#41 - Wicked Wonderland

Je me réveillais, je m'habillais, j'prenais mon sac avec toutes mes affaires de cours après m'être maquillée, coiffée et faite un minimum potable pour le bien des yeux des autres. C'tait toujours la même chose chaque matin, chaque jour depuis quelques mois. C'tait pas vivant, loin de là. C'était automatique et j'prenais pu de plaisir à vivre. J'le faisais parce que j'devais le faire et que j'voulais terminer rapidement mes études. Sinon, j'serai restée dans ma chambre sur le campus, à comater, à me morfondre sur moi même, loin des confréries. La mather house me manquait et j'savais vraiment pas si j'avais fait le bon choix en la quittant pour me reconstruire. T'façon, c'pas parce que j'ai quitté cette confrérie que j'étais pu avec ses membres et que j'tais moins mather. Loin de là, au contraire. J'avais tout repris dans mes vices que ça soit l'alcool ou bien la drogue. Ca m'faisait tellement du bien. J'avais réussi à aller au delà de mes peurs.. pour aller encore plus mal et m'oublier en fait aha. C'pas merveilleux ça ? C'tait pitoyable surtout, m'enfin fuck off tout comme qui dirait. J'arrivais à vivre de cette manière et ressentir un peu quelque chose. Ca m'suffisait amplement. Bref, j'avais pas cours aujourd'hui, j'allais pouvoir réviser comme bon me semblait histoire d'être super calée ce soir en rentrant. Ca allait me permettre de penser à rien d'autre qu'à ça. Pas de Keyla, pas d'Hendrix, pas de Wade, pas de Caleb, pas d'accident de voiture, pas de meurtre, pas de coma, pas de deces.. pas de rupture.. Parfait non ? Ecouteurs dans mes oreilles, j'écoutais de la musique (nan dec ?) histoire encore une fois de ne penser à rien sur le chemin à travers le campus.. sauf qu'il y a un néant entre penser à rien, être un automate et être une personne quand même attentive à ce qui se passe autour d'elle you know ? Et forcément que j'l'avais vu en marchant. Forcément. Fallait bien évidemment qu'il passe ici putain. Mon regard avait été automatiquement attiré par son profil, sa façon de marcher, son sourire que j'l'ai vu de face. Andy. Y'étais là, à Harvard et mon coeur venait tout simplement de se remettre en marche de manière douloureuse dans ma cage thoracique. J'avais envie de vomir. J'savais que mon deuil de notre couple était.. absolument pas fait, mais le prendre en pleine tronche, ça faisait vraiment pas du bien, croyez moi. Le voir marcher, sourire, envoyer des sms, respirer, être vivant ça m'faisait du bien autant de mal. Il existait encore.. c'tait pas une illusion, c'tait pas un enieme souvenir que j'avais de lui. Il était bien devant moi. Andy.. dear gad, j'vais faire comment pour passer près de lui, c'pas possible, j'en suis pas capable les gars. J'avalais difficilement ma salive, continuant d'avancer malgré tout mais plus doucement. J'suis censée faire quoi guys ? J'en savais rien moi.. j'tais perdue dans mes sentiments qui me revenaient en pleine face. Bref, j'marchais, j'fermais presque les yeux fermés pour faire comme si il était pas là tout en sachant que j'allais le regretter ensuite de ne pas l'avoir observer une dernière fois, j'essayais de me concentrer sur ma musique pour pas le voir lui, lui qui m'avait fait du mal, lui qui m'faisait pleurer, lui qui m'avait laissé tomber alors que j'avais eu besoin de lui plus que tout avec mon coma notamment et les lacunes dont j'avais écopé à cause de NOTRE accident de voiture. Connard.. connard mais j't'aime tellement putain. Sans le vouloir, j'fonçais dans lui, sans l'vouloir mon regard croisa le sien, sans le vouloir je m'arrêtais ouvrant la bouche ne sachant pas quoi dire. La bibliothèque n'était pas loin et c'tait l'endroit dans lequel j'voulais m'rendre sauf que j'pouvais pu bouger là.

Ça me faisait vraiment bizarre d'être de retour à Harvard. Je n'y avais plus mis les pieds depuis mon départ, depuis qu'après un entretien avec le Doyen, j'avais annulé ma reinscription. Depuis que j'avais tourné le dos à mes années d'étudiant pour me lancer pleinement dans la vie active en espérant oublier tous les problèmes que j'avais pu traverser entre les murs de cette université et ne garder que les bons souvenirs que j'aurai plaisir à raconter à Coraleen quand viendrait son tour. Je venais d'ailleurs pour elle, et pour Anastasiya, à qui j'avais recommencé à donner des nouvelles tous mes jours et que j'appelais régulièrement depuis que je l'avais prévenue de mon intention de quitter Cambridge. Elles me manquaient toutes les deux, c'était incroyable à quel point ça me faisait bizarre qu'elles soient si loin de moi. Alors en dépit de tous les souvenirs qui me revenaient en mémoire quand je passai les portes d'Harvard, j'avais le sourire, parce que j'allais revoir deux des femmes de ma vie sur trois, avec ma mère qui n'était pas du voyage. Les regards deviaient sur moi dans les couloirs, ils se demandaient sans doute pourquoi j'étais là. Portable en main pour surveiller l'heure, je m'épaulai finalement à un mur non loin de la bibliothèque, attendant qu'Anya ait terminé de bosser. Visiblement elle s'était pris le bec avec Kenny pour des broutilles et elle avait trouvé le calme ailleurs pour réviser. Je me redressai, prêt à faire les cents pas dans le couloir pour me dégourdir les jambes mais je ne tardai pas à me faire bousculer. Ah tiens, voilà encore un truc qui ne m'avait pas beaucoup manqué. Tu pourrais pas f... Mon coeur loupa un battement et mon sang ne fit qu'un tour quand mon regard croisa celui de la fille que je venais de bousculer. Sa peau blanche, ses grands yeux marrons, ses longs cheveux noirs. Je l'aurais reconnue à des kilomètres si toutefois je l'avais vie venir. ...aire attention ? Je ne bronchai pas davantage, ignorant comment réagir. Je lui en voulais toujours atrocement pour Wade, j'arrivais toujours difficilement à faire une croix sur elle et la croiser était une épreuve particulièrement douloureuse. J'étais même pas certain de vouloir comment ça se passait dans sa vie. Je voulais pas savoir s'il s'était encore passé des choses avec Wade depuis. Peut être même qu'ils étaient ensemble maintenant ? Erk. Rien qu'à cette pensée, je sentis ma mâchoire se serrer et je m'adossai de nouveau au mur alors qu'elle restait là, debout sans bouger. Faut dormir la nuit. dis-je sans la regarder et faisant référence tant aux cernes sous ses yeux qu'à son manque d'attention.

