#02 - histoire d'un soir. (briandy & apple <3)

La vie n'est qu'un long rêve dont la mort nous réveille. La mort, mais aussi les emmerdes, les mauvaises rencontres, les problèmes d'argent. N'est-ce pas merveilleux que je les enchaîne tous ? Décès de deux des personnes qui comptaient le plus pour moi, notamment mon confident, mort suit à une noyade à la fin de l'état. Retour de la personne qui avait hanté mes cauchemars depuis mes dix-sept ans, depuis cette fameuse après-midi où j'avais perdu une partie de mon innocence, de ma joie de vivre. Problèmes d'argent encore et toujours. Disons que j'vise un peu haut avec mes dépenses et heureusement que je ne vis pas dans un appartement car je ne saurai pas comment je ferai vraiment. Avec y avait aussi les problèmes du quotidien. Comme le fait que sa meilleure amie veuille, comme si c'était tout naturel, se marier avec le mec qui l'a rendu cocu. Merveilleux. Sans prévenir qui que ce soit, ne voulant voir personne ce soir, je quitta la mather house mais aussi le campus pour aller sur cambridge. J'voulais tout oublier. Le temps d'une soirée. Oublier que j'avais une vie à la con. Oublier qu'avec le temps, ça allait empirer. Oublier que j'pensais qu'à moi, que des personnes vivaient avec des situations bien plus terribles que les miennes. Ca c'était mon passé Quincy qui me rattrapait. Je poussa la porte d'un bar dans lequel j'avais mes habitudes pour y avoir fait plusieurs soirées et me dirigea directement vers le comptoir. Le barman me reconnut apparemment et ne prit même pas la peine de me demander ce que je voulais avoir. Il le prépara automatiquement. Lorsque le verre arriva près de moi, je leva mon regard reconnaissant vers lui. Intelligent le bonhomme. Je joua légèrement avec la base du verre à bière, alors qu'une goutte d'eau salée glissa le long de mes joues pour mourir au creux de mes lèvres, avant de finalement en boire la moitié. Finalement, n'avoir qu'une faible résistance à l'alcool pouvait m'être utile ce soir..

En rentrant ici, je ne m'étais pas attardée sur le nombre de personnes ici De toute façon, qu'est-ce que j'en avais à foutre ? J'étais là pour arrêter de penser ou du moins ne pu penser aux emmerdes que j'avais quotidiennement. Manquerait plus que je connaisse quelqu'un qui me rappellerait Harvard et que toutes mes pensées reviennent. Je vida finalement tout mon verre de whisky et fit un signe au barman pour en avoir un second. Je posa mes coudes sur le comptoir et mis ma tête sur mes mains, tout en fermant les yeux. Je me massa les tempes doucement et essaya de calmer les battements de mon coeur qui s'étaient accélérés y a deux minutes, lorsque j'avais commencé à pleurer. Si j'étais en état de stress lorsque je buvais, j'pouvais trèèès rapidement partir en vrille. Et ça, c'était mauvais pour les gens autour de moi. J'étais dans ma bulle, tranquille, à attendre mon verre, quand j'entendis soudain un gros boum à côté de moi. Pour la première fois depuis j'étais arrivée, je fis attention aux gens accoudaient au comptoir comme moi, qui cherchaient sûrement aussi à fuir leurs vies. Près de moi, je pouvais voir un jeune homme qui avait l'air complètement ivre qui venait de se prendre apparemment le le bois du comptoir sur la tête en voulant juste se coucher, si j'avais bien compris la démarche de là où j'étais. Malin. Il devait déjà avoir enchaîné pas mal de verres pour en arriver à ce stade. J'aurai pu ne pas y faire attention, rester stoïque à ça (après tout, les personnes complètement out n'étaient pas spécialement rares dans les bars n'est-ce pas ?) mais lorsque mon voisin se releva un peu et que je fus apte à le reconnaître, je me mis à rigoler. Ça devait être nerveux tout ça. Andy McDougall, en train de se saouler dans un bar qui n'était peut-être pas miteux, mais pas loin de l'être ? Sans personne pour l'accompagner ? Ça c'était une situation exceptionnelle. Lorsque le verre fut enfin devant moi, je bus aussitôt la moitié avant de me tourner vers l'Eliot. Me fallait bien ça pour que j'trouve l'envie de lui parler et la bêtise de le faire. A va ? C'était de la politesse plus qu'autre chose. Mais si j'arrivais à lui soutirer quelques infos sur son mal-être, ma foi, j'étais preneuse. Ça pouvait toujours servir contre le mec qui a l'habitude vous pourrir la vie. Qu'est-ce que t'as ? Il avait vraiment pas l'air au point et le voir dans un état pareil, ça me faisait bizarre. Où était passé le mec arrogant, froid, fier.. ? En espérant qu'il soit suffisant saoul pour me répondre et qu'il ne me reconnaisse pas.. manquerait plus que ça.

