#42 - We meet again

feat briony & andy ✖ La journée n'en finissait plus. Sur les recommandations de mon psychologue, j'avais commencé à rédiger un livre il y a quelques mois de ça, dans le plus grand des secrets parce qu'à mes yeux, personne ne devrait le lire. Un peu comme un journal intime géant puisqu'il s'agissait ni plus ni moins d'une autobiographie, j'y avais tout écrit, de mon plus vieux souvenir aux derniers avant la publication. Parce que oui, finalement, je le publiais. Mon psy l'avait lu, il trouvait que je faisais d'immenses progrès et m'avait demandé si je me sentirais capable d'assumer tout ce que j'avais écrit... si ne plus rien cacher pourrait me soulager les épaules. Et la réponse était bien entendu positive... j'avais donc contacté un éditeur et me voilà, peu de temps après la sortie du livre, en pleine séance de promotion. J'aurais jamais songé qu'un jour, ce serait moi qui ferait des dédicaces pour quelque chose. J'avais déjà fait des interviews, j'avais déjà assisté à ce genre d'événement... mais jamais en tant qu'homme populaire. Enfin, j'étais extrêmement riche, mais je n'étais pas une star et ça me faisait particulièrement étrange d'avoir un public, tout à coup. Les gens avaient l'air d'avoir apprécié mon livre pour beaucoup d'entre eux, il les avait touchés, semble-t-il. C'est ce qu'ils me disaient. J'ignorais si ça me faisait du bien, ou pas, pour l'instant... j'avais vraiment tout déballé. La mort de Keanu, ma relation avec Apple, avec Briony, tous les hauts, les bas, les erreurs de mon existence, je n'avais plus de secret pour tous les gens qui lisaient mon bouquin, moi qui étais pourtant si réservé d'ordinaire quant à mes émotions. Je peinais à réaliser ce qu'il m'arrivait pour le moment, si bien que j'eus la tête qui finit par tourner, j'avais la sensation d'étouffer dans cette masse de gens qui m'appelaient et me tendaient le livre qu'ils avaient acheté. Oliver... j'ai besoin d'une pause. Le garde du corps acquiesça d'un signe de la tête et je ne tardai pas à me frayer un chemin parmi les gens pour regagner les coulisses de l'événement, étourdi. Je soufflai longuement en m'asseyant, repensant à ma récente agression d'un mec qui voulait du fric et qui me valait aujourd'hui un gars ressemblant à un frigo qui me suivait partout tant ma mère était inquiète à l'idée qu'il arrive quelque chose à son fils unique. Je reviens, dis-je au boloss en me dirigeant vers les toilettes en espérant me semer, je voulais juste essayer de me changer les idées et je n'y parviendrais pas avec ses yeux fixés sur moi. Arrivé aux toilettes, mon regard balaya les murs avant de s'arrêter sur une fenêtre. Ni une ni deux, je l'ouvris et me glissai à l'extérieur en sortant mon paquet de cigarettes. Là, ça serait une vraie pause. Seul, dehors, avec mon amie nicotine. Y avait pas grand monde et la nuit tombait, j'avais droit au coucher du soleil. Ça allait clairement me faire du bien.

feat briony & andy ✖ New York. Magnifique ville n'est-ce pas ? Une ville dont j'avais eu l'occasion de fouler les pavés.. que trois fois. La première fois avait été avec ma bande de potes il y a presque deux ans maintenant, new york n'avait été qu'une étape dans notre voyage pourtant ça m'avait bien marqué. Par la suite, ça avait été en compagnie d'Andy quand j'avais accepté d'être auprès de lui dans son monde. Ca avait été une vraie mise en danger pour moi car totalement inconnu. Mais j'l'avais fait, par amour pour Andy, pour qu'on puisse être ensemble et que j'lui prouve que j'pouvais le faire tout simplement. Et la troisième et dernière fois était aujourd'hui. J'tais sur new-york pour quelques jours. J'étais loin d'être ici pour faire du tourisme, loiiin de là. J'tais actuellement en 5e année de sociologie et de langues. Mais c'tait plus mon cursus majeur qui nous importait. Shamus Khan était un professeur titulaire au département de sociologie de l’université Columbia (eh voui susu). Ses travaux portaient principalement sur la sociologie culturelle et la stratification sociale ce dont j'étudiais actuellement en cours, et notamment sur les élites. (forcément