J'tais face à lui et j'tais pas en train de rêver cette fois-ci. Et j'avais certainement pas inventer une machine à remonter dans le temps guys. Andy était à même pas deux mètres de moi et ça m'faisait mal tout autant que ça m'rendait folle. Il était là.. ça faisait combien de temps qu'on s'était pas vu.. ? Longtemps. Quatre mois. Quatre mois sans ses nouvelles si ce n'était celles que j'avais par internet (les mcdougall sont connus après tout) ou bien par les potins.. voire en passant par Kenny pour en avoir par Anya. Oui c'est tordu et oui c'est malsain, m'enfin que voulez-vous mmh ? " Tu pourrais pas f... " J'arrivais pas à réagir. Andy m'avait reconnu.. sinon il aurait terminé sa phrase cash. Lui aussi il avait compris qu'on était mal barrés right now. Great. Pourtant, j'avais tout sauf envie de partir. "...aire attention ?" J'passais ma langue sur mes lèvres, remontant un peu mon sac sur mon épaule pour essayer d'avoir un peu de.. consistance et pas paraître totalement cruche ? Ou c'tait déjà fait ? T'aurais tout aussi bien pu faire gaffe et t'écarter. Ne pas m'excuser. J'pourrais sortir tellement de choses rien que pour contourner le mot "désolée" avec Andy là maintenant vous savez ? "Faut dormir la nuit." Mais regardes moi putain Andy, j'suis pas invisible. Est-ce que ça montrait qu'il était pas insensible à ma présence.. ? Sûrement.. mais ça faisait mal tout de mal. J'enlevais un de mes écouteurs de mes oreilles, arrêtant la musique. Dis celui qui dort jamais. répliquais-je en faisant référence à ses insomnies. Il était pas forcément bien placé pour faire ce genre de remarques mais lui en avait pas besoin vous m'direz.. de sommeil.

Si y avait bien une personne que je ne voulais pas croiser, c'était bien Briony. Évidemment je pouvais pas dire que ça ne me faisait pas du bien de la revoir, en chaire et en os et de la voir en bonne santé... enfin plus ou moins parce qu'elle avait pas l'air non plus très en forme. Mais au fond ça nous apporterait quoi ? Rien de bon n'est ce pas ? Ressasser le passé, les fautes de l'autre, se regarder dans les yeux et fixer bien en face la personne avec qui j'avais envisagé de vraiment partager ma vie. C'était compliqué, peut être bien trop. Je pouvais affronter la fosse aux serpents, entouré de riches, mais je savais que je n'étais jamais aussi vulnérable que facr à mes propres sentiments. Face à Briony en somme. Et c'était pour moi une malédiction, pire encore de constater qu'après quatre mois de rupture et sans la voir, j'avais toujours cet indéniable pincement au coeur. Celui qui me disait qu'on passait à côté de quelque chose et qui me compliquait la vie en refusant de disparaître. Ben voyons ça va être ma faute maintenant. Je levai les yeux au ciel en m'adossant au mur et lui lançant une remarque sans la regarder. Je me posais bien trop de questions quand je la voyais, j'imaginais trop de choses. Je me demandais comment elle allait, si je lui manquais. Je me demandais comment les choses se seraient passées si on n'avait pas bu autant au bal, si j'avais simplement assommé ce voleur qui s'était introduit chez nous, si j'avais pas embrassé Apple, si elle ne s'était pas tournée vers Wade quand elle allait mal. On refait le monde avec des "si", malheureusement, les bonnes idées arrivent toujours trop tard. Quand on se mord les doigts. Au moins je fonce pas dans les gens parce que je dors debout. Pourquoi elle restait là ? Pinçant les lèvres, je baissai les yeux vers mon téléphone. Pas de réponse d'Anya. Putain. Qu'elle se grouille.

Andy m'avait laissé tomber pile quand j'avais besoin de mon pilier pour ma reconstruction. Mon coma, par la faute de notre accident en mai, avait d'énormes conséquences sur moi et si il avait été là, tout aurait été tellement plus simple. Mais non. Notre rupture avait totalement pété ma fragilité qui était déjà précaire à l'époque. J'lui en voulais. J'lui en voulais de ne pas avoir cherché à comprendre pourquoi j'tais allée vers Wade, j'lui en voulais de ne pas m'avoir laissé une seconde chance alors que j'l'avais fait avec Apple. J'lui en voulais d'être carrément parti d'Harvard, ce qui ne me laissait pu l'occasion de le voir, même au détour d'un couloir. J'lui en voulais et j'aurai pu croire que la haine, la déception et la tristesse seraient plus fortes que tout. Sauf qu'il était évident que c'tait pas ça que j'ressentais face à lui et ça m'embêtait vraiment. J'aurai voulu être cinglante, j'aurai voulu lui faire comprendre que.. tellement de choses en fait. Mais c'tait compliqué. Et il me manquait tout simplement."Ben voyons ça va être ma faute maintenant." J'répondis rien. C'tait un débat sans fin et pour que dalle surtout. Et j'voulais pas perdre mon temps avec ça déjà que j'aurai même pas cinq minutes j'pense avec juste lui. Il devait attendre quelqu'un j'suppose.. "Au moins je fonce pas dans les gens parce que je dors debout." Il avait l'air pressé de partir. Andy voulait pas m'voir. J'devais être la dernière personne qu'il voulait croiser en revenant sur l'université j'suppose. C'tait mon cas aussi. Alors j'prends en note ton conseil. Dormir plus. J'demanderai aux médecins d'me filer quelque chose pour ça. Bim bam boum, évocation de notre passé commun, à nous deux. Maintenant Andy, sois vraiment Andy, pas un mec qui cherche à m'éviter.. sois mien ne serait-ce que dix secondes, montres moi que t'es pas insensible.

Elle répondait pas, tant mieux. Je sentais que de toute manière si le débat avait continué, ça aurait dérapé sur un règlement de compte qui n'avait rien à voir avec une simple bousculade dans un couloir. Je ne réagis pourtant pas quand elle me signala qu'elle en parlerait à ses médecins, avant de laisser échapper un petit ricanement. Tu peux essayer ouais, mais bon sur moi ça marche pas alors espère pas de miracle, répondis-je sur un ton un peu amer histoire de lui rappeler qu'elle n'était pas la seule à être mal. Je me mordis la langue et après un long soupir, je me passai une main dans les cheveux. Elle allait pas s'acharner à rester quand même ? Quoique depuis le temps, elle m'avait suffisamment prouvé qu'elle avait un goût très fort en matière de masochisme. Et moi j'étais piégé puisque je ne pouvais pas rentrer dans la bibliothèque sans carte étudiant. Pourquoi ils font si chier que ça a Harvard déjà ? Ah oui c'est vrai qu'un connard avait foutu des bombes. Great. Tu peux partir tu sais. Je te retiens pas. Je sentis mon coeur accélérer la cadence et ma gorge se nouer après ces quelques paroles. Ouais, il n'était clairement pas d'accord pour que Briony s'en aille malgré toutes les blessures qu'elle avait pu lui infliger, toutes les plaies béantes qu'elle avait laissées, sur lesquelles j'avais fermé les yeux, mais qui ne se refermeraient jamais. C'était bien pour ça que je faisais beaucoup plus condiance à ma raison plutôt qu'à mes sentiments. Ils m'avaient apporté de belles choses, mais surtout beaucoup de mal. Trop à mon goût. Je peinais à tirer un trait sur Briony et elle me rendrait la tâche plus simple si elle ne s'attardait pas.