J'avais bien assez d'expériences avec les ivrognes ou même plus globalement avec l'alcool pour me rendre compte à quel point Andy était saoul ce soir. C'était vraiment étrange de le voir dans une telle posture, lui qui avait l'habitude 'être le mec hautain, le mec aux bonnes manières, qui ne veut absolument pas faire honte à sa famille. J'pouvais mettre ma main au feu, tellement j'étais sûre que personne n'était au courant qu'il était là ce soir. En gros, si je fermais ma bouche, aucun étudiant d'Harvard saura qu'Andy McDougall est du genre à aller se saouler tout seul dans son coin. Minable. C'était le premier pas vers l'alcoolisme ça. Néanmoins, j'étais curieuse - malsain je sais - de savoir pourquoi il était dans un tel état. Et je ne tarda pas à lui demander, sans aucune gène. De toute façon, avec tous les verres qu'ils avaient dû s'enfiler, il devait même pas reconnaître et pas avoir conscience des mots qui pouvaient sortir de sa bouche donc ce serait carrément idiot de ne pas s'en servir. « Ils ont raison, j'suis qu'un mauvais père. Un putain d'mauvais père. Elle est toute seule à l'hôpital, elle s'bat, et moi... chuis là, et j'bois. » Alors là, j'fus prise de court. Comme une débile, j'avais pas pensé à la ptite à l'hôpital. Grâce à Charlie, j'étais au courant de ce qui se passait avec Cora, sans pour autant connaître les détails, et j'aurai dû penser à ça immédiatement. Je passa ma langue sur mes lèvres avant de finalement boire la fin de mon verre. Depuis quand tu dis que les autres ont raison ? J't'ai connu plus combattif. J'aurai aimé être méchante avec lui, vraiment. Mais le voir, sur ce bar, complètement désemparé.. ça me faisait quelque chose.. J'suis sûre que tu fais déjà tout ce qui est possible et puis, elle va bientôt sortir de l'hôpital, nan ? Ca faisait déjà un mois et demi que la petite était née non ? Depuis l'anniversaire de sa mère me semblait-il.. Je fis un signe au serveur pour pouvoir de nouveau avoir un verre. Juste pour moi. Pour l'instant, hors de question qu'Andy en ait un de nouveau.

Comment dire.. ? Je me sentais vraiment pas à l'aise là à côté d'un Andy complètement saoul et terriblement mal au point. D'un côté, toute la rancoeur que j'avais contre lui me disait de l'abandonner à son sort, tant pis si il a un accident par la suite vu qu'il arrivera sûrement pas à marcher droit en sortant d'ici, je serai tranquille et les Eliots auront enfin un vice président digne de ce nom. Mais de l'autre côté, mon passé Quincy me disait de rester. Andy avait besoin de compagnie. Il avait besoin de quelqu'un à qui parler, même si j'étais certaine que c'est pas de moi qu'il aurait voulu à la base uh. Il était en train de vivre ce que chaque parent redoutait. La peur de voir son enfant souffrir, de voir son enfant mourir.. Est-ce qu'Apple savait que son petit ami allait aussi mal ? Je me le demandais.. Andy releva son regard vers moi, embué. Pourquoi est-ce que ça me touchait à ce point, pourquoi j'pouvais pas être aussi insensible que je le souhaitais ? « Puis quoi ? Les docteurs prient pour qu'elle ait pas d'séquelle. Mais j'ai la poisse alors elle en aura forcément, elle va finir autiste ou trisomique et ce sera ma faute, elle aura pas une vie normale. » Et j'devais dire quoi là ? J'savais rien de la situation avec Coraleen, j'pouvais même pas lui dire un truc dans le genre "mais nan, tout ira bien", le truc bien bateau et surtout horrible. Les médécins de Cambridge sont brillants. Ils feront tout pour que ta fille soit.. normale ! C'était bidon c'que j'disais et ça n'allait certainement pas lui remonter le moral.

« Putain de dépression, j'sens encore que j'vais pleurer. Un autre verre, barman... ! » Je vis le barman se hâtait pour répondre à la demande, qu'il déposa à côté de moi. Et que je ne fis pas passer à Andy. Il était déjà bien assez saoul comme ça, pas la peine qu'il me fasse un coma éthylique maintenant. De quelle dépression tu parles ? J'voyais qu'il était pas prêt de m'en parler et je me mordis la lèvre inférieure, tout en réfléchissant. J'voulais comprendre de quoi parlait Andy. T'auras ton verre après. Non, il l'aura pas, mais tant pis. Si ça pouvait lui permettre de s'ouvrir à moi..