les eliots de mon cursus s'étaient carrément plus intéressés au cours d'un coup) Pour sa thèse de doctorat, il avait réalisé l’ethnographie d’un internat d’élite dans lequel il a été élève et il faisait une conférence à NY. Etant donné que mon choix de thèse allait bientôt s'faire, j'préfèrais m'ouvrir toutes les portes possibles et voir tous les sujets que j'pouvais aborder. J'avais donc décidé de venir sur NY.. Etheureusement que j'l'avais fait. J'tais arrivée ici le mardi soir et la conférence avait lieu le jeudi matin. Pendant le mercredi, j'avais pu me promener un peu dans les rues de cette belle vie. Qui dit rues, dit vitrines. Vitrines = pub. Mon regarda avait été automatiquement attiré par son nom. Même de loin j'reconnaissais le profil de ce nom. Andy McDougall. Wrong. Andy Evers McDougall, mais j'suppose que ce n'est qu'un détail. Vous auriez dû voir ma tête quand j'ai compris pourquoi son nom était sur cette vitrine, sur cette feuille de papier. Une autobiographie. Really ? Mon coeur s'était serré, mon ventre s'était tordu et j'avais eu cash les mains moites. What the hell. J'tais rentrée dans le magasin, j'avais acheté ce fameux bouquin et j'tais retournée à l'hôtel, dans l'upper west side forcément. Ce livre, un pavé soit dit en passant, parlait d'Andy, parlait de sa vie, de ses sentiments, de tout. J'me sentais mal à l'aise de lire ça sachant que j'connaissais déjà pas mal de choses.. parce que d'autres personnes étaient désormais au courant de comment il se sentait, comme pour Keanu ou bien Apple, ou Stan, ou son enfance ou juste tout en fait. J'me sentais pas bien, parce que d'autres personnes le connaissaient maintenant aussi bien que moi et ça m'frustrait. Il avait expliqué au début de son livre pourquoi il faisait, mais c'tait vraiment très loin de me plaire, ça m'faisait mal. Il avait brisé le lien qu'on avait tous les deux. IL nous avait exposé au monde entier ou du moins à toutes les personnes qui allaient acheter son autobiographie. Il y avait tout sur nous. Nos débuts quand on s'prenait la tête, le spring break, le goût de l'interdit, nos remords à propos de nos couples, notre évolution et notre fin. Y avait tout. J'me sentais totalement mise à nue. Il avait pas l'droit de faire ça sans m'demander son accord.. il avait pas l'droit de dévoiler à tout l'monde ce qu'on avait vécu, c'tait notre couple, notre coin pour être calme mais il avait tout partagé. Même si j'voulais lui en vouloir -j'y arrivais quand même- ça m'serrait le coeur de lire entre les lignes. Il était pas en colère, il était.. triste et j'pouvais presque voir des sentiments. J'avais relu une bonne dizaine de fois les passages où il évoquait nos sentiments. Il les avait tellement bien décrits. Le jeudi matin était passé sans encombre, la conférence avait été intéressante mais j'n'avais pensé qu'au soir même. Sur la vitrine quand j'avais acheté l'autobiographie, il avait été marqué qu'Andy serait là pour une séance dédicace. J'pouvais pas rater ça, juste non. J'avais pas été directement à 14h, non j'avais attendu la fin car j'voulais qu'on s'parle. J'voulais pas être une de ces fans. J'tais son ex, j'tais la fille dont il était amoureux et il était l'homme qui hantait mes pensées, l'homme avec qui j'm'envoyais en l'air dans mes rêves, celui qui avait été tout pour moi. J'arrivais sur les lieux vers 18h ou 18h30 à peu près. J'marchais plus ou moins lentement, ne sachant pas si j'devais être impatiente ou non. En arrivant face à la vitrine, j'voyais le peuple mais pas d'Andy et trouvant ça bizarre j'avançais un peu jusqu'à arriver à une ruelle juste à côté pour fumer. Pour essayer d'me détendre avant d'entrer dans le magasin. J'devais être calme. Me posant contre un mur, j'sortais mon paquet de clopes et mon briquet avant d'en allumer une. En prenant ma première taffe, j'tournais la tête et le vis. Ugh. J'tournais la tête aussitôt, ne voulant pas affrontrer son regard direct, j'tais pas prête. J'fermais les yeux et inspirais un bon coup. Be strong. Finalement, c'pas un mal que tu sois sorti. lui dis-je en m'avançant vers lui. J'avais peur de ces retrouvailles.