J'avais été en couple plus d'un an avec Andy. Et pendant ces longs mois, il se passait un tas de choses. On avait vécu des trucs ensemble que les autres couples ne vivraient pas tout simplement et que nous deux, on ne revivrait pu jamais avec d'autres personnes à l'avenir. C'tait notre passé, ce qui faisait que notre relation était aujourd'hui ce qu'elle était. Et j'voulais pas tirer un trait dessus.. c'tait trop douloureux. "Tu peux essayer ouais, mais bon sur moi ça marche pas alors espère pas de miracle" Thanks. Lui aussi il m'rappelait notre passé, que j'le connaissais lui et ses problèmes de santé et il m'faisait comprendre qu'il fallait pas aller sur ce terrain là. Okay, j'ai capté mais mec, tu m'connais à force huhu ? J'savais pas quoi faire, pas quoi dire non plus. Fallait que j'parte, la situation ne rimait à rien.. on avait que dalle à s'dire et pourtant tellement de choses également. J'voulais pas m'éloigner de lui maintenant qu'il était là. "Tu peux partir tu sais. Je te retiens pas." J'levais les yeux vers l'ancien Eliot, ne le quittant pas alors du regard pendant quelques secondes. De longues secondes. Ses yeux étaient toujours aussi magnifiques, aussi bleus.. il était toujours aussi beau Andy c'tout. Même plus que dans mes souvenirs. Puis j'regardais autre part. J'voulais pas m'attarder comme ça aussi longtemps sur le jeune homme.. allez savoir pourquoi. J'aimerai bien. Ca serait plus simple. Ma respiration se fit plus compliquée d'un coup, j'avalais ma salive difficilement. J'regardais un mec passer derrière nous pour ne pas avoir à observer Andy. Sauf que j'peux pas.

J'avais tellement de choses sur le coeur, mais au final, on s'était déjà plus ou moins tout dit avec la rupture. Il n'y avait pas besoin de chercher midi à quatorze heures et se faire plus de mal encore. On s'en était déjà fait beaucoup, tous les deux. On savait dès le début que notre histoire était probablement vouée à l'échec et qu'elle nous détruirait sans aucun doute tous les deux au passage. Et on ne s'était pas plantés. C'était seulement arrivé plus vite que je ne l'aurais pensé, teop pour que je puisse m'y être préparé psychologiquement. À la place je m'étais surpris à rêver, à penser qu'on avait peut être une porte de sortie qui nous permettrait de rester ensemble, mais c'était évident qu'il n'y en avait aucune. Briandy n'était pas une histoire faite pour durer, voilà tout. Et ça me prendrait le temps qu'il faudrait pour accepter cette vérité que je connaissais pourtant déjà depuis un an et demi. Je me mordis les lèvres en entendant Briony me dire qu'elle aurait bien aimé partir mais quelle ne le pouvait pas. Pourquoi ? Je restai un moment sans bouger, avant d'enfin relever les yeux vers elle pour la fixer sans ciller. Sauf qu'on n'a plus rien à se dire tous les deux. Ça sert à rien d'essayer de gagner du temps pour je ne sais quelle raison. Elle ne se sentirait pas mieux après. Moi non plus... Je ne tardai pas à détourner à nouveau les yeux. Ça pouvait paraître stupide mais je savais que j'avais une mémoire visuelle et j'osais espérer avoir du mal à me rappeler de cette rencontre une fois qu'elle serait terminée. À tort évidemment. Parce qu'au fond je sentais déjà chaque mot prononcé se graver dans ma mémoire et chaque sentiment ressenti retourner mon estomac. Je détestais vraiment cette sensation d'être aussi vulnérable, aussi faible. J'aurais jamais dû la laisser avoir tant de pouvoir sur moi.

J'avais tout fait pour Andy, absolument tout ce qui était possible. J'avais notamment arrêté de me droguer pour lui et j'pense pas qu'un tas de personnes l'auraient fait.. ou non, auraient réussi. J'avais changé mon mode de vie pour lui, ma mentalité avait changé avec lui, j'avais plus ou moins arrêté de parler à mes meilleurs amis, j'avais pu le même cercle d'amis, j'avais accepté des choses, j'avais fait des concessions. J'avais cru en notre couple, en notre avenir, en Briandy. Oh oui que j'y avais cru. Et si c'tait sa mère qui nous avait fait rompre ? J'tais trop pauvre pour eux, j'faisais un déshonneur à la famille. Elle l'avait ptete forcé à rompre.. Non, j'devais pas commencer à chercher un facteur extérieur, sinon j'allais m'rendre encore plus folle même si cette hypothèse m'avait traversé plusieurs fois l'esprit pour être honnête. "Sauf qu'on n'a plus rien à se dire tous les deux. Ça sert à rien d'essayer de gagner du temps pour je ne sais quelle raison." Il m'avait regardé. Droit dans les yeux. J'avais eu droit à mon premier contact visuel prolongé avec Andy. Enfin. Et ça m'retournait totalement. Puis il avait détourné les yeux. Normal. J'm'approchais du mur pour m'y adosser également, mais quand même suffisamment loin du jeune homme pour pas qu'il fasse une crise d'angoisse parce que j'tais là. Mais j'tais déjà plus près de lui. Ptain, faut que j'arrête de jouer avec le feu guys. T'aurais très bien pu t'casser aussi et attendre Anastasiya, c'est sûrement elle que t'attends, autre part en lui envoyant un sms pour la prévenir. Mais tu l'fais pas. Pour la même raison que j'vais pas à la bibliothèque tout de suite. T'es aussi accro que moi Andy, c'tout, ça sert à rien de chercher une excuse.