Il faisait pitié. Je devrais le prendre en vidéo rien que pour le montrer à tous les autres mathers, par pu acte de méchanceté. Il avait fait tellement de mal à certaines personnes, il en avait même détruit grâce à son argent ou bien grâce à ses paroles qui tombaient juste, qui étaient blessantes. Et toutes ses victimes, elles avaient le droit de voir dans quel état de débauche était le vice-président Eliot. Puis les Eliots aussi devraient avoir droit à ce privilège. Comme ça ils comprendront la connerie qu'ils ont fait en mettant à un poste aussi important dans leur confrérie un mec qui boit tout seul. Maiiiiiis.. d'un autre côté, si il est dans cet été, c'est qu'il devait bien avoir une raison qui le justifierait. Et quelles raisons bon sang.. sa fille. Je n'étais pas mère, heureusement d'ailleurs -autant pour moi, que pour le gosse - mais je pouvais comprendre ce que ressentait Andy. De l'impuissance. L'impression qu'on sert à rien, qu'on est spectateur et qu'on ne peut pas intervenir, même si c'est notre plus grand souhait. Alors, je savais pas quoi faire. Aider ses victimes et les venger. Ou bien essayer de comprendre le mec que j'avais jamais pu voir en peinture, juste parce qu'il avait ouvert en premier les hostilités à cause de ma sexualité. Dilemme. Pour l'instant, je préférai écouter. Quitte à me faire un jugement vers la fin. De toute manière, vu l'état dans lequel il était, complètement out, j'avais bien assez de temps pour prendre une décision. Quand Andy évoqua la possibilité qu'il repleure à cause de cette "putain" de dépression, je fus aussitôt.. intriguée. Pardon ? Une dépression ? Quelle dépression ? Qui, que, quoi, où ? Je pris en otage son verre, le questionna en échange de ce dernier, sachant pertinemment qu'il ferait tout pour boire. Que du vécu ça. En échange de l'alcool, on pouvait tout obtenir d'un ivre. Andy essaya de tendre sa main vers son trésor mais il était bien trop lent et pas vif pour un sou pour faire quoi que ce soit. « Si je réponds, tu me promets de me donner mon verre ? » J'haussa les épaules et regarda de là où je me montrais le vice-président Eliot. Je savais pas. Peut-être. Dans l'état dans lequel il se trouvait, un verre de plus, une verre de moins.. où était la différence ? Pis, comme ça, j'pourrais ptete obtenir plus d'infos. Sûrement. Donc ?

J'étais légérement impatiente d'apprendre la vérité. Andy se coucha contre le bar et me répondit enfin. « Tu vois, personne comprend... Les ptits friqués c'est tout... Ptain, ils imaginent pas comme on aimerait pouvoir vivre comme eux, au jour le jour, des fois... Oublier tout ça là, toutes ces responsabilités... » Il était en train de se plaindre, c'est bien ça ? Il était en train de faire passer les Eliots pour des.. victimes de leur rang et classe sociale ? Mais what the fuck là ? Oh les pauvres petits qui doivent régler quelques petits paramètres dans l'entreprise de leurs parents, signer des papiers pour montrer qu'ils étaient d'accord de gagner un peu plus d'argent. « Pff... Elysia elle a pu la chanceuse... Elle m'en voulait de l'avoir sauvée t'sais. J'ai jamais vu autant de sang de toute ma vie... partout. » Ma respiration se coupa pendant quelques secondes en entendant ça. Elysia a fait une tentative de suicide.. ? J'connaissais pas c'te fille personnellement. Juste de réputation. Andy l'aurait sauvé ? Quel sauveur, quel héros. (ironie, ironie..) T'as qu'à tout abandonner. Tu donnes des sous à des pauvres en Afrique, comme ça t'iras au paradis après, puis tu te ramènes chez les Mathers. Comme ça, tu seras libre. Plus de responsabilités, la liberté. J'étais en train de dire au mec que je détestais le plus actuellement de venir rejoindre la mather house. Hum hum. J'suis pas bien dans ma tête moi. Remarque, il va pas capter la moitié des mots que j'ai dis et même si c'est le cas contraire, sa réponse sera à l'opposé de ce qu'il pense. Ouuuuuuuh, mais c'est vrai ça. Je sortis discrètement mon téléphone de la poche, mode vidéo, en plein sur Andy qui ne s'en rendrait pas compte. Qui sait, sa réponse pourrait ptete me servir.

