais déjà suffisamment défiguré comme ça.

Tss... J'souris encore un peu avant d'vraiment accorder un baiser à Andy, manquerait pu qu'il n'y ait pas complètement droit, ça serait trop sadique. Autant pour lui que pour moi. Mmh.. n'empêche, il cassait du sucre après sur la mather. Alors qu'il venait d'échanger un baiser avec l'une d'entre elles ahem. On l'change pas hein. Tu t'es condamnée n'empêche en venant dans ce trou pour me voir. Oui, ça j'le savais ? Mais pourquoi Andy m'redisait ça ? J'comprenais pas spécialement où il voulait en venir pour l'coup. Dès que t'auras mis un pied dehors, Hendrix va te faire la peau lui-même. Own.. il était au courant. Il savait que c'tait Hendrix le papa.. Mmh. C'tait sûrement Apple qui le lui avait dit. Pour une fois qu'elle servait à quelque chose, elle m'évitait l'sale boulot pour l'coup. Dans c'cas j'vais m'enfuir loiiiin d'ici. chuchotais-je, alors que j'me demandais vraiment comment j'allais faire pour survivre à mon ex. Il va vraiment m'trucider putain, d'avoir mis en jeu la vie de son gosse. Omg. J'y avais tellement pas pensé à ça. Omg, omg, omg, que Dieu ait pitié de moi et soit miséricordieux. Il allait tellement être décu de moi Hendrix, tout comme tous mes proches en fait.. J'saurais pas vraiment te dire c'que j'ai comme traitement, ils changent tout l'temps... Ils essaient plein de trucs mais y a rien qui marche évidemment. J'fis une petite moue, il était un cobaye alors ? J'aimais pas cette idée, que les médecins pouvaient faire ce qu'ils voulaient de lui. Vraiment. Mais ouais, jsuis constamment sous morphine... C'est juste invivable sinon, j'ai tous les muscles qui sont morts, toutes les articulations pareil et mes jambes... Comment est-ce qu'un tel virus pouvait faire autant de dégâts sérieux.. ? J'touchais du bois, j'l'avais pas encore, mais Andy devait juste avoir l'impression d'être en Enfers sans la morphine. J'aurai dû aller m'en procurer chez Alex, j'aurai dû penser à ça, si jamais l'hôpital tardait à en redonner à Andy ou un truc dans l'genre. N'en parlons pas. C'est deg en plus, vraiment super moche, promet-moi qu'tu regarderas jamais. J'fixais du regard Andy, ne sachant pas vraiment quoi lui répondre. C'pas comme si on allait vivre tout l'temps ensemble ces prochains jours. Il va forcément changer d'vêtements de malade à un moment donné ou c'genre de connerie. Pourquoi tu veux pas ? Il avait pas à avoir honte. On était ensemble -tout est relatif- pour l'meilleur comme pour l'pire. Et c'tait le pire là.. T'as toujours autant de sex appel, t'inquiète pas. rajoutais-je en souriant, mais en étant très sérieuse. On essaie de remonter le moral des gens comme on peut huhu.

J'essayais d'pas y penser. Mais d'avoir évoqué la Mather House, ça m'avait fait penser à Hendrix. D'avoir pensé à Hendrix, j'pensais automatiquement à la grossesse de Briony et mon cœur s'était accéléré de nouveau mais pas pour les mêmes raisons que précédemment, détournant le regard pour ne pas avoir à regarder Briony dans les yeux, ou même Briony tout court. C'tait hard, et j'en revenais pas du nombre de personnes qui m'avaient reproché de pas accepter ça. J'aurais bien aimé les voir à ma place pour le coup, pour que j'puisse me foutre de leur gueule à mon tour. Sateen en tête de ligne, pour m'venger de la gifle qu'elle m'avait foutu, j'lui souhaitais d'trouver un mec, tomber enceinte de son ex et s'faire larguer tiens, elle comprendrait probablement mieux ma situation avec Briony. Le sujet dévia sur ma santé et c'était pas forcément.. mieux ? mais disons que ça éviterait à mon cœur de continuer à s'emballer parce que j'avais réussi à m'énerver rien qu'en pensant à Hendrix et à la grossesse. Mmh. Je soupirai longuement, baissant les yeux vers mes jambes. Pourquoi j'veux pas ? Ben, j'avais de bonnes raisons de pas vouloir. A moins que les jambes déformées soient devenues un critère de beauté, c'était pas vraiment une fierté quoi. Je jetai un bref coup d’œil à la jeune femme, ne m'attardant pas sur elle en reposant mon regard sur mes jambes. On voit vraiment qu't'as pas vu mes jambes. Levant doucement une main pour me la passer sur les yeux, je soupirai de nouveau. J'suis sérieux j'veux pas qu'tu voies. Ark, j'allais me débarrasser comment de cette amertume moi ? Y a pas un manuel ou une solution miracle qui explique comment se réjouir du fait qu'la fille qu'on aime soit enceinte de son ex ? Dieu merci, les médocs m'assommaient. J'vais dormir, j'suis crevé... Esquiiveee.