C'était étrange comme situation pour être honnête. J'avais toujours évité Briony après notre rupture, elle aussi m'avait probablement évité. Et ainsi on ne s'était plus recroisé. Et là je revenais, comme par hasard je tombais sur elle, et en plus elle restait. Mon fort intérieur ressemblait à un veritable champ de bataille avec toutes ces envies et tous ces sentiments contradictoires qui m'envahissaient et me filaient la migraine. Ça ne s'arrêterait donc jamais ? On allait se torturer encore combien de temps elle et moi ? Après toutes nos ruptures et tout ce qu'on avait pu s'infliger, j'avais eu bon espoir qu'on s'oublie assez rapidement, mais c'était naïf. Pour tous les bas extrêmes qu'on avait eus, on avait aussi eu droit à notre lot de bonheur intense. La jeune femme s'adossa au mur non loin de moi, bien que suffisamment raisonnable, comme distance. J'avais pas envie qu'elle s'approche, pas envie qu'elle me touche, pas envie de sentir son parfum. Moins je me souvenais de ce que ça me faisait et mieux je me porterais... pourtant, ses paroles me firent tiquer. J'avais relevé la tête et froncé les sourcils, me redressant et me rapprochant d'elle jusqu'à m'arrêter face à elle. Je ne te fuirai pas Briony. Il est hors de question que tu ais encore le moindre pouvoir sur moi. Alors dis toi que si je reste, c'est pas parce que j'ai envie de rester près de toi. C'est parce que je n'ai pas envie de me cacher. Le moins qu'on puisse dire, c'était que ça me faisait... bizarre, de me tenir droit devant elle et lui dire ça. Et son parfum affolait mon coeur encore plus qu'il ne l'était déjà, mais tant pis. Oui c'est vrai, tu me manques. Oui ça m'arrive qu'au réveil, mon lit me paraisse vide. Mais à chaque fois que je me remémore notre rupture... Je regrette pas cette décision. Même si on me laissait le choix de revenir en arrière, ma décision serait la même. Je detournai les yeux quand quelqu'un sortit de la bibliothèque, mais ce n'était pas Anya, avant de reporter mon attention sur la jeune femme face à moi. Cette femme qui avait partagé ma vie le temps d'une année.

Ptain. Let me die. Il était près de moi. Genre.. tout près. J'tends mon bras, j'le touche. J'sentais son parfum, j'sentais son souffle contre moi presque. Non, come on, c'est beaucoup trop près pour que j'puisse le supporter les gars là, mon coeur et mon esprit vont jamais s'en remettre. J'reculais légèrement, d'un petit pas, par réflexe. J'avais peur d'Andy. Aussi bien sur le plan émotionnel, il était mon ex et avait encore une grande emprise sur moi.. que physique ? On peut l'tourner comme ça ? Si j'tais allée voir auprès de Wade c'parce que j'avais peur d'Andy physiquement et finalement, c'te peur n'était pas passée, même avec le temps. "Je ne te fuirai pas Briony. Il est hors de question que tu ais encore le moindre pouvoir sur moi. Alors dis toi que si je reste, c'est pas parce que j'ai envie de rester près de toi. C'est parce que je n'ai pas envie de me cacher." D'accord. Le message est bien passé. Et si jusqu'à maintenant on voyait encore un peu mes émotions, j'me refermais. Totalement. Il voulait qu'on s'parle comme ça, great. "Oui c'est vrai, tu me manques. Oui ça m'arrive qu'au réveil, mon lit me paraisse vide. Mais à chaque fois que je me remémore notre rupture... Je regrette pas cette décision. Même si on me laissait le choix de revenir en arrière, ma décision serait la même." J'détournais en même temps le regard, espérant que ça ne soit pas la russe et soupirais presque de soulagement en voyant un autre étudiant. T'as même pas réfléchi à c'te rupture, t'as même pas essayé de me comprendre. T'es comme toutes ces personnes qui m'ont jugé, qui nous ont jugé.. alors que pourtant toi t'as l'avantage de me connaître et de me comprendre. T'as même pas fait cet effort pour savoir pourquoi j'avais fait ça. T'as rompu et basta on passe à autre chose, elle m'apporte que des emmerdes l'autre alors on s'en sépare. J'me rapprochais de lui sans l'vouloir. J'avais besoin d'toi Andy, j'tais au plus bas psychologiquement parlant à cause du coma, à cause de ce qui s'est passé à l'appart, à cause de l'accident. J'devenais littéralement folle et t'en as strictement rien eu à foutre, tu t'es cassé avec ta mère puis voilà, fin de l'histoire. J'veux pas fuir non plus face à toi figures toi mais finalement t'as raison, on a pu rien à s'dire. Puis j'commençais à partir après l'avoir fixé quelques secondes.

Briony avait reculé un peu en me voyant approcher d'elle. Probablement tant mieux au fond. Si je lui faisais encore peur elle allait peut être detaler comme un lapin et finalement, ça serait pour le mieux. Je fronça néanmoins les sourcils quand elle prit la parole à son tour pour... ah. Pour régler ses comptes, on y était. Encore, parce que de toute manière, ça n'était probablement pas très différent de ce qui était ressorti le soir de la rupture. À la différence près que cette fois, je n'avais pas l'intention de couper court à ses accusations. Elle voulait remettre ça sur le tapis ? Très bien. Oh non te barre pas. Tu crois quoi, que tu peux me balancer tous les torts que tu veux bien me trouver et te casser comme si de rien était ? Certainement pas. Alors là non. J'avais mon honneur et j'étais pas d'accord avec elle. Ça fait déjà quatre mois et t'en es encore à ne regarder que ton nombril. Ouais t'étais mal. Ouais t'avais peur. En attendant tu ne m'en as jamais parlé. T'as jamais jugé utile d'établir une discussion avec moi. T'as pas jugé utile de me prévenir. T'as pas cherché de solution. Tu t'es contentée de chier dans la colle encore une fois et aujourd'hui tu te planques derrière tes excuses pour ne pas avoir à assumer ta connerie. Pour Hendrix tu me pretextais d'être ivre, pour Wade t'étais malheureuse et t'avais peur de moi depuis ton coma. De toute manière t'as toujours une bonne excuse, y a aucun moment où t'as porté tes couilles en disant oui j'ai merdé c'est de ma faute comme je l'ai gait quand j'ai roulé une pelle à Apple. T'as été égoïste et si je t'ai quittée c'est parce qu'on n'avait déjà plus rien d'un couple. Tu ne me parlais plus et t'as jamais non plus cherché à savoir comment je me sentais. Allô Briony, y a quelqu'un ? T'avais peur de moi parce que j'ai tué trois personnes, deux par accident et une par légitime défense. Est ce que tu m'as demandé comment je supportais d'avoir du sang sur les mains ? Jamais. On tenait des sourires en carton et on s'envoyait en l'air mais on partageait plus rien. T'as préféré te tourner vers Wade plutôt que chercher à arranger nos problèmes. Arrête de me blâmer comme si t'étais la pauvre victime et moi le seul coupable, le connard qui t'a lâchée alors que t'étais pas bien. On était tous les deux mal, on l'est encore maintenant. Prend tes responsabilités.