« J'ai envie de pisser ! » L'élégance, la classe, la retenue version Eliot. Ca envoie du pâté. Je me racla la gorge avec autant de finesse. On dirait des rustres sérieux.. Eeh.. ouai ? J'vais ptete pas l'accompagner.. naaan, faut pas déconner là. T'arrives à tenir débout ou pas ? Pitié, oui, tiens debout tout seul..

Mon téléphone en main, ouvert en mode vidéo, je filmais le jeune homme ivre devant moi, Andy. Cette situation me paraissait encore complètement irréelle. En fait, à l'image, il faisait encore plus pitié. Comment est-ce que les gens pouvaient lui trouver un quelconque intéret sérieusement ? Même si je l'avouais, il m'avait touché avec son histoire avec Coraleen, désormais, je ne voyais pu que l'homme que j'avais jamais apprécié. Est-ce que les gens qui se disaient être ses potes traînaient-ils avec lui juste pour son argent ou est-ce qu'il y avait vraiment quelqu'un de sympathique derrière ce personnage singulier, détestable ? « Mais non, mais non... La paradis ? Oh non, tu crois au paradis toi ? T'as qu'à dire à ton bon dieu tout puissant de sauver tes petits Africains s'il est aussi clément tiens, faudra m'expliquer pourquoi cet abruti fait rien pour les sauver et leur envoie famine et maladie heiiin. » Et paf. Touché et coulé. J'haussais les épaules avant de faire quoi que ce soit. De toute façon, m'engager avec lui dans un débat sérieux qu'était la religion dans son état, ça servait strictement à rien. C'est qu'une image. J'sais pertinemment que t'iras pas dans un paradis quelconque. T'es trop mauvais pour ça. J'avais dit ça comme si je lui parlais de la météo, ça en devenait bizarre comme conversation en fait. Drôle et paradoxale aussi. Le prendre en vidéo était vraiment une bonne chose. Au moins, j'aurai des souvenirs puis peut-être que je pourrais lui faire du chantage par la suite ? Ce serait se rabaisser à son niveau là. Mais pas grave, j'ai le droit d'être gamine aussi.

Il n'empêche que la partie que j'attendais avec impatience, c'était celle qui parlerait des mathers. J'espérais vraiment qu'il sorte que des fois, il envisageait de changer de maison ou quelque chose comme ça. Bon sang, qu'est-ce que ce serait épique, quel scoop ce serait ! « Nan j'irai pas chez les mathers, tous des épaves là-bas... Moi non ! Enfin, juste ce soir, mais tu vois, c'est exceptionnel quoi... Tiens tu l'as foutu où mon verre ? » Des épaves ? Comment ça des épaves ? Absolument pas ! Mais nawak l'image que les autres maisons ont de la mather house. Ils font de certains cas des généralités.. Mais oui, c'est exceptionnel, j'te crois va.. dis-je sans réelle conviction, m'amusant encore à jouer avec lui. Comment ? Alors qu'Andy tendait son bras pour attraper le verre qu'il attendait depuis quelques minutes déjà, je m'amusais à le bouger pour qu'il ne l'attrape jamais. Bien mal m'en prit. Le vice-président des Eliots fit preuve d'initiative et se leva pour prendre son dû. Grave erreur. Je le sentais rien qu'en voyant la vitesse avec laquelle il bougea. Nan, nan, nan.. s'il vous plaît. Si Dieu existe vraiment, sait-on jamais, s'il vous plaît, évitez moi de.. erk. Trop tard. Je sentis un liquide visqueux, chaud, avec quelques grumeaux, me recouvrir moi, mes vêtements, un peu mon visage, ma.. main. Nan, putain. Mon regard se tourna directement vers mon portable. Putain.. Couvert de vomi. Je ramena le portable vers moi et tenta de le laver avec mon haut, mais celui-ci étant sale aussi, ça n'avança à rien. « Oh... désolé. » Ses petits yeux et soin regard innocent du genre "gamin" m'énervaient encore plus. J'te promets que tu vas m'en payer un nouveau. Je tourna la tête vers le barman pour voir si il pouvait me donner du sopalin mais ce dernier était trop occupé à draguer. Sans aucune retenue, j'utilisa donc le t-shirt d'Andy pour essayer de sauver un peu mon portable qui contenait des tas de choses que j'aimerai beaucoup garder comme certaines vidéos hein. J'espère que tu vas me donner au moins ton t-shirt pour que j'puisse ne pu porter.. ça. dis-je en montrant du regard mon t-shirt. Beh tiens, manquait plus qu'il me laisse avec ce haut recouvert de vomi. Euké, j'étais pas enchantée de le voir ensuite torse nu -si jamais il le fait et qu'il est un peu gentleman, mais je n'espère pas trop non plus- mais bon.. j'fais avec les moyens du bord.