feat briony & andy ✖ J'étais pas habitué à ce genre de situation... Bien sûr, j'étais habitué à ce que les feux des projecteurs soient braqués sur moi, parce que j'avais toujours fait en sorte que ce soit le cas. Ma réputation à Harvard ne s'était pas faite toute seule après tout, mais aujourd'hui c'était différent. Ça l'était, parce que la manière dont les gens me regardaient n'était pas la même... Cette fois, je ne pouvais pas tenir de rôle. Ceux qui avaient lu mon livre avaient lu mes sentiments les plus intimes, mes pensées les plus morbides durant mes périodes de dépression les plus intenses, j'avais passé du temps à rédiger ces quelques minutes où j'avais fini suspendu au bord du pont, prêt à me jeter dans l'eau loin sous mes pieds. Je me sentais... faible. Le psychologue était persuadé que ça ne pourrait que me faire du bien sur le long terme, qu'admettre chacune de mes émotions, chaque envie qui avait pu me traverser l'esprit et mettre des mots sur chacune de mes erreurs ne pourrait que m'aider à aller de l'avant, à tourner la page sur toute cette douloureuse période, sur ces années au cours desquelles j'en avais trop bavé pour un seul homme. Ce qui me faisait rire jaune, c'était que dans les genres, mon livre était classé "Autobiographie - Drame". Quelle ironie. Mais c'était plutôt parlant sur les événements qui avaient rythmé mon existence jusqu'à maintenant. Tout n'avait toujours été que manipulation, mensonges, trahison... de mon enfance, jusqu'à aujourd'hui. J'avais besoin d'un bol d'air frais, de sentir un peu le vent sur mon visage et de fumer une cigarette pour me noircir un peu plus les poumons. J'essayais de fumer moins, de me limiter à cinq ou six cigarettes par jour, mais je craquais régulièrement, trop anxieux, trop oppressé. C'était un cercle vicieux qui me donnait l'impression d'être sans issue en dépit du soutien que mes proches m'apportaient. Je sortis mon téléphone en soupirant pour envoyer un sms à Anya puisque je voulais profiter d'être dans le coin pour la voir si elle le pouvait, mais je fus brusquement sorti de mes pensées en entendant une voix très familière qui s'adressait à moi, sursautant. Bon sang... tu m'as fait peur. Qu'est-ce qu'elle faisait ici ? Je la dévisageai un moment, sentant automatiquement mon cœur accélérer la cadence. Comme avant. Comme depuis le début de notre relation, la passion ne s'était pas ternie avec le temps, après plus d'un an et demi. Qu'est-ce que tu fais là ? J'ignorais si j'étais heureux ou pas de la voir. J'avais écrit ce livre pour aller de l'avant et je la percevais un peu comme... un fantôme du passé qui revenait me hanter, refusait de me laisser partir. C'était comme ça depuis le début de toute manière... on avait souvent essayé de se défaire de son attachement pour l'autre mais on ne se l'autorisait pas mutuellement. C'était obligé qu'elle allait me parler du livre. Est-ce qu'elle l'avait lu ? J'allais sans aucun doute très vite avoir la réponse à ma question.

feat briony & andy ✖ J'avais pensé que cette ruelle aurait été un bon moyen de faire une pause pour pouvoir mieux affronter Andy par la suite, après qu'il ait vu toutes ses groupies qui maintenant connaissaient toutes ses pensées. Comment est-ce qu'il avait fait pour accepter ça ? Que tout ce qu'il avait pu avoir dans sa tête était à la portée de tout l'monde ? J'me souvenais d'un moment qu'on avait vécu tous les deux y a un an. Un moment qui restait magique et rempli de signification pour moi encore à l'heure actuelle. C'tait pendant l'ivy league. J'avais écrit une lettre à Andy pour lui dire que j'l'aimais, que j'serais toujours là. Est-ce qu'il l'avait gardé ? Là n'est pas le propos. Le plus important était qu'il avait ENFIN accepté de se dévoiler plus à moi. J'avais dû gagner sa confiance pour avoir ce qu'il pensait on avait dû vivre des tas de choses pour ça puisse se faire sans qu'il se sente mal, ni trahi, ni quoique ce soit. Et là, yolo, un mec du texas pouvait lire tout ce qu'il avait vécu. J'comprenais tellement pas. J'acceptais pas l'fait qu'il nous ait dévoilé de cette manière également, il avait violé notre vie privée, notre sphère. C'tait ptete son histoire, mais aussi la mienne. "Bon sang... tu m'as fait peur." Entendre sa voix me fit de l'effet. Il était là, devant moi, de nouveau alors qu'on était censés ne pu jamais se revoir depuis notre rupture. On avait brisé cette pseudo promesse deux fois déjà. Mon coeur commençait à vraiment accélérer quand j'croisa son regard, si bleu, si beau. "Qu'est-ce que tu fais là ?" J'tirais une nouvelle fois sur ma cigarette, sans rien répondre, avant de lui répondre sans vrai ton. A la base, je suis là pour une conférence de sociologie. A la base Andy, uniquement à la base. Puis j'ai appris que t'avais écrit un livre par hasard, alors j'me suis demandée ce que t'avais pu mettre dedans tu vois, par curiosité, aussi malsaine soit-elle surtout en captant que c'tait une autobiographie. J'tapotais ma cigarette sur le côté, avant de sortir de mon sac son bouquin pour lui montrer que j'l'avais. Et du coup, j'ai fait en sorte de savoir. Ca te va comme explication ou pas ?