Si c'tait pour qu'on s'engueule et qu'on s'prenne la tête ça servait à rien. J'voulais pas de ça. Andy me manquait atrocement et en aucun cas, j'voulais qu'à chaque fois qu'on s'revoit on s'prenne la tête putain. Je l'aimais encore et j'voulais pas ça. Egoiste ? Surement mais j'l'avais toujours été, deal with it. "Oh non te barre pas. Tu crois quoi, que tu peux me balancer tous les torts que tu veux bien me trouver et te casser comme si de rien était ?" C'tait presque comme le soir de la rupture.. presque. Parce que ce soir là, j'l'avais supplié en quelques sortes de ne pas rompre et j'm'étais pas rendue compte de certaines choses. Après tout, j'lui avais tout balancé le soir même, sans aucun recul. Bad idea. Anyway, j'me retournais, faisant face à Andy, visage totalement fermé, m'attendant à tout. "Ça fait déjà quatre mois et t'en es encore à ne regarder que ton nombril. Ouais t'étais mal. Ouais t'avais peur. En attendant tu ne m'en as jamais parlé. T'as jamais jugé utile d'établir une discussion avec moi. T'as pas jugé utile de me prévenir. T'as pas cherché de solution. Tu t'es contentée de chier dans la colle encore une fois et aujourd'hui tu te planques derrière tes excuses pour ne pas avoir à assumer ta connerie. Pour Hendrix tu me pretextais d'être ivre, pour Wade t'étais malheureuse et t'avais peur de moi depuis ton coma. De toute manière t'as toujours une bonne excuse, y a aucun moment où t'as porté tes couilles en disant oui j'ai merdé c'est de ma faute comme je l'ai gait quand j'ai roulé une pelle à Apple. T'as été égoïste et si je t'ai quittée c'est parce qu'on n'avait déjà plus rien d'un couple. Tu ne me parlais plus et t'as jamais non plus cherché à savoir comment je me sentais. Allô Briony, y a quelqu'un ? T'avais peur de moi parce que j'ai tué trois personnes, deux par accident et une par légitime défense. Est ce que tu m'as demandé comment je supportais d'avoir du sang sur les mains ? Jamais. On tenait des sourires en carton et on s'envoyait en l'air mais on partageait plus rien. T'as préféré te tourner vers Wade plutôt que chercher à arranger nos problèmes. Arrête de me blâmer comme si t'étais la pauvre victime et moi le seul coupable, le connard qui t'a lâchée alors que t'étais pas bien. On était tous les deux mal, on l'est encore maintenant. Prend tes responsabilités." Ptain. Ca faisait mal de voir qu'enfin quelqu'un me disait les choses de cette manière. Toutes les personnes -c'est à dire.. Wade et Alex aha- étaient allées dans mon sens, me confortaient dans l'idée qu'Andy était un connard et ne m'ouvraient pas les yeux tout simplement. Pendant tous ces mois, j'avais gardé tout pour moi, j'avais pas pris spécialement de recul, j'avais été dans ma bulle. J'avais commencé à en parler y a seulement un mois, pendant le Housing Day, c'est à dire y a pas longtemps. Andy disait des mots qui étaient juste.. bon, pas tout, faut pas déconner non plus, il est aussi dans son monde, mais oui. Ca m'faisait mal, on allait finir par s'engueuler si on trouvait pas un terrain d'entente et notre relation allait empirer. J'restais silencieuse sans montrer forcément un signe de faiblesse.. ou alors fallait me connaître. Et Andy m'connaissait mieux que personne. Est-ce que c'tait toujours le cas maintenant ? Dans tous les cas, on s'en veut mutuellement pour une chose commune. Que l'autre n'ait pas cherché à établir la conversation. J't'en veux pour ça, tu m'en veux pour ça. Okay, mais par contre.. T'as tort de dire qu'on était pas un couple à c'moment là Andy. Parce qu'on pouvait juste pas parler à c'moment.. on était tous les deux, et on l'est toujours, traumatisés. Comment est-ce que tu veux qu'au bout d'une semaine, deux semaines.. on arrive à en parler ? J'dirai pas ça si t'étais le seul à avoir subi un traumatisme, comme avec Briacliff parce que là j'tais allée vers toi, j'avais pris soin de toi. Sauf que là, tous les deux on avait besoin d'attention et vu qu'on était tous les deux pas bien, on pouvait pas s'apporter ça.. comme on pouvait pas aller voir quelqu'un qui n'avait pas vécu la même chose que nous. T'as pas l'droit de dire qu'on était pas un couple, on était juste pas assez forts et il nous fallait du.. temps ? Pour nous reconstruire au fur et à mesure. Pour ce qui est de l'histoire d'assumer mes erreurs.. c'est vrai, j'les ai pas assumé immédiatement. Toujours pas sûrement mais en même temps.. j'préfère te voir comme le méchant pour pas que les regrets me bouffent encore plus, c'tout. Mais j'sais que c'est de ma faute la fin.. et pour tout ça, j'suis sincèrement désolée, parce que tu méritais pas ça. J'te dis ça quatre mois plus tard et le poids de ce mot n'est clairement pas le même que le jour J, j'espère que tu le verras.. J'cherchais pas forcément à c'qu'on remette ensemble, c'tait mort j'pense même si j'supoose qu'on avait encore des sentiments pour l'autre tous les deux, mais au moins enterrer la hache de guerre.

J'en avais encore tellement sur le coeur. J'avais encore tellement l'impression qu'elle oubliait à quel point ça avait été difficile pour moi de surmonter son infidélité avec Hendrix, à quel point ça avait été difficile d'admettre qu'elle avait été enceinte de lui et aurait gardé l'enfant s'il n'y avait pas eu la fausse couche. Aujourd'hui elle me reprochait le baiser avec Apple comme l'adultère ultime qui aurait du m'empêcher de la quitter quand j'avais appris pour Wade, comme si elle ne m'avait jamais trompé jusque là, alors que six mois plus tôt, elle me demandait d'élever le fils ou la fille de son ex avec qui elle m'avait trompé. Mais j'pouvais pas. Je pouvais pas remettre ça sur le tapis parce que je ne doutais pas un instant qu'elle n'était pas encore remise du décès d'Hendrix. Alors je ravalai ma rancune en silence mais dieu seul savait à quel point mon coeur battait fort et à quel point ma gorge me brûlait. Je l'écoutai en silence, elle non plus ne se montrait pas abattue mais cette discussion lui faisait probablement aussi mal qu'à moi. Quoique. J'n'en savais rien, d'où elle en était sentimentalement. Peut-être que c'était plus douloureux pour moi que pour elle, peut-être que non, peu m'importait. Alors on est d'accord qu'on avait besoin de temps pour parler. Seulement ça justifie pas que tu m'ais trompé. Encore. J'pouvais pas développer davantage le sujet Hendrix mais je ne pouvais pas ne pas le mentionner, parce qu'il avait pesé dans la balance. Cette histoire m'avait toujours pesé lourd sur les épaules, et si j'avais réussi à fermer les yeux, je ne le lui avais jamais pardonné. Mais tu te trompes en disant que j't'ai pas parlé Briony. J'l'ai fait quand j'ai éclaté la tronche à Feldt. Tu l'as vu aussi qu'ils m'ont gardé à l'hôpital, t'as vu aussi le verdict des médecins et tu t'rappelles très bien que j'étais au bout du rouleau quand je suis rentré dans ta chambre en fauteuil roulant. Je t'avais dit de pas t'approcher de Wade parce que je le supporterais pas. Je t'ai parlé, j'ai voulu communiquer avec toi et tu n'iras pas me dire le contraire... Je ne l'ai peut-être pas fait assez. Je ne l'ai très clairement pas fait comme il le fallait, je l'admets. Je sais que j'ai ma part de responsabilités et que j't'ai parlé de moi et de mon état mais que j't'ai pas parlé du tiens... mais j't'avais suffisamment montré que j'n'étais plus suffisamment fort pour te pardonner d'aller voir ailleurs si ça arrivait. Je m'arrêtai là, la gorge terriblement sèche. J'avais l'impression qu'à chaque mot que je prononçais, mon cœur s'effritait un peu plus. J'aurais jamais cru ça possible, mais comme quoi... tant qu'une personne n'est pas au fond du trou, y a toujours moyen de la blesser encore plus. Malgré tout, ça m'faisait du bien qu'elle me dise qu'elle était désolée. Ça n'était clairement pas suffisant mais c'était toujours un début. Je savais que quoiqu'il en soit, j'allais avoir du mal à pouvoir refaire confiance à quelqu'un complètement, que j'n'allais pas être capable d'être en couple avant longtemps. Mais ça m'aiderait, peut-être. Je l'espérais. Va-t-en maintenant... s'il te plaît, dis-je en détournant à nouveau les yeux et en prenant une grande inspiration.