Pourquoi est-ce que je restais en sa compagnie sérieux ? Parce qu'à un moment, il allait commencer à désouler et pour rien au monde, je voulais être là quand il comprendrait enfin que j'étais Briony, la meuf qu'il peut pas voir en peinture parce qu'elle était bi. Quoique.. finalement, j'crois que j'aimerai bien voir sa tête quand il comprendrait qu'il m'a parlé. Et sans m'agresser. Ah non.. sans presque m'agresser. C'est pas mais le Andy que je connaissais plutôt bien commençait à refaire son apparition à force. Je devrais le resouler pour avoir un Eliot potable à nouveau. « Ahah oui, trop mauvais.. puis même, les ptits anges aux fesses à l'air qui tirent des fléchettes pour rendre les gens heureux c'est pas trop mon kiff non plus... » Bien, au moins sur ça, on était un peu sur la même longueur d'onde. Il savait au moins qu'il était mauvais. Puis il était aussi réaliste que moi sur les petits anges.. arg, mais qu'est-ce que je disais là ? J'étais en train de parler.. d'anges ? Dafuq. Tu.. t'es conscient que t'as pu détruire des personnes ou pas ? Ca te fait rien ?

Quand je vis qu'Andy tentait de se lever pour récupérer son précieux verre après que je me sois amusée avec lui, je sentis aussitôt la catastrophe. Qui ne se fit pas trop attendre. Son vomi n'était pas encore trop.. consistant, mais qu'est-ce que c'était dégeu. Je m'étais déjà fait vomir dessus en soirée mais.. erk. Jamais je m'habituerais. En plus t'as l'odeur.. oh bon sang.. pourquoi est-ce que j'suis allée voir Andy ? J'aurai dû rester loin de lui, pour être sûre de ne pas avoir d'ennuis. Et de garder mon portable aussi. « Oui, bien sûr. » Okay. C'était limite pas crédible du tout. J'allais devoir me demerder pour me repayer une portable.. à moins que.. que j'lui fasse signer un papier disant qu'il se chargerait de ça. C'était tordu mais pourquoi pas. Alors que j'essayais le peu de mon téléphone encore intact sur le haut propre d'Andy et que je lui demandais même de le récupérer pour que je ne sois pu dans cet état, celui-ci me répondit : « Hé là, c'est dégueulasse c'que tu fais ! Puis je t'aurais bien passé mon tee-shirt mais je le porte, désolé. » Enfoiré. Enfoiré même quand il est bourré. Il est merveilleux cet Andy n'empêche. Aucune galanterie hein. Et tu t'en fous que j'sois dans cet état à cause de toi ?

Des gens arrivèrent près de chez nous pour nettoyer ce qu'Andy avait fait alors que celui-ci partait en direction des toilettes. Je pris le verre qu'il lui était promis à l'origine ainsi que du papier et un stylo. Ouaip, je le voulais mon portable tiens. J'entra dans les WC pour hommes sans aucune gène et le vis en train de se rincer. Tu veux toujours boire ou pas ? Si sa réponse était positive, il devra alors signer ce bout de papier que je pourrais agiter par la suite devant lui en lui prouvant qu'il avait bel et bien accepté de me payer un portable. Par la même occasion, ça le fera flipper parce qu'il se rendra compte qu'il a passé une soirée bourré avec moi huhu. Au pire, le verre serait pour moi si il le voulait pas. C'était pas plus mal vu que c'est lui qui payait.

Alors qu'Andy terminait de faire ce qu'il avait, je regarda rapidement les quelques photos qu'il pouvait avoir dans sa galerie. Coraleen était encore et toujours là, dans diverses situations. Avec Andy, avec Apple, avec Charlie, le grand frère, dans un berceau.. c'était limite touchant de voir une famille aussi unie sur des photos alors que c'est l'inverse dans la réalite. Mais ça me disait rien du tout d'avoir une famille, à cet âge. Déjà que j'arrivais toujours pas à croire que j'étais la marraine du gosse de Jude alors mère.. haha, la bonne blague. Et pis, si j'avais un gosse maintenant, ce serait Hendrix le père.. ouuuh l'excellente paire de parents à qui il ne faut jamais confier un enfant. Quoique.. j'suis sûre que lui et moi on pourrait être super attentionnés, câlins, gentils, adorables avec le bébé.. m'enfin, n'allait pas croire que j'vais faire un enfant juste pour voir quelles seraient nos réactions. « J'ai finiiii. » C'était limite si j'allais l'applaudir pour entrer dans son délire. Je me pencha légérement pour voir si y avait pas trop de dégâts mais bon apparement il avait réussi à peu près viser. Biiiiien ! Tu te sens mieux au moins ? dis-je en rigolant. Nan, nan, nan, fallait pas que j'commence à l'apprécier. Certainement pas. Car lui, il allait tout oublier après avoir eu sa gueule de bois terrible et tout serait comme avant. Enfin, pour lui. Car maintenant, j'verrai les choses différemment.