"Alors on est d'accord qu'on avait besoin de temps pour parler. Seulement ça justifie pas que tu m'ais trompé. Encore." True. Même si j'l'avais pas trompé pour moi, même si j'tais pas allée bien loin, même si j'avais rien fait concrétement.. j'avais merdé, j'avais foutu en l'air notre couple. Okay. J'allais devoir vivre avec ce poids sur les épaules maintenant. "Mais tu te trompes en disant que j't'ai pas parlé Briony. J'l'ai fait quand j'ai éclaté la tronche à Feldt. Tu l'as vu aussi qu'ils m'ont gardé à l'hôpital, t'as vu aussi le verdict des médecins et tu t'rappelles très bien que j'étais au bout du rouleau quand je suis rentré dans ta chambre en fauteuil roulant. Je t'avais dit de pas t'approcher de Wade parce que je le supporterais pas. Je t'ai parlé, j'ai voulu communiquer avec toi et tu n'iras pas me dire le contraire... Je ne l'ai peut-être pas fait assez. Je ne l'ai très clairement pas fait comme il le fallait, je l'admets. Je sais que j'ai ma part de responsabilités et que j't'ai parlé de moi et de mon état mais que j't'ai pas parlé du tiens... mais j't'avais suffisamment montré que j'n'étais plus suffisamment fort pour te pardonner d'aller voir ailleurs si ça arrivait." Puis sinon.. il essayait pas de se rappeler du début du summer camp ou j'avais quand même fait en sorte de m'occuper de lui un minimum, comme si on était pas des inconnus ? Où on avait passé des aprem ensemble.. pas forcément à parler, mais à être là pour l'autre. Quand j'faisais des crises ou quand lui en faisait. C'bien beau de me dire que j'avais rien foutu mais c'tait pas vrai. Mais putain, ça faisait mal d'avoir tout ça dans la tronche. J'avais pas envie de répliquer, pas envie de me prendre la tête. J'avais juste envie de craquer mais pas devant lui, pas devant les gens qui pouvaient passer dans le couloir. J'me sentais juste mal et la culpabilité commençait à faire son chemin à travers mes sentiments. C'tait fini pour moi aujourd'hui. J'aurai dû m'casser dès que j'avais compris que c'tait Andy qui était là. J'aurai pas dû persister dans cette direction, j'savais que j'allais être encore plus bas moralement. "Va-t-en maintenant... s'il te plaît" J'le regardais m'éviter du regard, j'le voyais qui allait pas bien et ça m'frustrait, m'donnait encore plus envie de pleurer. J'disais rien, j'lui lançais un regard puis j'rentrais dans la bibliothèque pour m'foutre dans un coin. J'voyais Anya au loin bosser tout en causant avec quelqu'un. Ouai, c'tait bien elle qu'Andy attendait. J'rangeais ma carte étudiante, j'm'installais et j'commençais à pleurer. En silence. Mais ça m'brûlait les yeux, j'avais envie d'arrêter de me contenir et ça m'tuait de savoir qu'il était à vingt mètres de moi derrière ces murs. Mais c'tait comme ça, c'tait définitivement fini et j'devais m'y faire.

Elle ne disait plus rien, moi non plus... cette fois c'était terminé. Le silence était retombé dans le couloir et je lui avais demandé de partir. On se faisait trop de mal, ça ne servait à rien qu'on continue encore et encore à se justifier l'un comme l'autre. De toute manière, dans deux jours, j'allais poser le pied dans un avion et je m'envolerais pour le Japon, elle ne me reverrait à nouveau plus du tout et c'était bien mieux comme ça pour nous deux. Peut-être bien que d'une certaine manière je l'avais fuie en quittant Harvard... mais pas elle seulement. J'avais fui l'échec de notre couple alors que j'y avais tant fait reposé d'espoirs, j'avais fui l'échec de mon mariage avec Apple parce que je n'avais pas su voir qu'elle n'était pas la bonne, j'avais fui, surtout, ma réorientation qui me rappelait à chaque minute, chaque seconde que ma vie que tout n'était qu'une succession d'échecs pour moi et que mon rêve ne se réaliserait jamais parce que même mon coeur était défectueux. Au fond il ne me restait plus qu'Anastasiya et Coraleen dans ma vie et je ferais tout, désormais, pour les garder. Briony finit par tourner les talons, en silence, passant la porte de la bibliothèque et disparaissant de mon champ de vision alors que je reportais immédiatement mon attention sur le paysage à travers la vitre, retenant mon souffle en sentant les yeux me brûler. Sérieux, je faisais quoi là ? J'allais craquer ? Encore ? J'en avais tellement assez d'être faible face à cette histoire et je n'en revenais pas d'être encore dans cet état quatre mois plus tard. Le coeur lourd, je fermai les yeux pour tenter de me calmer quand j'entendis la porte de la bibliothèque s'ouvrir de nouveau. Mais ça n'était toujours pas Anya. Non, c'était encore Briony, qui me tournait le dos et s'éloignait dans le couloir. Je ne dis rien, me mordant les lèvres, mais quand elle fut de retour, je ne sus pas résister à l'envie de lui rattraper le bras à l'instant où elle s'apprêtait à retourner dans la bibliothèque. Briony... Je la fixai un instant dans les yeux, constatant que les siens étaient rougis par les larmes. Les miens ne devaient pas être bien mieux, remarque. Je soupirai longuement et l'attirai vers moi pour la serrer contre moi, passant une main sur ses cheveux et embrassant son front. Prend soin d'toi chouchou. J'aurais voulu lui dire que je l'aimais encore, pour qu'elle le sache, pour qu'elle n'oublie pas malgré le temps qui passe et malgré la distance. Mais les mots ne sortaient pas, c'était bien trop difficile, surtout que je voyais un peu ce dernier échange comme un adieu. C'était fini entre nous deux et je lui disais au revoir comme je me devais de le faire : en l'aimant une dernière fois avant de disparaître dans la nature, de m'effacer de sa vie.