Quand je lui annonça que j'avais envoyé un sms à Apple, je vis en temps réel Andy pâlir. C'est incroyable comme c'était rapide ! « Mais... Mais non, fallait pas ! » Je fronça les sourcils. J'attrapa une serviette dans un distributeur pour la tendre à l'Eliot pour qu'il puisse s'essuyer autre part que sur ses vêtements. Pourquoi ? Moi qui croyais que ça lui ferait plaisir de retrouver sa copine.. finalement, ptete qu'à cause de tout ce qui se passait avec Cora, le couple se déchirait ? Le portable que je tenais dans mes mains, celui qu'Andy m'avait donné -à voir si il allait pas le reprendre d'ici la fin de la soirée.- "Tu peux le ramener s.t.p ? J'te prêterai des vêtements en même temps, ahah. Merci, toi aussi !". Eh bien vouala une bonne chose de faite. Bon, le ramener. J'ai pas de voiture, j'ai pas de sous pour le taxi. Reste pu qu'à taxer à Andy ou y aller à pied. T'habites loin d'ici ou pas ? Je mis les deux portables dans ma poche juste après avoir répondu avec le nouveau mien -haha qu'est-ce que ce serait bien que j'le garde pour toujouuuurs- à Apple. Oui, je fais ça ! Par contre, je ne peux pas te dire dans combien de temps on arrive.. A toute à l'heure. Je commença à sortir des toilettes et même carrément du bar, attendant toujours Andy. Ca va pas ? T'as nouveau envie de vomir ? Pitié.. nan.

Je ne commenta pas ce qu'Andy venait de me dire, comme quoi il était devenu plus léger. Je comprenais parfaitement ce qu'il voulait dire par là et ça me faisait juste rire. Le premier vrai rire de la soirée, pas faux comme tous les autres que j'avais pu lui servir. Mais c'est que bourré, il était à peu près fréquentable l'Eliot là. M'enfin, quand il était dans une période d'euphorie, car dès que j'lui avais annoncé que j'avais prévenu Apple par sms avec mon portable récemment acquis, sa tête changea de couleur en quelques secondes. Ma foi, une connerie de plus, une connerie de moins à mon actif, qu'est-ce ça changeait ? De toute façon, à la base, j'avais prévenu Apple juste pour avoir des réparations et des excuses de la part d'un Andy sobre. « Elle va souffrir ! Attend tu m'as vu ? J'suis bourré ! » Biiiien, voilà une remarque pertinente de la part d'Andy McDougall. J'voyais pas vraiment ce qu'y avait de choquant dans tout ça.. fin, on a le droit d'aller boire de temps en temps.. m'enfin, c'est vrai qu'aller boire tout seul ça faisait peur. Surtout si c'était son conjoint. Ah mais fallait qu'il assume là. Et si tu lui dis que tu te sentais mal par rapport à Coraleen, elle va dire quoi ? Vous en discutez au moins de ça ? rajoutais-je à la dernière minute, avec un doute. Si ça se trouve, le couple ne communiquait pas.

Andy se sentit de nouveau mal et alla de nouveau vomir dans des wc cette fois, de quoi me rassurer. Je fis quelques pas vers lui et m'accroupis légérement à ses côtés pour vérifier si tout allait bien. Ca va pas mieux.. ? Finalement, c'était ptete pas une bonne idée de rentrer maintenant.. si Andy se mettait à vomir à tire larigot, avec juste moi comme cible, je sens que le voyage va être long, trèèès long. L'Eliot alla se rincer la bouche alors que j'lui demandais où est-ce qu'il habitait. « Harvard Square. » Je soupira. Bon sang, il aurait pas pu choisir un appart un peu plus craignos et habiter dans le coin ? Non, fallait que monsieur étale son argent et aille là bas uh. Merveilleux.. Tu fais quoi là exactement ? Je venais de sortir des toilettes, avec toujours le verre à la main au passage. Je fronça les sourcils en le voyant sortir des clés de voiture. Ah nan mais tu conduis certainement pas ! T'es bourré comme tu l'as si bien remarqué. Puis, j'tenais à ma vie merde. Il me dépassa, avec un air sûr de lui qui m'inquiéta un peu. Je termina le verre complètement, de quoi bien faire péter mon taux d'alcoolémie avec Andy n'avait pas choisi l'alcool le moins concentré et sorti à mon tour vu qu'il avait déjà payé.