J'avais tout fait péter. Finalement toutes les fois où j'avais cru que j'arriverais à faire mon deuil, où j'croyais vraiment le détester ect.. c'tait que du vent. J'tais toujours au même stade depuis quatre mois. J'l'aimais encore. Comme une folle. Comme quand tout allait bien. J'pourrais pas m'remettre en couple avant un bon moment, le temps que j'aimais Andy. Il serait toujours avec moi. Les larmes coulaient silencieusement sur mes joues, j'me cachais derrière les mains sur mon visage mais c'tait.. beaucoup trop dense pour que j'puisse rester ici, dans un endroit silencieux. J'avais laissé mes affaires pour aller aux toilettes, chercher des mouchoirs, craquer. J'avais mal. J'avais l'impression que j'arriverai pas à m'arrêter de pleurer. Mes yeux me brûlaient, mon corps était sans contrôle. C'tait vraiment.. horrible. J'avais perdu Andy, j'avais perdu totalement l'homme que j'aimais, l'homme qui m'rendait heureuse, mon premier vrai amour. C'est un amour qu'on ne pouvait vivre qu'une seule fois, aussi passionnel, aussi prenant, aussi destructeur. Il m'avait fait tellement de bien. Il m'avait tellement aidé à évoluer, à grandir, à prendre conscience de qui j'tais. J'devais énormément à Andy et j'lui avais jamais dit merci. J'avais été bonne qu'à lui faire du mal en retour. J'avais tout foutu en l'air. J'avais foutu en l'air ma relation avec mon âme soeur, avec le bon. Celui qu'on cherche toute une vie. J'me calmais, j'essayais de me remotiver, j'espérais qu'Andy était parti. Mon maquillage était out, j'ressemblais à rien et j'limitais les dégâts avec du mouchoir, en enlevant le maximum. Fallait que j'sois naturelle, fini les artifices. C'tait un peu comme une métaphore de ma vie ça, mine de rien. Fallait que j'arrête d'être cette autre personne qui n'était pas moi. J'tais vulnérable, faible et fragile en c'moment, j'devais faire avec. Et pas essayer d'être quelqu'un d'autre. J'revenais vers la bibliothéque, remarquant qu'Andy était toujours là à attendre et mon coeur se serrait. Les larmes menaçaient de nouveau couler, j'avais envie de vomir, j'avais envie de me précipiter dans ses bras, qu'il me dise que c'tait rien, qu'il m'aimait, j'sais pas n'importe quoi, qu'on en reste juste pas là. J'sentis une pression contre mon bras quand j'passais à côté de lui et mon coeur me lâcha. Tout simplement. J'tais pu habituée à ressentir autant d'émotions, c'tait nouveau. "Briony..." Mon regard dans le sien, j'vis qu'il était pas mieux que moi. Ca m'faisait encore plus de la peine. J'avais merdé, j'avais vraiment tout foutu en l'air pour rien. J'avais.. putain, tout était de ma faute, j'avais.. tout. Absolument tout failé.. j'pouvais pas supporter ça. Andy était pas bien, il était au bord des larmes. Il était jamais au bord des larmes, il arrivait toujours à s'contenir. Et pas là. J'me haissais. J'arrivais à lui faire du mal alors que j'aimerai qu'il m'oublie pour pas qu'il souffre. J'aimerai qu'il soit amnésique pour qu'il soit heureux. Mais j'veux qu'il se souvienne de moi paradoxalement.. malgré le temps et la distance. J'voulais être à lui pour toujours. Le jeune homme m'attirait lui et j'me laissais faire, me blottissant dans ses bras, une de mes larmes mourrant dans sa veste. Ca m'faisait tellement du bien, d'être contre lui, de sentir son parfum, d'avoir nos coeurs battant ensemble, d'être complémentaires. J'me sentais petite dans ses bras, protégée, aimée. Mais c'tait qu'éphemère."Prend soin d'toi chouchou." Il voulait m'détruire c'est ça l'idée ? Il voulait que j'pleure contre lui ? C'tait un adieu sans haine finalement. Du moins.. un adieu qui se voulait soft alors. J'devais faire quoi ? J'le repris dans mes bras. C'est malsain d'se faire du mal ainsi mais j'voulais pas qu'il m'voit pleurer et déjà que c'tait dur de ne pas sangloter.. j'voulais lui cacher mes larmes que j'pouvais malheureusement pas contrôler. Chouchou et Loulou. Briandy. Lui et moi. Pour toujours et à jamais. J'l'embrassais légèrement, sur sa joue, plus ou moins près des lèvres sans être indécente. Oublies pas de faire des dons à des associations.. dis-je en m'écartant légérement de lui en souriant un peu, rigolant légèrement. Tout en essuyant les yeux rouges. J'essayais de prendre ça bien, avec philosophie mais c'tait dur. J'pris ses deux mains dans les miennes. J'espérais qu'il avait encore notre tatouage.. j'voulais pas vérifier. Nous oublies pas. J'me mordis la lèvre.. ne sachant pas si c'tait maintenant que j'étais censée aller bosser alors que j'étais tout sauf en état, si y avait quelque chose à rajouter. J'avais pu quoi dire. Je t'aime. Il avait été mon tout et il ne sera jamais rien.

Ça pouvait paraître con. Certains comprendraient, d'autres se demanderaient : mais s'ils s'aiment et s'ils sont malheureux sans l'autre, pourquoi ne sont-ils pas ensemble ? La vie sépare parfois les chemins. Une succession d'événements peut être la source d'une séparation de deux personnes qui pourtant s'aiment. Il arrive que parfois, on ne parvienne plus à aller de l'avant et qu'un retour à la case départ et une remise à zéro s'impose. Je ne pouvais plus être avec Briony, je n'y arriverais plus. Nous prenions des chemins différents, elle trouverait un autre homme qui la rendrait heureuse. Quant à moi... moi, je veillerais probablement à ne plus jamais donner mon coeur. Anya avait beau vouloir me convaincre du contraire, j'étais persuadé que je n'étais pas fait pour être en couple. Que je n'étais pas fait pour les concessions, pas fait pour essuyer les déceptions et me relever à chaque fois. J'allais probablement continuer ma vie seul, finir seul. A chacune de mes ruptures avec Briony, je l'avais pensé, et désormais... J'y pensais on ne peut plus sérieusement. J'avais besoin d'être seul et me connaissant, ce sentiment ne me quitterait pas de sitôt. J'aurais probablement des aventures, oui. Mais jamais rien de sérieux, je ne m'en sentais plus capable, au plus profond de moi et ce n'était pas la rupture qui me le faisait penser. Je n'aurais probablement jamais su rendre Briony pleinement heureuse. Je n'aurais certainement jamais su la combler comme elle méritait de l'être. Notre relation avait été intense et inoubliable mais elle méritait aujourd'hui que je lui rende sa liberté pour qu'elle puisse se reconstruire après cette rupture qui nous avait tous les deux anéantis. Je fermai les yeux en sentant ses lèvres se poser sur ma joue, pas très loin de mes lèvres, mais suffisamment pour me faire frissonner. Je rouvris les yeux en acquiesçant doucement, un léger sourire aux lèvres, léger sourire qui ne tarda pas à s'effacer quand Briony me demanda de ne pas l'oublier... de ne pas oublier ce qu'on avait représenté, tous les deux. Levant une main, je caressai doucement sa joue avec le pouce. Les plus bizarres d'Harvard, ça s'oublie pas. J'eus un très léger rire, avant de la serrer à nouveau dans mes bras, fort, comme si ma vie en dépendait, en fait. Je n'avais pas envie de la lacher, je voulais continuer à sentir son parfum encore et encore, pouvoir l'enlacer au réveil, la réconforter lors de ses mauvais rêves, la soutenir dans les épreuves difficiles, prendre soin d'elle. Mais ça n'était plus mon rôle. Alors doucement, je relâchai mon étreinte, le coeur au bord des lèvres, jusqu'à me reculer de deux pas pour rétablir la distance entre nous. Mes mains lâchèrent les siennes et ça y est, j'avais rompu tout contact entre elle et moi. Vas-y. Au fond, je me promettais d'être toujours là pour elle. J'me promettais de toujours avoir une pensée pour elle, et de souhaiter son bonheur à chaque nouvelle journée. Je me promettais, tous les ans, de fêter Noël, même si j'étais seul. Juste pour décorer le sapin en souvenir de ce qu'elle souhaitait pour moi. Non, je ne l'oublierais jamais. Elle m'avait changé.

Ce moment qui était en train de se passer était super symbolique. Il était charnière entre mon avant et après rupture avec Andy. C'tait peut-être la dernière fois que j'le voyais même si j'me doutais du contraire. Harvard est petit, si il revenait pour Anastasiya j'serais présente. Et même hors contexte des études, on allait s'revoir. Sûrement pas dans un mois ou même dix, mais ça s'comptait en années. On avait un lien qui nous tiendrait toujours ensemble, j'en étais persuadée, qu'importe le mal qu'on s'était fait, que j'lui avais fait surtout. C'tait le bonheur qui comptait plus à présent. Puis Coraleen.. ? J'allais pu du tout la voir ? Je m'étais attachée à elle pendant un an. J'l'avais vu grandir, apprendre à marcher, à parler, à s'amuser, à taquiner ses parents, surtout son père. J'm'étais attachée à elle, j'm'étais habituée à l'idée d'être une belle-mère et Coraleen d'avoir une autre figure maternelle j'suppose. Loin de moi l'idée de remplacer Apple. Andy et Coraleen avaient été ma famille, ils le seront toujours. Même si on avait rompu, on avait grandis tous ensemble et ça part pas ça. J'pourrais jamais les oublier, j'pourrais jamais les mettre en dehors de ma vie, j'en étais pas capable. J'avais demandé Andy en mariage, j'lui avais demandé de me promettre qu'on reste ensemble. Où est-ce qu'on en serait si on s'tait mariés ? Aucune idée. L'idée de famille aurait été moins abstraite et officieuse. Car là, elle compte que dans mon coeur. Andy posait sa main contre ma mâchoire, son pouce contre ma joue et ce contact me faisait frissonner.. me rappelait tant de souvenirs. Sur le bateau au SB, là où il m'avait offert la moto, quand on s'tait revus avec son voyage à Hawai, mes overdoses, nos retrouvailles après nos disputes, toutes les fois où il me regardait avec son sourire en coin avant de m'embrasser.. et tellement d'autres choses. Juste assimiler à un geste de sa part. "Les plus bizarres d'Harvard, ça s'oublie pas." Tu m'étonnes. A l'évocation de ce souvenir, j'eus un haut le coeur (que j'cachais naturellement) mais qui m'rendait vraiment mal. J'tais pas bien là maintenant. Ré-évoquer ainsi notre passé, nos récompenses, notre parcours aussi.. c'tait violent. Finalement, ce bal avait été l'aboutissement de notre couple. On avait réussi à être reconnu et respecté à Harvard, à s'faire accepter en tant que couple et pas un duo improbable. Les étudiants avaient compris qu'on pouvait vraiment s'aimer et que les adultères peuvent mener à de belles choses finalement. Tout avait commencé comme ça.. par un adultère, par une trahison rompue et ça nous avait fait vivre sûrement les plus beaux moments de notre vie, car tout allait nous paraître sombre et monotone par la suite. Andy se détachait de moi totalement après m'avoir serré fort dans ses bras. Fort comme jamais il l'avait fait. Fort comme si il voulait pas m'laisser partir même si il devait le faire. "Vas-y." J'regardais Andy, j'crois que j'avais de nouveau les larmes aux yeux. C'est comme ça que tout s'finit alors ? C'est là que j'suis censée partir comme dans les films et te lancer un dernier regard avant de passer la porte.. ? Sûrement, sauf que j'ai toujours été un troll qui savait pas se taire quand il le fallait et qui voulait gacher les beaux moments ? Non, j'voulais juste pas partir j'vous jure. J'voulais rester près d'Andy, à jamais. J'me mordis la lèvre avant de prendre sur mon poignet un de mes bracelets, que j'avais depuis bien longtemps et qui m'était précieux émotionnellement, car datait de mon enfance avec mes soeurs. Merci pour tout ce que tu as fait pour moi pendant cette année et demi. T'as été la plus belle chose qui m'soit arrivée malgré les bas. J'retiendrais que les hauts dès que la culpabilité voudra un peu s'atténuer. Merci pour m'avoir fait sentir vivante et m'avoir fait comprendre un tas de choses, m'avoir fait grandir. Sois certain que maintenant j'serai moins crédule aha. J'te rendrais fier. J'te le promets Andy. J'prenais sa main dans la mienne pour mettre ce bracelet. Je sais pas si c'est une bonne idée, mais comme ça Coraleen aura un souvenir de sa belle maman. Dans tous les cas, gardes le avec toi, j'serai toujours avec toi. C'est un cadeau précieux, valeur sentimentale importante. Mais jartes moi steuplait.