Hum hum.. J'le voyais divaguer dangereusement à certains moments en train d'avancer vers une voiture absolument pas discrète. « Elle est là ma jolie titine chérie ! » Je m'approcha à mon tour, en ayant également une attitude pas tout à fait clair alors qu'il me tendit les clés. Je dus rester quelques secondes devant lui, hébétée. Il était sérieux là ? Apparemment oui, vu qu'il entrait sur le siège passager. Mais quel suicidaire c't mec.. j'ai pas le permis hého. M'enfin.. un sourire de gamine qui découvre son jouet de noël étira mes lèvres. Je m'installa sur le piège conducteur et passa le contact. Okay, mon père et mes frères m'avaient donné quelques leçons. A voir si c'était resté. Tu crois que t'es fou ? Je fis marcher la voiture sur quelques mètres pour sortir sur le parking après avoir allumé la radio naturellement. J'entra doucement sur la route qui était en pente. Pour l'instant, c'était pas trop compliqué. Jusqu'à que j'prenne de la vitesse et je m'arrête à un mètre d'un poteau in extremis.. Oops.. ? Sa voiture n'avait rien.

Alors que j'appuyais à fond sur la pédale de frein pour éviter d'abîmer sa belle voiture contre un panneau qui venait de sortir d'on ne sait où, Andy se prit le pare-brise. Avec une certaine violence. Ce qui me fit plus que rire en fait. Ouh putain, la bosse que tu vas voir.. Il allait croire en se réveillant demain qu'il avait été frappé. J'avais hâte de voir l'hématome changer de couleur. Ca allait être magnifique ! « Recule ! Recule ! » Eeeh.. ouai, j'aimerai bien mais bon.. alors qu'il jouait avec tous les gadgets de sa voiture, j'essayais de me souvenir où était-ce cette foutue pédale.. l'alcool que j'avais dans le sang ne m'aidait pas non plus à réfléchir. Au contraire parce que j'appuya même une fois à nouveau sur la pédale d'accélaration quelques secondes faisant faire à la voiture à un soubresaut huhu. « Maison ! » Hein ? La réincarnation d'E.T. est avec moi ce soir ? Je me tourna vers Andy avec des yeux ronds. J'croyais que justement il commençait petit à petit à dégriser mais en fait, absolument.. J'entendis alors un ptit bruit du côté de l'ordinateur de bord et mon regard fut attiré par cette nouvelle lumière. Un plan y était affiché qui menait droit sur Harvard Square. Wow.. Y a que les riches qui peuvent avoir ça hein.. nous, les "pauvres", on se contente d'utiliser notre cerveau et de bonnes vieilles cartes. « T'as vu comme elle est trop bien ma voiture ? La casse pas hein ! » Je ris nerveusement en entendant ces mots. Bah bien sûr. Tu l'aimes vraiment beaucoup Titine ? Juste pour savoir.. Je m'attacha cette fois aussi ne voulant pas subir le même sort que l'Eliot. Tu crois à la réincarnation ou pas ? Pour un mec qui croyait pas en Dieu, la réincarnation ça devait être pareil. M'enfin, j'étais sûre que j'serai un ptit papillon après.. parce que les papillons, ça symbolise l'innocence, la pureté, la beauté. Tout moi quoi. Puis qui se méfie des papillons ? Je remis très doucement le véhicule en route et suivis les indications du gps. Mais je roulais très doucement. J'savais que mes réflexes étaient pas bons et bon.. vu qu'aucune voiture me suivait, étant donné l'heure, j'pouvais me permettre ça. Pas sûr que les forces de l'ordre, si y en avait dans le coin, apprécient.

Les quelques voitures que j'avais connu durant ma vie avaient toutes un point en commun : jamais neuves, jamais modernes, avec des gadgets un peu partout. Rien que le fait que j'sois dans une voiture comme celle d'Andy était une chose que jamais j'aurai cru possible à moins d'avoir recours au vol donc.. « Oui... vraiment beaucoup ! » Il était presque attendrissant en parlant de sa voiture avec autant d'amour. C'est quand même con qu'il l'ait confié à quelqu'un qui n'avait pas le permis et encore moins le code, il n'empêche. Il devait être salement bourré pour faire ça. En espérant que je ne la détruise pas trop. D'ailleurs c'est pour ne pas penser à cette possibilité qui avait de grandes chances de se produire que j'parla de la première chose qui me venait à l'esprit. Ca aurait pu être d'Harry Potter, des exils fiscaux mais non, il avait fallu que ce soit de la réincarnation. Finalement les gens qui disent que j'ai un grain ont ptete pas tort.. Il n'empêche que sa réaction était tout à fait intéressante ! « Pourquoi ? J'vais mourir ? Tu crois que c'est possible de se réincarner en voiture ? Si oui je veux bien y croire ? Sinon, ben c'est nul... Imagine tu te réincarnes en moustique ? » .. mais qu'il est con de me sortir des trucs comme ça alors que j'ai sa titine en main. Je ris quelques instants avant de finalement lui répondre. J'dis pas que tu vas mourir.. mais n'enlevons pas cette hypothèse ! En voiture ? Franchement ptete.. tu préfères te réincarner en voiture plutôt qu'en gentil chat qui fout rien de sa journée si ce n'est glander ?

Je gardais la même allure lente, essayant de faire gaffe aux intersections, freinant plus qu'autre chose. J'en avais rien à foutre d'Andy -quoique- mais j'tenais à ma vie. J'voulais passer Noël quand même. Rien que pour avoir mes cadeaux nan mais oh ! Pis j'voulais pas mourir en compagnie du mec qui avait fait croire à April que j'avais des morpions hein. J'voulais une mort glorieuse ! « BRIONYYYYYYYYYYYY LE CHAAAAAAAAAAAAAAAATTTTTTT » Je tourna le volant rapidement sur la gauche faisant faire un magnifique dérapage à la voiture, tandis que j'appuyais à fond sur la pédale de frein. Un bruit sourd se fit entendre. La tête d'Andy à nouveau ou bien la voiture qui avait percuté quelque chose ? Je releva ma tête pour voir ce qui se passait et vis avec une grimace que je venais de foncer vers une grillage complètement défoncé. J'osais même pas regarder les dégâts sur la peinture. Et encore moins sur la portière étant donné qu'il y avait un petit mur de mon côté en plus. Haha, j'allais me faire tuer.. Tu t'es encore pris le pare-brise ? dis-je en pouffant légèrement. J'avança un peu la voiture pour pouvoir sortir et voir si ou non j'avais écrasé ce putain de chat. Le verdict fut sans appel. J'étais une meurtrière.

J'étais en train de parler réincarnation avec McDougall. En train de débattre sous quelle forme il fallait mieux revenir à la vie.. ça en devenait fantastique comme conversation sérieux. J'devrais nous enregistrer. Ca me prouvera demain que c'est pas l'alcool qui est la cause de tout cela, de ces souvenirs chelous. « Ouais c'est vrai... C'est pas trop dur la vie de chat. » Tu m'étonnes. J'hocha la tête de l'air de dire "oh que oui" avant de sourire. C'comme la vie des Eliots au final. Ils foutent rien de leurs journées, si ce n'est attendre que papa ou maman pleins aux as donnent un peu d'argent. Comme ça, ils peuvent aller acheter les professeurs et avoir que des bonnes notes. Et hop, le bulletin est beau, les parents sont en confiance, ils reprennent l'entreprise et voilà, l'économie mondiale va subir un crash. Trop d'ignorants et d'incapables aux commandes, ça donnera ça, c'est obligé. J'aime être une fille du peuple qui ne peut qu'assister au crash économique.

Le petit « Non... » que fit Andy ne me rassura absolument pas quant à sa future réaction. J'venais de rayer -uniquement vu la vitesse- sa belle voiture. Ca allait désormais faire tâche et c'est moi qui risquait de mourir ce soir. Je fis avancer doucement Titine pour pouvoir sortir et voir l'état du chat. Mort. En voyant les tripes ressortir, je dus me contrôler pour ne pas vomir comme Andy avait pu le faire à trois reprises ce soir. Je me remis doucement derrière le volant, blanche comme pas possible. « C'est peut-être pas si mal de se réincarner en moustique tout compte fait... » J'eus un ptit rictus nerveux. Ouaip, il a pas tort.. J'avais tué un chat. J'avais tué un pauvre chat sans défense qui voulait juste retrouver sa famille, ses petits.. ou alors sa maîtresse. Pourquoi les chats ne pourraient pas avoir de maîtresse hein ? « Allez Bri, on est bientôt arrivés ! » Le sourire d'Andy ne me fit pas sourire. Des sanglots commencèrent à se faire entendre. L'alcool faisait pour la première fois pour moi effet à retardement. Avoir tuer un chat me foutait vraiment mal. J'avais jamais fait de mal à une mouche -tout est relatif, n'est-ce pas, c'est une imaaage- et là.. J'vais aller aux enfers, j'suis devenue une meurtrière.. Je souffla un bon coup et remis la voiture en route, encore plus doucement qu'avant, limite vitesse piéton même si des fois, j'appuyais trop fort sur la pédale, stressée comme j'étais désormais.